Une société qui ne leur fait pas de place, qu’elles n’ont pas les mêmes droits, la même rémunération, qu’elles sont plus fragiles, pas assez défendues. Cette petite musique victimaire s’est curieusement installée dans le paysage médiatique ces derniers mois, tout particulièrement sur les réseaux sociaux.
Bien loin de cette image infantilisante sur leur place dans la société actuelle, et sans nier les problématiques de violences sociales ou sexuelles qui existent, les femmes sont au contraire, dans leur très grande majorité, impliquées, combatives, engagées, dans leur vie privée comme leur vie professionnelle. Courageuses, innovantes et travailleuses, elles ne se sentent ni mieux, ni moins bien que les hommes.
En revanche, j’ai eu mille fois l’occasion d’observer qu’à la différence des hommes, quand on leur propose de s’engager dans un poste, une mission, un mandat politique, leur première réaction est systématiquement de se demander "est-ce que j’en serais capable, est-ce que je serais à la hauteur ?". Ce constat m’a particulièrement frappé au cours de la préparation des dernières municipales à Lyon, quand il s’est agi de faire émerger des femmes dans l’espace public. Elles osent moins facilement, se posent davantage de questions et ne se sentent pas légitimes. Les femmes n’en sont pas pour autant des victimes. Elles n’ont pas besoin de quotas, ou d’avocats de leur “cause”, elles ont juste besoin d’être encouragées. Je veux convaincre celles qui doutent qu'il faut s'engager davantage dans la société et prendre part au débat public.
Le déclic du 8 mars 2021
Ecriture inclusive, budget “genré”, cours de récréations qui excluraient les petites filles du centre parce que les garçons y jouent au foot, kits menstruels ou "contraception testiculaire thermique" (pépite relevée le 8 mars sur le compte de Marine Chastan, adjointe du 8e arrondissement de Lyon, et totalement éclipsée du débat sur Twitter en raison de la polémique engendrée par ses propos le même jour sur la présumée “culture du viol” dans la police), et enfin la journée des droits des femmes le 8 mars dernier, avec son lot d’inepties entre un clitoris géant gonflable au Trocadéro face à la Tour Eiffel, ou des poulpes violets Place de la République à Lyon en guise de réveil pour la lutte pour l’égalité femme/homme : comment est-il possible d’arriver à un tel excès de communication gadgétisée qui conduit précisément à renforcer les stéréotypes que l’on veut dénoncer ?
Le livre de Léa Salamé "Femmes puissantes", les tribunes de Thérèse Hargot ou Peggy Sastre, ont fini de me convaincre.
Etre une femme et défendre leurs droits, avec l’héritage que nous avons de Simone Veil ou Gisèle Halimi, qui portaient de grandes problématiques de fond, ce n’est pas cette caricature.
Je me suis alors beaucoup interrogée sur mon rapport au féminisme, à l’altérité, à la place des femmes dans ce qui m’intéresse tout particulièrement, la politique et le débat public. Je suis convaincue que les femmes valent et méritent mieux que çà, qu’elles ne sont pas menacées par les hommes ou en combat contre eux. Et que les hommes ne sont pas responsables de tous leurs malheurs. Au contraire évidemment, ils sont -fort heureusement- souvent source d’inspiration, ils insufflent le goût du challenge, encouragent à se dépasser. Surtout, ils savent parfaitement faire confiance aux femmes. Mon parcours personnel en regorge d’exemples, comme bon nombre de mes alter egos de sexe féminin.
Il m’a semblé urgent et évident, de réagir et d’appeler à valoriser un autre féminisme : pragmatique, intelligent, celui de l’engagement des femmes dans tous les secteurs de la société : entrepreneuriat, politique, numérique, sport, culture, associatif, enseignement, santé, sécurité, et à commencer par le débat public. Un féminisme basé sur des femmes fortes, expérimentées, qui réussissent et qui ont envie d’encourager les autres et les amener à réussir et à s’épanouir. Et nous avons à Lyon, toute la matière pour le faire. Il est temps que les femmes cessent d’attendre qu’on leur donne de la place et qu’elles décident simplement de la prendre. Le débat public n’en sera que de meilleure qualité.
Alexandra Carraz-Ceselli
Professionnelle des médias et des politiques publiques,
Fondatrice de L’Equipe des Lyonnes pour encourager les femmes à prendre leur place dans le débat public
Bonjour,
Signaler RépondreBravo pour cette courageuse tribune! vous avez entièrement raison: les femmes ne sont pas victimes des hommes, elles ont juste besoin d'être encouragées. Foin de celles qui meurent sous les coups d'un conjoint violent (une morte tous les 3 jours), des viols (99% sont réalisés par des hommes sur des femmes), des différences de rémunération (-21% pour les femmes), des différences dans la répartition des tâches ménagères (les femmes en font 3 fois plus que les hommes même pendant le confinement), tout est une question d'excellence, vous visez juste, le patriarcat est une invention des néo-féministes victimaires.... Merci c'est tellement courageux, on a besoin de personnes comme vous.
Merci pour votre prise de position. Je partage largement vos convictions et les ai mises en œuvre depuis longtemps. Jeune fille, j'ai refusé la ligne toute tracée d'institutrice, de secrétaire ou d'assistante d'ingénieur dans laquelle on voulait m'inscrire pour me tourner vers le métier d'ingénieur, alors peu ouvert aux femmes, et dans lequel j'ai fait toute ma carrière sans être obligée de "coucher". Je ne supporte pas que l'on me demande de participer à des jurys ou des listes municipales, au nom de la parité, ce qui m'est hélas arrivé. Je veux être reconnue pour mes compétences, et heureusement, c'est plus souvent le cas. Encore bravo et merci. Et merci bien sûr aux hommes qui m'ont donné ma chance en m'accueillant parmi eux.
Signaler RépondreEnfin une parole sensée! Bravo pour toutes les femmes qui.ne se reconnaissent pas dans ce féminisme outrancier qui se deverse de partout!
Signaler RépondreUn beau discours qui change du discours victimaire des hystériques aux cheveux roses
Signaler RépondreBravo Madame
J'ai beaucoup d'amies qui ne supporte plus ces féministes, et aimeraient vous lire
Comment avez-vous fait pour éviter la censure?
Signaler RépondreAlexandra Carraz-Ceselli voilà une mise au point magique ! Bravo bravo bravo, la victimisation est insupportable, le Neo feminisme victimaire qui en plus prône la non mixité est complètement dingue, le féminisme c’est avec nos hommes (conjoint, père fils, amis) ce n’est pas l’ostracisme, c’est toujours tous ensemble qu’une société évolue et s’émancipe ! Ce n’est pas toujours simple surtout lorsqu’on est responsable d’une filière purement technique et qu’on débarque dans un monde masculin, le plus surprenant est que les « anciens » sont moins beaucoup moins misogynes que les jeunes.
Signaler RépondreUn seul mot: Bravo!!!
Signaler RépondreLa victimisation est un business extrêmement juteux pour un certain nombre d'associations et de lobbies (et pas seulement sur ce sujet), qui ont une caisse de résonance sur-dimensionnée par rapport à leur poids réel dans la société, car ils ont su s'organiser en groupes de pression influents.
Signaler RépondreJe crains donc que les approches pragmatiques et de bons sens comme celle-ci ne restent encore un bon moment avec une couverture médiatique très limitée.
Bravo, Madame, pour ce bel hommage???????? Vous faites honneur aux femmes !
Signaler RépondreTrès juste et encourageant à lire ! La position de victime perpétuelle est plus que malsaine. Quand il s'agit de se protéger de vraies traumatismes et blessures le temps de guérir, d'obtenir justice par rapport à des faits réels et non-tronqués, c'est approprié. Mais quand ça devient un masque pour tromper ou déformer la réalité, on en sort jamais. C'est improductif et on fini par y trouver un confort. A l'échelle collective, on peut empêcher les autres de s'émanciper et de se dépasser de cette condition.
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