Coup dur pour les entreprises en ZFU

Coup dur pour les entreprises en ZFU

La loi de finance 2009, que le gouvernement a adopté le mois dernier, prévoit une baisse des exonérations des cotisations sociales pour les sociétés qui se trouvent en zone franche urbaine (ZFU). Les entreprises qui se sont installées au début des années 2000 dans des quartiers difficiles ne bénéficieront plus des avantages fiscaux qui leur étaient réservés. Le but était d’attirer les investisseurs et dénicher les futurs cadres de demain. Mais avec le changement de la loi, les patrons se posent des questions. Et notamment à Rillieux-la-Pape, dans le Parc d’Activités de Sermenaz et dans la Ville Nouvelle.

L’incompréhension chez les patrons

Dans le Grand Lyon, il a quatre zones de ce type : à La Duchère dans le 9e arrondissement de Lyon, à Vaulx-en-Velin, aux Minguettes à Vénissieux et à Rillieux-la-Pape. C’est d’ailleurs au nord de la Capitale des Gaules que la résistance s’organise. Claude Cadario, le cogérant de l’entreprise Calasys, a écrit au nom de la dizaine de dirigeants au maire de la ville, aux députés du Rhône et au président du Grand Lyon pour comprendre. "Comment se fait-il qu’en pleine crise économique l’Etat prenne des engagements en faveur de l’auto-entreprenariat et des PME-PMI, puis se permette de changer les règles du jeu en cours de route ?", s’exclame le spécialiste en automatisme informatique, installé à Sermenaz depuis novembre dernier. Concrètement, l’entreprise pourrait perdre 50.000 euros cette année, 70.000 euros en 2010 puis jusqu’à 100.000 euros en 2011. Le calcul est simple : sur un salaire brut de 1.850 euros, une somme de 521 euros est exonérée par l’Etat. Avec cette loi, sur un salaire de 3.150 euros, il n’y aurait plus que 8 euros à ne pas payer. "C’est une mesure qui va inciter les entreprises à embaucher des personnels moins qualifiés et payés au SMIC, commente Claude Cadario. Je ne comprendrais pas qu’il n’y ait plus de cadres ou d’ingénieurs en ZFU, alors que c’est là où commencent les carrières et les vocations."

Embauches, formations et finances personnelles en question

L’objectif maintenant, c’est de faire des économies. Et le premier secteur qui pourrait souffrir, c’est le recrutement. Certaines entreprises qui prévoyaient d’embaucher entre 6 et 7 personnes ont réduit leurs ambitions à seulement 3 ou 4 nouveaux arrivants. L’autre option, c’est de réduire les dépenses diverses et les charges secondaires. "On va devoir faire attention à nos fournitures, à nos déplacements, mais en aucun cas on ne reverra nos ambitions de recrutement à la baisse", annonce Delphine Coutard, qui vend à distance des fournitures hôtelières. Troisième souci : la formation. D’après la mairie de Rillieux-la-Pape et toujours selon Claude Cadario, ce sont les étudiants en BTS ou en formation continue qui devraient en souffrir. Aujourd’hui, une partie du recrutement s’effectue en collaboration avec les établissements scolaires du secteur. Mais à l’avenir, cet accord pourrait ne plus avoir lieu d’être. Enfin, les chefs d’entreprises eux-mêmes pourraient accuser le coup et piocher dans leurs portes-monnaies. "On a fait des investissements lourds, déclare Denis Flores, qui tient un bureau d’étude en ingénierie. Et personnellement, j’ai mis en caution ma maison pour avoir les financements nécessaires."

Mais la révolte s’organise également au niveau national : le dirigeant d’une entreprise toulousaine a décidé de saisir le Conseil d’Etat, pour abroger le texte. La loi concerne 79 zones franches en France.

Gwenaël Windrestin

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