L’islam s’ouvre à la langue française

L’islam s’ouvre à la langue française

A l’heure des dernières gesticulations du débat sur l’identité nationale, Azzedine Gaci est, avec Kamel Kabtane et la Grande Mosquée de Lyon, à l’initiative de l’enseignement de la langue française pour six imams de la région. Une nécessité impérieuse pour le président du Conseil Régional du Culte Musulman, qui doit permettre aux imams de prêcher pour tous, et plus seulement pour les arabophones. Car dans les mosquées, on parle dorénavant et en majorité le français. Cette initative, qui vise à remettre l’imam au centre de la mécanique de culte, vise aussi à assécher les islams connexes, et parfois radicaux. L’interview d’Azzedine Gaci.

Lyon Mag : Cette volonté de faire apprendre le français aux imams est une intiative qui a été lancée l’année dernière ?
Azzedine Gaci :
Cette expérience a été lancée au mois de Mars 2009 suite à une à une rencontre avec le préfet Gérault. Nous discutions de ce qui était fait pour les nouveaux arrivants, les nouveaux immigrants, en particulier sur l’apprentissage du français. J’ai profité de cette occasion pour que quelque chose soit fait  pour les imams de France, notamment ceux qui officient dans la région Rhône-Alpes. Pour la plupart, ils ne parlaient pas français. J’ai souligné que c’était peut être l’occasion de leur apprendre le français pour qu’ils puissent traduire une partie des prêches qu’ils font le vendredi. Le préfet a saisi l’occasion. Sa réponse a été spontanée et il m’a même engagé à commencer dès le lendemain. J’ai pris contact avec certains imams, six en tout. Il fallait absolument  que les imams en question aient eu une formation d’imam dans leur pays d’origine ou en France. Les classes ont ainsi été composés. L’imam est le premier guide spirituel de la communauté musulmane, il y a donc un certain respect entre eux. Il fallait les mettre ensemble pour pouvoir réussir cette expérience.

Comment concrètement cela s’est-il mis en place ?
Nous avons organisé une rencontre à la préfecture. nous nous sommes mis d’accord sur l’objectif : faire en sorte que les imams puissent comprendre le français, le parler et l’écrire. Le but est de pouvoir traduire le prêche du vendredi pour qu’il puisse être dit en français lors de la prière. La première expérience a été lancée. Au bout d’une année, nous nous sommes rendus compte que c’était une véritable réussite. Le courant est passé rapidement entre les imams et l’enseignant en français. Il y a eu une vraie complicité, avec des rapports francs. Les imams ont beaucoup apprécié cet enseignement. C’est une expérience unique en France. J’aimerai d’ailleurs que cette expérience soit élargie. J’ai beaucoup de demandes de la part des imams turcs, qui ont beaucoup plus de problèmes avec le français que les imams issus du Maghreb.

Une formation en français est nécessaire, mais est-elle suffisante ?
J’aimerai que cette formation en français soit complétée par une formation sur le droit français, sur la laïcité, sur les institutions françaises. Je suis pour une formation complète de langue française, mais aussi d’histoire, de droit. Les imams doivent comprendre la notion de laïcité, pour que quand est formulée une fatwa (1), qui est un avis juridique circonstancié, ils puissent répondre selon l’authenticité des textes musulmans, et aussi de la relativité de l’histoire de France. Il faut tenir compte du texte et du contexte pour pouvoir répondre aux fidèles musulmans.

Quelle est la finalité de cet enseignement ?

Il y a plusieurs niveaux. Il y a une volonté de construire un islam de France qui soit indépendant politiquement, financièrement et intellectuellement. Un islam qui tient compte de la réalité du pays dans lequel nous vivons. On ne peut parler de l’islam à quelqu’un qui habite au Maghreb, ou la vie est rythmé par l’appel à la prière, comme on parle de l’islam à quelqu’un qui habite en France, dans une société sécularisée, qui ne met plus Dieu au centre de sa vie. il faut constuire un islmam de France quoi soit en phase avec la réalité sociale et politique dans laquelle vivent les musulmans de France.

Qui fréquente les mosquées ?
L’immense majorité de ceux qui viennent à la mosquée sont des jeunes nés en France, qui sont allées à l’école de la République. Et dans leur majorité, ils ne comprennent pas l’arabe. Un imam qui ne parle pas français en France ne sert pratiquement à rien. Il ne peut entrer en contact qu’avec ceux qui parlent arabe, les anciens, ce qui pose un problème aujourd’hui. Et ce ne sont pas les anciens qui posent un problème aujourd’hui, mais plutôt les jeunes, qui ont besoin d’être encadrés. Il ne faut pas qu’ils soient séduits par les extrêmismes qui tendent à opposer notre communauté. Il faut s’exprimer en français pour qu’il y ait une vraie communication entre les imams et les jeunes qui pourraient être tentés par des mouvement extrêmistes.

En tant que président du CRCM, mettez vous en perspective cette volonté avec le débat sur l’identité nationale ?
Je pense sincèrement que ce débat ait été nécessaire. Je concois que l’on puisse se demander ce que c’est que d’être français. Je pense qu’il a été lancé à un moment inopportun. La France traverse une crise très difficile. Il a engendré beaucoup de dégâts au niveau de la France et à l’extérieur. Parmi les musulmans, certains l’ont ressenti comme une véritable diversion. Les problèmes des français ne sont pas identitaires aujourd’hui, mais quotidiens. Il s’agit du chômage, de la précarité... Quand on ne trouve pas de solutions concrètes à tous les problèmes, on ressort malheureusement les vieilles recettes de l’immigration et de l’insécurité. Je vous que certains politiques ne mesurent pas les conséquences et les réprcussions que peuvent avoir un certain nombre de dérives identitaires.

Qu’est-ce qui aujourd’hui compose l’histoire des musulmans de France ?
Les musulmans ont donné pour la France. Il y a eu deux millions de morts pendant les deux guerres mondiales, dont 800 000 maghrébins. Ces maghrébins n’avaient jamais visité la France auparavant. Ils sont venus pour mourir ici, pour que la France soit libre et indépendante. Beaucoup n’ont jamais profité de la France. Les trois quarts de ces gens ne parlaient même pas français. cela ne les a pas empêché de donner leur vie. Aujourd’hui, je ne connais pas beaucoup de citoyens français capables de donner leur vie pour leur pays. Ils ont laissé des enfants, une famille. Les générations qui suivent vivent aujourd’hui des moments de déchirement, de blessures intérieures. Ils sont en manque de repères identitaires. On ne les a pas aidé à se construire une identité.

Et vous, vous la vivez comment votre identité française ?

Je suis fier d’&e

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3 commentaires
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justice le 16/02/2010 à 15:41

Je voudrai juste rappeler à Monsieur Gaci et ses tuteurs politiques qu(='ils ont juste 25 ans de retard car l'Union des Jeunes Musulmans avait commencé à imposer le Français dans les mosquées en 1986 , au point que les amis de Gaci qui lui, était encore en Algérie, ont crié au scandale et failli excommunier ces jeunes qui soit disant ne connaissaient rien à la religion. En plus mr Gaci se croit vraiment au bled avec son attitude et ses relations avec les officiels, il faudrait qu'il comprenne qu'ici c'est une république laïque et démocratique et ce n'est pas parce que Sarko les a mis lui et ses Frères Musulmans au CFCM qu'il pense que la République et ses citoyens libres vont oublier

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LE CITOYEN le 15/02/2010 à 23:06

En résumé, Mr Gacci souhaite collaborer avec la Préfecture (c'est-à-dire avec la République Française, censée être laïque !) afin de former, aux frais des contribuables, des imams qui ne parlent que l'arabe et ne connaissent pas la France, afin qu'ils puissent mieux prêcher l'islam au jeunes français, d'origine maghrébine, qui ne comprennent pas l'arabe! (j'ai un doute, vous en connaissez beaucoup des jeunes maghrébins qui ne conaissent pas l'arabe ? peut-être?) Quoiqu'il en soit cela revient à dire, qu'il veut pouvoir prêché dans les mosquées en français, pour mieux enseigner les français qui ne connaissent pas l'arabe,( et donc pas l'islam! )pour développer l'islam en France. Or l'islam que prêche Monsieur Gacci c'est l'islam de l'UOIF, dont on sait qu'il est proche de l'idéologie des Frères Musulmans! Et Nicolas Sarkozy est d'accord ! Mais qu'en pensent les républicains, est-ce le rôle de l'Etat de financer le développement de l'islam en France ! Il est temps que ceux qui ne sont pas d'accord avec le piétinement de la loi de 1905 se réveillent ! Mais pour ce tourner vers qui ? En tous cas pas vers JJ.Queyranne qui a mis un élu de l'UOIF au Conseil Régional du Culte Musulman, sur sa liste ! En tous cas, bravo à l'UOIF votre stratégie est parfaite ! le financement de la formation des imams par les deniers publiques, et l'installation d'un des vôtres au c?ur de l'exécutif de la Région Rhône-Alpes ! Chapeau bas ! vous avez bien raison de jouer avec la duplicité des politiciens de droite et de gauche, prêts à brader la République pour des poignées de voix ! Au fait chers internautes, connaissez vous cet article de l'Express parue le 17/04/2003, (mais vite étouffée par le ministre de l'intérieur de l'époque, un certain...Nicolas Sarkozy), intitulé « Stratégie pour noyauter la République » ; je vous conseille de lire l'article, que vous trouverez à l'adresse suivante : http://www.lexpress.fr/actualite/societe/religion/strategies-pour-noyauter-la-republique_496265.html et vous jugerez par vous-même si cette stratégie dévoilée en 2003 n'était que pur fantasme ou si au contraire elle a été appliquée à la lettre, avec succès ? Dormez-bien ! mais pas trop longtemps?car le réveil risque d'être douloureux ! J'espère que vous avez fait des stocks de vaseline !

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Gauloisdesbois le 15/02/2010 à 20:18

Quelle belle supercherie ! Nous reconnaissons bien là la Takia dont l'UMP et le PS sont complices. Votons FN aux Régionales !

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