Casino Pharaon : Circus se couche, Partouche l’emporte… et Collomb bluff ?

Casino Pharaon : Circus se couche, Partouche l’emporte… et Collomb bluff ?

Qui ose dire que le poker est un jeu de hasard ? Le coach Patrick Bruel, champion du monde au Limit Hold’Em en 1998, s’en casserait la voix : il faut être un fin stratège pour gagner ! L’un de ses fans, le maire de Lyon, a bien appris la leçon. Il semble même manier l’art du bluff.

Les dés sont jetés : le casinotier belge Circus groupe n’exploitera pas le Pharaon, au grand bonheur de la famille Partouche, qui pourra encaisser les gains pendant dix années supplémentaires au moins. Ce n’est pas un scoop. Reste que cette affaire, portée devant le tribunal administratif lundi 11 mars pose questions : pourquoi la société belge s’est-elle couchée, et pourquoi abandonne-t-elle la partie ?

« Nous voulions faire un procès pour que le tribunal administratif nous donne des éclaircissements au niveau du bail et des biens de retour, entre autres, pas pour condamner la Ville mais pour pouvoir établir un plan financier » explique Sébastien Leclerc, directeur du développement de la SAS Lyonnaise des Casinos (groupe Circus). Au lieu de cela, le tribunal administratif de Lyon déboute sèchement le casinotier de sa demande selon le motif suivant : « la délégation a été menée correctement ». Assortie à cela, une amende de 1200 euros pour frais de justice redevables au groupe Partouche ainsi qu’à la ville de Lyon.

Dès lors, le groupe Circus retire sa candidature, non sans amertume, en dénonçant au moins trois irrégularités. La première irrégularité est étonnante : la Ville n’a pas voulu déterminer la durée du contrat de bail, comme il est de guise pour tout contrat entre délégataire et délégant, et particulièrement dans le cadre d’une Délégation de service public (DSP). Deuxième irrégularité : l’appel à candidatures faisait mention d’un parking immense alors qu’il ne s’agissait que de cinq box situés en sous-sol. Troisième irrégularité : aucune information sur les biens de retour ni même sur des questions d’ordre techniques qui auraient permis au casinotier Belge d’organiser l’espace et se faire une idée sur les frais de logistique et de personnel.

Autre fait étonnant, le casino Pharaon est la propriété du groupe Partouche, à travers la société « Hôtel international de Lyon ». Selon des sources proches du dossier, c’est le groupe Partouche qui a construit le complexe. La pratique voudrait que le propriétaire et l’exploitant du casino soient différents. Or, ici, ce sont les mêmes, et le second paye un loyer au premier. Savoir si cela relève de la délégation de service public est un lourd débat juridique qui mériterait une énième jurisprudence autour de la réglementation des jeux d’argent... Sans parler des trois appels à candidatures repoussés pour des raisons tout aussi rocambolesques.

« Nous sommes très déçus. On a l’impression d’avoir été des lièvres. Nous ne comprenons pas l’attitude de la ville de Lyon. Pourtant, notre offre allait dans son sens et même au-delà de la proposition du groupe Partouche pour les investissements en matière d’organisation d’événements culturels intra et extra muros. Pourtant, la mairie a multiplié par quatre son appel d’offres événementiel (environ 400 000 euros au lieu de 100 000 euros initiaux). Nous avions des projets forts et voulions nous investir dans la vie de la cité, notamment pour la petite enfance. Monter le dossier et rencontrer les acteurs influents de la ville a pris six mois. Malheureusement, on nous a mis les bâtons dans les roues. Ce n’est pas sérieux » s’étonne encore Sébastien Leclerc.

Une sorte de mainmise sur les casinos semble régner en France. Les dix casinos français les plus importants en terme de chiffre d’affaires se partagent entre le groupe Partouche et le groupe Lucien Barrière, à l’exception de deux qui sont la propriété de municipalités. Le groupe Circus se couche malgré une bonne main servie et de sérieux atouts. On se dit rendez-vous dans dix ans ? Il faudrait pour cela que les relations entre Gérard Collomb et la famille Partouche restent saines…

Abdelwahid Djaballah

X
0 commentaire
Laisser un commentaire

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.
Les champs requis sont identifiés par une étoile *
Si vous avez un compte Lyon Mag, connectez-vous.
Nous ne vous enverrons pas d'email sans votre autorisation.

Le compte Lyon Mag est gratuit et facultatif. Il vous permet notamment de réserver votre pseudonyme pour les commentaires, afin que personne ne puisse utiliser le pseudo que vous avez enregistré.
Vous pouvez créer un compte gratuitement en cliquant ici.