Renaud Payre, co-auteur de Vox Populy : "Le rapport à la politique se construit probablement dans le quartier"

Renaud Payre, co-auteur de Vox Populy : "Le rapport à la politique se construit probablement dans le quartier"
Renaud Payre accompagné de Mili Spahic - LyonMag

Renaud Payre, professeur à l’IEP de Lyon, était l'invité ce mardi de Jazz Radio pour l'émission Ça Jazz à Lyon, proposée en partenariat avec LyonMag.

Vous êtes un des co-auteurs de Vox Populy avec notamment Mili Spahic, un livre qui vient de paraître et qui décortique en quelque sorte le vote des Lyonnais à la dernière présidentielle. D’où vient ce projet auquel 200 étudiants de Sciences Po ont participé ? "C’est un projet qui est effectivement à la base pédagogique. Nous avions nos 250 étudiants de deuxième année de l’Institut Politique de Lyon qui devaient apprendre à faire une enquête, et nous avons trouvé avec les autres enseignants qu’il était plutôt intéressant de les faire travailler sur la présidentielle puisque nous étions au début de l’année 2011".

L’objectif était d’aller plus loin que les simples sondages où l’on avait eu des chiffres bruts ? "Effectivement, nous ne voulions pas leur apprendre à faire une photographie comme le font les sondages à la sortie des urnes mais les faire enquêter auprès de personnes du Grand et qu’ils allaient revoir régulièrement. Les étudiants étaient deux autour d’un grand Lyonnais qu’ils ont revu 5 fois d’octobre 2011au lendemain de la présidentielle après le 6 mai".

Ce n’était donc pas des questionnaires mais bien des entretiens ? "Des entretiens de plus d’une heure chacun où les étudiants et nous-mêmes, rencontrions un habitant. Nous l’avons d’abord interrogé sur sa trajectoire personnelle, sa vie, son rapport au quartier, ses valeurs, ses intérêts… et ensuite, et seulement ensuite nous avons parlé politique à partir du deuxième entretien. Nous ne sommes pas partis comme dans des sondages avec des questions fermées mais on n’est pas parti du fait que la politique primait".

On le voit bien dans ces entretiens : vous les basez sur les rapports des personnes sondées mais aussi sur l’endroit où ils habitent. Pourquoi ? "Notre intérêt était effectivement de contribuer à une sociologie de la métropole. Ce qui nous intéressait était de voir si dans la vie de quartier se nouait une forme de rapport à la politique. On ne dit pas que c’est le quartier qui fait le vote mais le rapport à la politique se construit probablement dans la vie de quartier".

En effet, il y a ce cliché : dans l’ouest lyonnais, on vote à droite et dans l’est on vote à gauche. Les résultats ont-ils été surprenants par rapport à ce stéréotype? "On ne voulait d’autant plus pas éclairer le vote. Qu’on vote à droite ou à gauche, ça n’a pas d’importance. Ce qui est beaucoup plus intéressant, c’est que si vous prenez l’ouest lyonnais c’est qu’il y a un rapport distant à la politique. On ne parle pas de politique tous les jours. Ce n’est pas un rejet. C’est juste que la politique se passe dans le monde économique pour ces gens là. Au final, ce qui va motiver le vote va être le portefeuille en quelque sorte, c'est-à-dire une vision du monde centrée sur le pouvoir d’achat et la capacité d’action économique".

Au final, qu’est ce qui pèse le plus ? Le cercle familial dans lequel on a grandi, le lieu de résidence ou le parcours ? "Tout compte. Justement, ce que nous avons essayé de voir et nous avons essayé d’être attentifs à cela, ce sont les propriétés socioprofessionnelles des acteurs que nous avons rencontré. Ce qui fait la singularité de Vox Populy, c’est effectivement qu’on a à chaque fois éclairer les trajectoires résidentielles. Ce que nous avons essayé de mettre en avant tout au long du livre, c’est de savoir si la résidence était choisie ou contrainte".

Y a-t-il un portrait-robot politique en fonction du lieu où l’on habite ? "Pas tout à fait. Comme nous avons pu régulièrement rencontrer les individus, on a vu la complexité d’un rapport à la politique où l’attachement et la place dans le quartier comptait. On ne peut donc pas dire que l’habitant de l’ouest lyonnais vote ainsi, simplement on a compris son rapport à la politique. C’est un livre qui est résolument optimiste car on ne pointe pas un rejet de la politique. Sur tous les individus que l’on a rencontrés, il n’y a pas de rejet de la politique. On le trouve chez quelques un mais ce n’est pas la conclusion de cet ouvrage. On voit en fait beaucoup plus une distance à la politique comme si ce rapport à la politique pouvait être activé".

A un an des municipales à Lyon, est-ce que vous pouvez tirer des perspectives de cette étude ? "On pourrait car on voit bien que nous avons des caractéristiques qui vont plutôt vers un centre-gauche. N’oublions pas que les municipales sont des élections bien à part".

Est-ce que le rapport à la politique nationale est différent du rapport à la politique locale ? "Tout à fait. On le voit bien dans les quartiers du centre-ville avec des gens qui disent qu’ils votent à droite mais pour les municipales c’est plus complexe que cela".
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2 commentaires
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Anouk Flamant le 12/03/2013 à 14:26

Bonjour, le livre est disponible dans de nombreuses librairies lyonnaises comme Decitre ou encore Librairie Vivement Dimanche.

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Sami le 12/03/2013 à 12:35

Où peut-on se procurer cet ouvrage qui a l'air très intéressant ?

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