Lyon Mag.com : Avec les témoignages que vous avez pu recueillir sur la place publique, dans les collèges ou dans les banlieues visitées, est-ce que ces élections européennes passionnent les Français ?
On est en fait assez surpris : les gens qui s’intéressent à ce scrutin sont ceux qui viennent vers nous, ils connaissent parfaitement le fonctionnement des institutions et ils parlent avec nous d’Europe, un peu plus en détail. En revanche, la plupart des personnes qu’on interpelle ont déjà entendu parler des élections, de ce qu’est le parlement européen. Mais ils ne savent pas en quoi consiste le travail d’un parlementaire et quel est l’impact des mesures votées par ce grand parlement sur la vie quotidienne. On aborde ainsi les différents programmes européens et on leur donne un exemple : près de 75% de nos législations françaises sont les plus strictes applications de directives européennes. Et pour ce qui est des collèges et des lycées, on organise des visioconférences entre classes. On explique également le principe des échanges Erasmus, qui peuvent être très bénéfiques.
Quelles sont les questions qui vous sont posées ?
Les plus fréquentes sont "Pourquoi est-ce que je dois voter pour l’Union Européenne ?" ou encore "Pourquoi est-ce je vote pour une liste et pas un candidat uniquement ?". Dans nos réponses, on fait toujours un lien avec ce qui se passe en France puisque le triangle institutionnel de notre pays, Justice-Parlement-Gouvernement, ressemble à celui de l’Europe. Mais on a aussi des questions beaucoup plus pointues sur les différentes commissions européennes, sur les transports, l’environnement, etc.
Pourquoi y-a-t-il un si grand désintéressement pour ce scrutin qui concerne pourtant 375 millions d’électeurs ?
L’Union Européenne parait toujours un peu loin dans la tête des Français. Le CIDEM* travaille aujourd’hui avec les écoles pour une éducation populaire car l’apprentissage de l’Europe et de ses institutions a mis du temps à s’imposer. Et le fonctionnement de l’UE parait donc toujours complexe. Actuellement, l’Education Nationale remet tout ça en place, les programmes scolaires sont modifiés, notamment pour insérer ce fonctionnement au sein du programme de l’école primaire. Et puis une information sur les institutions européennes n’est pas toujours reliée par les médias nationaux. Les sociologues disent que "l’Europe n’est pas sexy" mais il faut que chaque citoyen comprenne que c’est néanmoins important. Et on peut faire changer les mentalités : une dame nous a avoué qu’elle ne comprenait rien à l’Europe et donc qu’elle n’irait pas voter. Cinq minutes d’explications de base, quelques documents à ramener à la maison et elle est repartie en nous disant que, finalement, elle se rendrait au bureau de vote le 7 juin prochain.
Propos recueillis par Gwenaël Windrestin
* Le CIDEM, « Civisme et Démocratie », est l’organisateur de La Caravane Civique Européenne. A chaque arrêt, des visites dans un établissement scolaire et dans une ville périphérique à la ville de passage sont organisées. Son parcours se termine à Vichy le 6 juin prochain.