Jérôme Cahuzac fait l'objet d'une enquête préliminaire pour blanchiment
de fraude fiscale. "Bien que présumé innocent, le Ministre en charge du
Budget, ayant autorité sur l'administration fiscale, se trouve de fait
dans une situation de conflit d'intérêt qui ne pourra que générer des
suspicions quant à l'entière liberté d'action d'une administration
placée sous ses ordres et qui pourrait être amenée à répondre aux
enquêteurs."
Jérôme Cahuzac estime lui que l'enquête permettra de faire toute la
lumière sur l'affaire de son présumé compte bancaire en Suisse. Le
gouvernement socialiste lui a apporté son soutien.
Cahuzac: de la fumée sans feu
Signaler Répondre06 février 2013 Par Fabrice Arfi
Il n’en faut décidément pas beaucoup pour faire du feu. Juste un peu de vent suffira. Mardi soir, le site du Nouvel Observateur rapportait dans un petit article que, parallèlement à l’enquête judiciaire pour « blanchiment de fraude fiscale » actuellement en cours visant le ministre du budget Jérôme Cahuzac, le gouvernement français avait décidé de lancer ses propres investigations. Ou, plus précisément, l’administration fiscale dont le ministre de tutelle est… Jérôme Cahuzac.
De quoi parlons-nous ? D’une coopération administrative entre deux Etats sur des questions fiscales. L’Obs nous apprend qu’une demande d’entraide a été sollicitée (à une date inconnue) par l’administration française — et non la justice… — auprès de la Suisse pour obtenir des informations sur l’ancien compte détenu pendant de longues années à l’UBS de Genève par Jérôme Cahuzac, comme Mediapart l’a révélé il y a deux mois (voir notre dossier complet). La Suisse a répondu à la requête.
J. CahuzacJ. Cahuzac© Reuters
Qu’en est-il, précisément ? Selon L’Obs, « il semble » que la réponse helvète invalide l’enquête de Mediapart, notamment au sujet d’un transfert d’avoirs cachés vers Singapour début 2010. Mieux, toujours d’après le site de l’hebdomadaire : « D’autres recherches, apparemment tout aussi négatives, seraient remontées jusqu’à l’année 2006 (pour des raisons de prescription) ». Le résultat des “recherches” suisses ont été immédiatement transmises aux policiers en charge de l’enquête Cahuzac, poursuit le site. Bien.
Seulement voilà, une heure plus tard, l’agence de presse Reuters diffuse une dépêche citant une « source judiciaire » selon laquelle « l’interprétation » par L’Obs du document suisse reçu par la France est… « inexacte ». Une information que l’Agence France-Presse ne reprendra pas dans sa dépêche.
Contacté par Mediapart cet après-midi, le parquet de Paris se refuse désormais « à tout commentaire » et renvoie la patate chaude vers Bercy.
A ce jour, aucun journaliste n’a pu voir ledit document. Pas plus que quiconque ne sait quelles ont été les questions précises posées par Bercy. M. Cahuzac a-t-il par exemple demandé aux Suisses de chercher la trace d’un compte à son nom ? Ou d’un compte dont il fut l’ayant droit économique ? La différence est de taille (voir les explications du journaliste Antoine Peillon), mais personne ne peut ni ne veut, pour l’heure, répondre à cette question. Et surtout pas Jérôme Cahuzac lui-même qui a affirmé, sans rire, sur le plateau de l’émission Questions d’Info, ne pas avoir « vu » le fameux document.
Le ministre s’est d’ailleurs bien gardé de livrer la teneur de la réponse des Suisses — si tant est qu’il y en ait vraiment une — tout en assurant qu’il n’avait pas de « doute » sur son orientation. Jérôme Cahuzac a seulement confié que ses avocats lui avaient affirmé « qu'une réponse avait été apportée à toutes les questions posées par l'administration fiscale à la Suisse ». Quelle réponse à quelles questions ? Mystère.
A ce stade, une question, toutefois, se pose. Comment les avocats de M. Cahuzac peuvent-ils avoir pris connaissance de la “réponse” suisse alors qu’elle provient d’une assistance administrative d’Etat à Etat dont ces mêmes avocats sont, par définition, tenus à l’écart ?
Décidément, l’attitude du ministre ne laisse pas de surprendre dans cette affaire. Après avoir fait semblant de rédiger une demande de levée du secret bancaire pour obtenir un certificat de moralité fiscale auprès de l’UBS — il a déclaré ne plus vouloir le faire désormais —, M. Cahuzac utilise les moyens de l’administration qu’il dirige pour tenter de court-circuiter une enquête judiciaire en cours le visant. Le tout dans un nuage d’opacité qu’il se garde bien de disperser.
Mais la manœuvre, une fois de plus, a fonctionné. Car si l’on résume : le système médiatique, en moins de 24 heures, s’est enflammé autour d’une note que personne n’a vue, à partir d’un article d’un journal qui évoque ses conclusions au conditionnel, avant qu’une source judiciaire ne confie à Reuters que son interprétation est « inexacte ».
Pendant ce temps, les policiers de la Division nationale des investigations financières et fiscales (Dniff) poursuivent leur enquête. Y compris auprès de… Mediapart: ils m’ont entendu longuement mardi 5 février après avoir entendu notre directeur, Edwy Plenel, jeudi 31 janvier. Ils exploitent notamment depuis plusieurs jours un enregistrement audio dans lequel Jérôme Cahuzac évoquait son embarras au sujet de son compte ouvert à l’UBS. A ce jour, la bande ne fait l’objet d’aucune contestation judiciaire par le ministre du budget — ni en diffamation ni pour faux et usage des faux.
Voici l’élément matériel accablant que M. Cahuzac et son entourage tentent, désormais, par tous les moyens, de faire oublier en multipliant les écrans de fumée.
Aaa a la mémoire courte.
Signaler RépondreAhaha, la bonne blague !
Signaler RépondreAttendons qu'ils soit condamné ou innocenté avant de réclamer sa démission.
Sinon, pour rappel :
http://plumecitoyenne.over-blog.com/article-pour-une-republique-irreprochable-liste-des-condamnations-penales-des-elus-ump-102109063.html
Dites moi, j'ai un doute, il y a t il une seule démission sous Sarkozy ? Pourtant, il y en a eux des affaires et des condamnation ...
Même sous Sarkozy, la règle voulait que en pareil cas, le ministre démissionne.
Signaler RépondreAlors pourquoi sous une présidence dite normal, cette règle ne perdure pas ?
Faut dire aussi que, plusieurs ministres de ce gouvernement ont été condamnés a des degrés divers et ont été recrutés par FH le courageux...
Le socialisme, c'est je fais ce que je veut lorsque je suis au pouvoir !