Faut pas prendre les enfants du bon dieu pour des canards sauvages

Officiellement, il vit un déchirement d’avoir dû renoncer à la possibilité d’être de nouveau président de la métropole qu’il a créée avec Marcel Mercier (pour moi Mercier sera toujours un Marcel). De ce fait, il pense panser cette déchirure en refaisant du voilier.

Est-ce une politique crédible ?

Un homme qui nous serine depuis 20 ans que le plus bel endroit du monde est Lyon (contre toute raison) veut faire du bateau à voile. Sur la Saône ?

Un homme qui s’apprête à quitter la politique à 73 ans pour tirer des bords, passerait 120 heures à négocier un accord avec la droite, accord dont il s’exclurait lui-même au prétexte qu’il a l’intention de sortir avec un rafiot qu’il achèterait sur le bon coin ?

Reconnaissons que tout cela n’est pas crédible

Officiellement, la raison permettant d’expliquer une conduite aussi surprenante, ce sont les Verts. Soudainement, Gérard Collomb qui gouverne la ville et la Métropole avec des Verts depuis 2001, Verts dont certains sont toujours sur les listes aujourd’hui (Emeline Baume est passée de 4ème à 2ème  sur la liste Lyon-Centre entre les deux tours) vient de découvrir leurs sombres desseins propres à ramener les grands lyonnais sinon à l’âge de pierre, du moins à celui du bois. Face au péril vert, Gérard Collomb fait don de sa personne à la Métropole et une alliance avec François-Noël Buffet comme rempart.

Sauf que.

Si on regarde les chiffres du 1er tour à la Métropole pour essayer de voir ce que cela donne en termes de conseillers élus, et donc de qui sera président de la Métropole, on peut quand même avoir un doute sur la véracité des motifs du maire actuel de Lyon.

Bien sûr ces chiffres sont ceux du 15 mars, une élection marquée par les circonstances que l’on sait. Mais faute de mieux, il n’y a pas de raison de penser que les gens vont se mettre à voter de façon très différente le 28 juin. Si on cherche à calculer les forces en présence en prenant comme base les résultats du 1er tour, dimanche soir prochain, voilà ce que l’on devrait trouver. L’alliance des Verts et de la Gauche (le peu qu’il reste du PS et une NPG toujours flamboyante) leur permettra d’obtenir environ 73 conseillers, face à l’alliance de Collomb avec la droite qui ne leur permettra pas d’atteindre le chiffre de 60 élus. La majorité absolue étant à 76, la gauche les + Verts seront en position plus que très favorable.

Si, maintenant, on reprend les voix qui se sont portées sur les candidats des listes de Gérard Collomb et qu’on les additionne à celles qui se sont portées sur les listes de Kimelfeld, on s’aperçoit de quelque chose de très différent. Cette alliance Collomb-Kimelfeld fonctionne beaucoup mieux que celle Collomb-Buffet pour faire barrage aux Verts. En s’alliant, l’actuel maire de Lyon et l’actuel président de la métropole David Kimelfeld, arriveraient en tête dans 12 circonscriptions sur 14 (seules leur échappe la Verte Villeurbanne et la conservatrice Plateau Nord Caluire) et rafleraient près de 90 conseillers métropolitains, n’en laissant que 30 élus aux Verts. Impossible pour Bruno Bernard de mettre en place sa politique de coupure de l’électricité entre 8h30 et 19h45 et son interdiction de tout véhicule autre que le cheval et la bicyclette sur les 59 communes.

La question est donc : pourquoi Gérard Collomb n’a-t-il pas voulu faire cette alliance avec David Kimelfeld qui lui aurait permis beaucoup plus surement de stopper le péril Vert ? D’autant plus s’il était prêt à abandonner la présidence de la Métropole à son ancien dauphin rien ne semblait pouvoir s’opposer à cet accord, les deux ayant gouverné ensemble depuis des dizaines d’années.

In fine on ne peut jurer de rien, mais à la place de François-Noêl Buffet on ferait quand même attention à ce soi-disant retraité navigateur qui n’a peut-être pas abandonné complètement l’idée de le passer par-dessus bord une troisième fois début juillet pour s’emparer de la présidence de sa métropole.

Romain Meltz

@lemediapol