Vous êtes un des co-auteurs de Vox Populy avec notamment Mili Spahic, un livre qui vient de
paraître et qui décortique en quelque sorte le vote des Lyonnais à la
dernière présidentielle. D’où vient ce projet auquel 200 étudiants de
Sciences Po ont participé ? "C’est un projet qui est effectivement à la
base pédagogique. Nous avions nos 250 étudiants de deuxième année de
l’Institut Politique de Lyon qui devaient apprendre à faire une enquête,
et nous avons trouvé avec les autres enseignants qu’il était plutôt
intéressant de les faire travailler sur la présidentielle puisque nous
étions au début de l’année 2011".
L’objectif était d’aller plus
loin que les simples sondages où l’on avait eu des chiffres bruts ? "Effectivement, nous ne voulions pas leur apprendre à faire une
photographie comme le font les sondages à la sortie des urnes mais les
faire enquêter auprès de personnes du Grand et qu’ils allaient revoir
régulièrement. Les étudiants étaient deux autour d’un grand Lyonnais
qu’ils ont revu 5 fois d’octobre 2011au lendemain de la présidentielle
après le 6 mai".
Ce n’était donc pas des questionnaires mais
bien des entretiens ? "Des entretiens de plus d’une heure chacun où les
étudiants et nous-mêmes, rencontrions un habitant. Nous l’avons d’abord
interrogé sur sa trajectoire personnelle, sa vie, son rapport au
quartier, ses valeurs, ses intérêts… et ensuite, et seulement ensuite
nous avons parlé politique à partir du deuxième entretien. Nous ne
sommes pas partis comme dans des sondages avec des questions fermées
mais on n’est pas parti du fait que la politique primait".
On le
voit bien dans ces entretiens : vous les basez sur les rapports des
personnes sondées mais aussi sur l’endroit où ils habitent. Pourquoi ? "Notre intérêt était effectivement de contribuer à une sociologie de la
métropole. Ce qui nous intéressait était de voir si dans la vie de
quartier se nouait une forme de rapport à la politique. On ne dit pas
que c’est le quartier qui fait le vote mais le rapport à la politique se
construit probablement dans la vie de quartier".
En effet, il y
a ce cliché : dans l’ouest lyonnais, on vote à droite et dans l’est on
vote à gauche. Les résultats ont-ils été surprenants par rapport à ce
stéréotype? "On ne voulait d’autant plus pas éclairer le vote. Qu’on
vote à droite ou à gauche, ça n’a pas d’importance. Ce qui est beaucoup
plus intéressant, c’est que si vous prenez l’ouest lyonnais c’est qu’il y
a un rapport distant à la politique. On ne parle pas de politique tous
les jours. Ce n’est pas un rejet. C’est juste que la politique se passe
dans le monde économique pour ces gens là. Au final, ce qui va motiver
le vote va être le portefeuille en quelque sorte, c'est-à-dire une
vision du monde centrée sur le pouvoir d’achat et la capacité d’action
économique".
Au final, qu’est ce qui pèse le plus ? Le cercle
familial dans lequel on a grandi, le lieu de résidence ou le parcours ? "Tout compte. Justement, ce que nous avons essayé de voir et nous avons
essayé d’être attentifs à cela, ce sont les propriétés
socioprofessionnelles des acteurs que nous avons rencontré. Ce qui fait
la singularité de Vox Populy, c’est effectivement qu’on a à chaque fois
éclairer les trajectoires résidentielles. Ce que nous avons essayé de
mettre en avant tout au long du livre, c’est de savoir si la résidence
était choisie ou contrainte".
Y a-t-il un portrait-robot
politique en fonction du lieu où l’on habite ? "Pas tout à fait. Comme
nous avons pu régulièrement rencontrer les individus, on a vu la
complexité d’un rapport à la politique où l’attachement et la place dans
le quartier comptait. On ne peut donc pas dire que l’habitant de
l’ouest lyonnais vote ainsi, simplement on a compris son rapport à la
politique. C’est un livre qui est résolument optimiste car on ne pointe
pas un rejet de la politique. Sur tous les individus que l’on a
rencontrés, il n’y a pas de rejet de la politique. On le trouve chez
quelques un mais ce n’est pas la conclusion de cet ouvrage. On voit en
fait beaucoup plus une distance à la politique comme si ce rapport à la
politique pouvait être activé".
A un an des municipales à Lyon,
est-ce que vous pouvez tirer des perspectives de cette étude ? "On
pourrait car on voit bien que nous avons des caractéristiques qui vont
plutôt vers un centre-gauche. N’oublions pas que les municipales sont
des élections bien à part".
Est-ce que le rapport à la politique
nationale est différent du rapport à la politique locale ? "Tout à
fait. On le voit bien dans les quartiers du centre-ville avec des gens
qui disent qu’ils votent à droite mais pour les municipales c’est plus
complexe que cela".
Mardi 12 Mars 2013 à 08h58
Renaud Payre, co-auteur de Vox Populy : "Le rapport à la politique se construit probablement dans le quartier"
Renaud Payre accompagné de Mili Spahic - LyonMag
Renaud Payre, professeur à l’IEP de Lyon, était l'invité ce mardi de Jazz Radio pour l'émission Ça Jazz à Lyon, proposée en partenariat avec LyonMag.
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Bonjour, le livre est disponible dans de nombreuses librairies lyonnaises comme Decitre ou encore Librairie Vivement Dimanche.
Signaler RépondreOù peut-on se procurer cet ouvrage qui a l'air très intéressant ?
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