Abel Ferrara au Festival Lumière : "Les vieilles clés n’ouvrent pas les nouvelles portes"

Abel Ferrara au Festival Lumière : "Les vieilles clés n’ouvrent pas les nouvelles portes"
Abel Ferrara et Thierry Frémaux - LyonMag

Dernier invité de marque pour la clôture programmée ce week-end de la 12e édition du Festival Lumière.

Ce samedi après-midi, à quelques heures du début du couvre-feu à Lyon, Abel Ferrara investissait la salle n°5 du Pathé Bellecour.


Il venait présenter son documentaire Sportin’ Life, terminé durant le confinement et présenté à la Mostra de Venise avant d’être envoyé à Thierry Frémaux, qui en profita pour lancer une invitation au réalisateur de Bad Lieutenant.
Abel Ferrara est un personnage à part dans le cinéma. Voilà bien longtemps, 24 ans au moins avec Nos Funérailles, qu’il n’a pas proposé au public un bon ou excellent film.

Et ce n’est pas Sportin’ Life qui va relever le niveau. Rien que l’origine du projet indiquait que ce documentaire sur tout mais surtout sur rien n’allait pas révolutionner le cinéma. "J’étais sur mon canapé favori chez moi en Italie, aucun film en vue et je reçois un appel. C’était Gary Farkas qui m’indiquait que Saint-Laurent était prêt à produire n’importe quel projet. J’avais carte blanche", indiqua Abel Ferrara.


Cela n’empêcha pas Thierry Frémaux de lui lancer une invitation pour une prochaine édition du Festival Lumière, pour présenter à une rétrospective de sa riche filmographie. Ce que le New-Yorkais accepta : "Si tu en as donné un (un Prix Lumière ndlr) à Quentin Tarantino, j’en veux un aussi", rigola-t-il, embrayant sur le couvre-feu et incitant la salle à "ne pas boire après 21h". "On pourrait se mettre à boire à 8h du matin", lui rétorqua le directeur de l’Institut Lumière. "C’est ce que j’ai longtemps fait et je ne le recommande pas", conclu Abel Ferrara, pressé de quitter la salle.

Sportin’ Life donc. Une heure et cinq minutes sur la promotion du film Siberia aux côtés de son ami et acteur Willem Dafoe, sa femme Cristina Chiriac et leur fille Anna. Mais aussi le confinement, le coronavirus, Donald Trump, Black Lives Matter, la musique avec son groupe… Abel Ferrara a cru bon de filmer de temps en temps avec un smartphone qui doit avoir 15 ans, à grands renforts de tremblote.

Aux journalistes l’interrogeant sur la présence d’une équipe filmant leurs interviews, le réalisateur américain leur rétorque : "C’est un documentaire sur l’art de faire des documentaires". C’est effectivement une parfaite démonstration de ce qu’il ne faut pas faire.

A vouloir se faire plaisir, comme il le fait désormais avec ses longs-métrages intimistes et en famille, Abel Ferrara apparaît largué. Tout le contraire de Willem Dafoe, solaire comme à son habitude. Avec davantage de clairvoyance et moins d’ego, Abel Ferrara aurait compris que quitte à faire un documentaire, il aurait gagné à le consacrer au parrain de sa fille.
Mais le sexagénaire le dit lui même dans Sportin’ Life : "Les vieilles clés n’ouvrent pas les nouvelles portes". Alors à quoi bon tenter de forcer la serrure, Abel ?

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