« Assassin, Assassin ! »
Le drame est encore dans tous les esprits à Lagnieu lorsqu’en plein centre-ville passe le convoi de la reconstitution. "Assassin, assassin, crient les habitants de cette commune du Bugey, on aura ta peau !" C’est sous haute escorte que le parcours de Stéphane Moitoiret et de sa compagne Noëlla Hégo est retracé : à Lagnieu tout d’abord, où le petit Valentin a été tué, puis à Saint-Sorlin-en-Bugey, où le couple a passé la nuit, enfin au barrage de Sault-Brénaz, où une partie de l’arme a été jetée. Mais le déclic n’a pas eu lieu et les versions n’ont pas changé : l’homme habillé d'un pantalon rouge, d'un tee-shirt blanc et équipé d'un gilet pare-balles réfute toutes accusations de meurtre. Selon Marie-Christine Tarare, le procureur de la République de Bourg-en-Bresse, la reconstitution a été positive mais la participation à l’enquête des deux auteurs présumés a été en dent de scie : "Il n'y a pas eu d'obstruction de leur part pour participer à cet élément de l'enquête. Ils nous ont parlé mais en se taisant lorsqu’ils ne voulaient pas s’exprimer, en acceptant de figurer sur certaines photos mais pas sur d’autres." Plusieurs lieux de la soirée dramatique ont été examinés avec les différents acteurs : la Rue Charles de Gaulle, où deux témoins avaient aperçu Moitoiret ; la petite rue proche du centre-ville où le garçonnet avait été retrouvé inanimé ou encore la maison paroissiale de Saint-Sorlin-en-Bugey, théâtre de la tentative d’effacement des preuves et d’une dispute du couple.
Un monologue accablant
Moment fort de la reconstitution : Noëlla Hégo s’est exprimée au cours d’un long monologue, face à la juge d’instruction et accablant son ex-compagnon pour le crime. Un évènement qui a eu lieu lors de la deuxième étape à Saint-Sorlin-en-Bugey. Les enquêteurs sont restés pendant près d’une heure et demie dans la maison paroissiale, avant de se diriger à Sault-Brénaz, où l’arme du crime a été jetée dans le Rhône. Pour Maître Jacques Frémion, l’avocat de Véronique Crémault, la mère de Valentin, cette accusation de l’ex-compagne en pleine reconstitution est une preuve de plus pour reconnaître la responsabilité de Moitoiret dans l’affaire : "Si les experts qui ont conclu à un manque de discernement de la part du suspect avaient été présents, ils n’auraient pas affirmé à une situation de "dominant-dominée" dans ce dossier. C’est tout le contraire !"
L’affaire pourrait néanmoins rebondir : un nouveau collège d’experts-psychiatres, le troisième, devrait être nommé pour réévaluer Stéphane Moitoiret. Ce dernier devrait également être mis en cause dans une affaire de tentative d’enlèvement d’enfant à Poitiers, en novembre 2007.
Gwenaël Windrestin