Ce que représente ce deuxième album ?
Amélie-les-Crayons : C’est un cap. Le premier album c’était un peu la découverte de ce milieu musicale, du métier. C’était aussi la construction du personnage “Amélie-les-Crayons”. Aujourd’hui mes exigences et mes envies sont plus précises. J’ai grandi.
Les changements au niveau des paroles ?
Les histoires présentent une Amélie moins hystérique, moins nympho. Elle aussi a grandi. Dans le premier spectacle, elle se mariait. Donc aujourd’hui les chansons présentent ce qui se passe dans sa vie de femme, ses histoires de couple... Même si elle reste quand même dans un univers de rêves avec des textes plus féeriques. Finalement cet album est très féminin, peut-être même plus que le premier.
Vos sources d’inspiration ?
Chaque chanson à sa propre histoire. Pour certaines ça tombe du ciel. Par exemple, pour le premier CD, j’ai écrit “Le danseur de lune” en 15 minutes. Il s’était vraiment passé quelque chose d’extraordinaire. Pour cet album, des chansons comme “L’Errant” ou “Chamelay” me sont aussi venues comme ça. Pour d’autres ce sont des mots et des musiques qui me trottent dans la tête depuis des années et qui finissent par s’assembler. Et parfois je me réveille au milieu de la nuit pour noter quelques idées. En fait je n’ai pas de recette. C’est très instinctif.
Vous-vous considérez comme une chanteuse ?
Oui, et c’est tout récent ! J’ai mis du temps à vraiment accepté ce rôle. J’ai aussi beaucoup travaillé ma voix, ce qui m’a permis de mieux m’assumer mais aussi d’aller plus loin dans la technique vocale.
Aujourd’hui vous êtes reconnue au niveau national, ça vous met plus de pression ?
Non, même si avec un deuxième projet, on est toujours attendu au tournant. C’est vrai que la sortie de l’album a été beaucoup plus accueillie par les médias nationaux : France Inter, Telerama, “CD d’Aujourd’hui” sur France 2... On avait aussi eu ces médias pour le premier album mais c’était plus étalé dans le temps. Par contre, c’est vrai qu’on avait un peu d’appréhension avant de présenter le nouveau spectacle lié au disque.
Pourquoi ?
Car il y a une vraie prise de risque. Même si le spectacle du premier album a très bien marché, avec plus de 200 dates, je n’avais surtout pas envie de refaire la même chose. J’aurais même préféré tout arrêter plutôt que de tourner en rond. C’est aussi pour cette raison que j’ai changé de musiciens. Ce qui m’a aidé à proposer autre chose pour ce nouveau disque et ce nouveau spectacle qui vient de partir en tournée.
C’est important de partir en tournée ?
Pour moi c’est la base de tout. Partager avec le public c’est un vrai plaisir mais aussi une bonne dose d’adrénaline. Je ne pourrais pas faire seulement des CD. J’ai commencé ma carrière sur scène et c’est là où je me sens bien. Donc plus on tourne, mieux c’est ! Même si c’est vrai que la vie de nomade n’est pas vraiment compatible avec la société actuelle car on est souvent complètement décalés. On travaille les soirs et les week-ends, on mange n’importe comment et à n’importe quelle heure, on bouge tout le temps...
Ce qu’on verra sur scène pour ce nouveau spectacle ?
C’est vraiment très visuel. Il y aura le “piano-porte”, un piano de 2 mètres de haut assemblé avec une porte qu’on peut franchir et qui symbolise la transition. Transition entre les différentes époques et les générations. Je vais bientôt avoir 30 ans, c’est l’époque où les enfants arrivent, où les parents s’en vont... Mais bon, il ne faut pas trop philosopher, le spectacle reste léger avec aussi des instruments qui changent à chaque morceaux. Ce qui rend le spectacle encore plus féerique.
Et la mise en scène ?
Les lumières créés par Claudine Tardy offrent un univers totalement magique. On a l’impression que tout flotte, que le piano vole... C’est vraiment un spectacle à découvrir sur scène.
Vous surfez sur le retour à la mode du spectacle vivant ?
Non, mais si c’est à la mode, tant mieux ! C’est génial si les gens ont envie de sortir de chez eux, surtout aujourd’hui où on peut tout faire depuis son canapé, mes ses courses ! La musique est un art vivant avant tout, ça vient du religieux, du spectacle, de la fête. Ce n’est pas qu’un disque où un fichier informatique !
Vous êtes contre le téléchargement par internet ?
Je suis mitigée. L’avantage pour certains artistes c’est que ça permet de se faire connaître. Mais personnellement, je n’arrive pas à télécharger. J’ai besoin d’avoir le disque dans les mains. Quand j’étais plus jeune, acheter un album c’était un événement, il y avait aussi le plaisir de découvrir les textes, les photos... C’est d’ailleurs pour ça que j’ai tenu à ce que mon disque soit un bel objet avec un livret de 34 pages, des dessins...
L’avenir d’Amélie les Crayons ?
Aujourd’hui je profite de chaque minute de cette nouvelle aventure. On est parti pour plus d’un an de tournée en France et à l’étranger. On sera d’ailleurs à Lyon en janvier. Une date unique mais dans une grande salle pour faire une grande fête avec tous nos amis. Mais si à la fin de cette tournée, je me rend compte que je n’ai plus rien à dire, je suis capable de tout plaquer. Car la chanson n’a jamais été une vocation pour moi. En fait je me voyais institutrice ou agricultrice en Ardèche !
Amélie les Crayons en concert du 22 au 24 janvier à la salle Rameau, 29 rue de la Martiniere dans le 1er arrondissement. Renseignements : www.amelielescrayons.com
Propos recueillis par Laurent Sévenier
l.sevenier@lyonmag.com