Beaucoup de néos lyonnais ne connaissent pas ce phénomène parfois tombé en désuétude, ces faux petits déjeuners à la lyonnaise ou repas d’après nuit, selon la vie qu’on mène ou que l’on doit mener. Ce n’est pourtant pas que ses avocats les plus zélés, la fameuse confrérie des francs-mâchons, n’y mette pas du sien.
Des pots de Mâcon qui claquent au matin pas encore vraiment levé, de la cochonnaille qui enchante le palais, de la cervelle de canut et des pommes de terre, du tablier de sapeur, du sabodet et le si reconnaissable et méconnu accent lyonnais qui claque au fond des gorges, celles et ceux qui ont déjà participé à ces agapes en gardent toujours un beau et convivial souvenir.
Qu’on soit vendeur sur les marchés, qu’on s’apprête du coup à passer la journée devant le tréteau sur le boulevard de la Croix-Rousse, à Grandclément, sur le quai Saint-Vincent.
Su’on soit un aigle de nuit qui sort de soirée, avant de retrouver les bras de Morphée ou d’autres comportant plus de sensualité, l’envie de continuer à boire un verre tout en épongeant ceux de la nuit à grand coups de calories.
Qu’on aie travaillé toute la nuit et que ce faux petit-déjeuner nous soit un dîner pour toute une frange de la population.
Le mâchon a même été inventé pour ça: vrai élément du patrimoine lyonnais il remplissait le ventre des ouvriers après une longue nuit à tisser.
Et comme les employeurs n’étaient pas toujours généreux au niveau de la paye, il fallait bien rivaliser d’ingéniosité pour nourrir tout le monde à moindre frais : c’est ainsi que notre capacité à rendre goûtus les bas morceaux de cochon a fait une partie de la réputation de Lyon.
Aujourd’’hui que nous allons être cloîtrés chez nous dès 21h à améliorer l'algorithme de Netflix ou de Deezer, ou, plus rarement de faire la fête à la maison en comité restreint jusqu'à 6 heures, aujourd'hui que les restaurateurs s'arrachent les cheveux pour savoir comment subsister me vient une idée: et si on remettait le mâchon un peu au goût du jour, même si certains ne l’ont jamais abandonné ?
Clusters? Ben pas plus que le midi. Pas moins que les apéros et dîners avalés rapidement avant l'heure fatidique où il ne faut pas trainer.
Pour les estomacs gourmands, on pourra continuer à accompagner son pot de Beaujolais de cochonnailles et de tripes.
Mais on pourra aussi mettre le célèbre repas lyonnais au goût du jour en prenant en compte celles et ceux qui pensent à la souffrance animale et à l’empreinte écologique et souhaitent plutôt accompagner leur pichet de Mâcon de produits plus végétaux, plus légers, plus respectueux de notre terre.
Ce serait l’occasion de réenchanter nos matins gris avant d’aller travailler ou en week-end pour ceux ayant des difficultés à ne pas trop lever le coude (certains clubs d’affaires d’ailleurs maintiennent depuis toujours la tradition du mâchon matinal arrosé).Cela offrirait un nouveau débouché à nos commerçants en plus du midi. De nous retrouver et rencontrer différemment (tiens pour les célibataires frustrés nombreux à se plaindre sur les réseaux sociaux de ne pouvoir prolonger leurs occasions rendez-vous à cause du covid, voilà une occasion de date un peu orignal). En renouvelant une gouleyante tradition.
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Romain Blachier
Un bon machon place du pont !!!!
Signaler RépondreV'la une ptite bonne idée, dans la rue des Marronniers
Signaler RépondreUn bon machon lyonnais avec pieds de porcs grillés , gratons , cervelle de Canut et Cote du Rhone ( à boire avec modération ) ..hummm !!!
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