On ne sait pas non plus pendant combien de temps, confinement ou pas, le covid-19, et d'éventuelles formes évolutives, vont continuer à constituer une menace sur notre Métropole et notre monde.
Cette période de coronavirus aura mis en avant bien des évidences qu’on ne voulait pas voir. Les inégalités d’abord, entre celles et ceux qui peuvent se permettre de télétravailler, et ceux qui sont obligés d’aller au contact. Entre ceux qui sont en chômage partiel, ceux qui sont en arrêt complet d'activité ou ceux qui continuent à 100%. Entre ceux qui peuvent se confiner dans leur grande maison de campagne dans le calme et le confort, et ceux qui sont à 6 dans 50 m2 et pour qui le degré de pénibilité est tout autre : ceux-là parfois sortent alors respirer en bas de leurs immeubles ou sur certaines places comme à La Guillotière, provoquant alors un vrai risque pour eux et les autres. Par ailleurs il y a aussi ceux, y compris à l’abri du besoin, sans difficulté aucune, qui ne respectent pas les règles communes, par flemme ou complotisme : si des images de quartiers populaires ont choqué, des vidéos de quartiers bourgeois/ou bobos ne sont pas moins édifiantes.
La crise du covid-19 a fait ressortir bien des peurs : la peur de l’étranger, la peur de la nouveauté, la peur du changement, de l’autre… Notre exposition permanente à celles-ci participe à l’entretien de nos angoisses dont la plus profonde est celle-ci : notre peur face à la fin de vie.
Mais cette peur aura également fait ressortir des solidarités de proximité nouvelles, des engagements pour autrui. Grâce, par exemple, aux réseaux sociaux qui, s'ils sont bien souvent des lieux de défoulement et de règlements de compte, ont su aussi tisser de belles relations de voisinage : des lyonnais sont allés aider leurs voisins jusqu’alors inconnus, d’autres ont passé des semaines à coudre des masques, à garder des enfants de soignants ou à aller aider les sans-abris. Mille gestes ont éclos et il est impossible de tous les citer, mais ils ne sont pas des moindres.
Autre salut à faire : celui du travail fait par le service public de santé, applaudi chaque soir. Un service public contre qui personne n’a jamais voté (à l’exception de quelques libertariens isolés) mais qui s’est systématiquement fait précariser depuis le début des années 80 par les divers pouvoirs en place. Saluons en particulier les chercheuses et chercheurs des hôpitaux de Lyon.
Cette période aura enfin montré les faiblesses de nos institutions. Si l’Europe s’est un peu ressaisie ensuite, elle a commencé en jouant les grandes absentes, laissant les Etats et les égoïsmes nationaux reprendre le dessus. Cette crise aura cependant montré l’inventivité des collectivités locales, trop souvent asphyxiées par la République et de la société civile. Le Grand Lyon et les communes, à commencer par la ville de Lyon, ont mené une action remarquable. Même si souvent, dans l’urgence, nous aurons parfois manqué d’informations claires à certains moments, elle aura montré aussi les limites de l’hypercentralisation de la Ve République et du pouvoir technocratique. Un pouvoir en incapacité par exemple de rassurer les acteurs culturels qui sont dans une situation dramatique.
Dans le monde de demain, localement ou nationalement, certains ne voudront rien changer, mais d’autres auront sans doute pris conscience d’un certain nombre de choses essentielles durant ces mois. Je ne suis pas sûr que les clivages et le clanisme auxquels nous avons assisté aux dernières municipales soient encore parlant. Pourtant nous les avons sentis au dernier conseil de Métropole. Je ne suis pas sûr par exemple que les luttes Kimelfeld/Collomb soient désormais quelque chose de signifiant (pour peu qu’elles l’aient vraiment été au-delà de certains problèmes virulents de personnes). Je ne suis pas sûr non plus que les différentes chapelles fermées, à droite et à gauche en concurrence, posent un clivage adapté. Je ne suis pas sûr enfin que les délires anti-sciences de certains courants (que je sais minoritaires) d’une certaine écologie politique dans le domaine de la santé soient désormais d’actualité : au contraire, il nous faut écouter davantage les scientifiques.
La place du vélo, désormais défendue par chacun mais pas forcément avec la même intensité, devrait s’étendre davantage dans la métropole, et les militants des modes cyclistes, dont je fais partie depuis des années, doivent être attentifs à cela.
La question de nos modes de consommation, de notre autosuffisance alimentaire, qui est défaillante, se pose également. Nous ne produisons localement dans la région lyonnaise que 5% de notre alimentation. Les lyonnais en ont conscience : dans cette crise économique qui commence, les produits locaux ont vu leur part augmenter. A voir si on trouvera assez de bras pour continuer la récolte de façon sécurisée. Certains acteurs ont lancé un appel, que je rejoins, et proposent la création d’un marché d'intérêt métropolitain pour orienter la production locale vers la consommation locale et garantir un prix minimum.
On pourrait croire, en parlant d’alimentation, qu’on part loin de la question du virus. Mais non. Nous en sommes proches. Le Covid-19 est une zoonose, une maladie transmise à l’homme à partir d’animaux vertébrés, qu’ils soient sauvages ou domestiques. Le SRAS et Ebola avaient pour origine des chauves-souris, tandis que la grippe H1N1 venait probablement d’un porc au Mexique. Plus nous tombons dans la consommation massive et peu tracée, plus nous augmentons le risque de zoonose.
Toujours au niveau local, la crise du pétrole est une opportunité aussi de réfléchir davantage à la production locale d’énergie. Non, contrairement à ce que dit le député de Villeurbanne Bruno Bonnell, penser local n’est pas une mauvaise chose, et cela n’empêche nullement d’échanger autrement au niveau mondial.
Demain, ce n’est que mon modeste avis, sur le plan politique, psychologique et économique, ne peut plus ressembler à cet éternel hier.
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Romain Blachier
Oui, d' ailleurs le parti de la loi et de l' ordre a toujours prôné la consanguinité pour lutter contre le métissage et le cosmopolitisme.
Signaler RépondreMarions nous entre cousins germains (sphère sociale intime) pour que les terres restent dans la famille, c' est une vieille tradition Alpine dont nous encourageons le retour sur tout le territoire national.
Nous partageons votre condamnation de la bise. Abrogeons aussi tout contact avec d'autrui qui ne relève pas de notre sphère intime.
Signaler RépondreCette crise aura surtout eu le mérite de faire disparaître la bise des contraintes sociales imposées aux Françaises !
Signaler RépondreAdieu barbe qui pique, sueur, bisous baveux, contact non désiré, temps perdu, miasme en tout genre... vous ne me manquerez pas !
Les bobos et leur obsession du vélo... cancer urbain.
Signaler RépondreLe bobo cycliste est un animal qui vit à 1km de son travail, sans enfants (ou c'est bobonne qui s'en débrouille), ne réceptionne jamais de gros colis, ne transpire pas ou dispose d'une douche et de temps à son travail.
Et le couvre-feu universel qu'on DOIT imposer à Lyon pendant une durée indéterminée ?
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