Beaucoup de jeunes rêvent de devenir youtubeurs, mais peu parviennent à franchir le cap et surtout à en vivre. Pour accompagner ce développement de la profession, le Pôle Pixel à Villeurbanne, le centre de création audiovisuelle de la région lyonnaise, a décidé il y a quelques mois de lancer un appel à projets pour accueillir des vidéastes d’Internet. Des dizaines ont répondu à l’offre, mais c’est finalement Julien Malara qui a investi les lieux sur l’ancienne friche industrielle.
À la tête de la chaîne YouTube Demos Kratos, qui traite de sujets de société et politiques, ce jeune homme de 25 ans a souhaité se lancer dans ce projet en compagnie de Vincent Heildelberg, de la chaîne Stardust. "On a fait le choix d’assumer financièrement la structure pour permettre à d’autres créateurs, qui ont moins les moyens, de s’installer avec nous", explique l’ancien étudiant de Science Po Grenoble.
Allier ses forces
Le principe est le même que la célèbre Redbox, pilotée par Maxime Chabroud dans la périphérie d’Angers. En 2018, ce Lyonnais de naissance, plus connu sous le pseudo d’Amixem, qui culmine désormais à près de 7 millions d’abonnés, a décidé de créer, avec d’autres youtubeurs, un grand espace pour tourner des vidéos, loin de Paris pour éviter les loyers démentiels et ainsi garder son indépendance.
À Villeurbanne, Julien Malara s’est bien évidemment inspiré de la démarche de son homologue : "J’ai énormément suivi le projet de la Redbox à Angers, même si le nôtre est à plus petite échelle. J’avais exactement la même idée : rassembler un maximum de personnes pour mutualiser nos projets, nos idées, mais aussi diminuer les coûts. Arrêtons d’être dans nos chambres et regroupons-nous pour qu’on puisse faire de plus belles choses ensemble !", confie-t-il.
Car, le principal problème de Julien était bien le fait de travailler de chez lui et ainsi, parvenir à faire la différence entre sa vie professionnelle et sa vie privée : "Pendant un an, j’ai fait ma chaîne YouTube dans mon salon, avec trois personnes qui venaient tous les jours dans mon appartement. Je devais trouver un local pour accueillir tout le monde. Soit je louais quelque chose tout seul, mais c’était trop lourd à supporter financièrement, soit je collectivisais les moyens de production. C’est ce que j’ai décidé de faire".
Aujourd’hui, il loue ces locaux pour environ 1 500 euros par mois. Il sous-loue ensuite (environ 200 euros) à d’autres créateurs. À ce jour, cinq youtubeurs, trois streameurs sur la plateforme Twitch et un vidéaste indépendant travaillent dans les locaux. Les vidéastes ont à leur disposition un grand open-space, une salle de réunion et un studio de tournage, avec une régie installée juste à côté.
Tout cela demande une très bonne organisation. À l’entrée du studio notamment, un tableau avec les horaires de tournage de chacun. À l’intérieur, tout ce qu’il faut pour offrir le meilleur rendu possible : fonds verts, de la mousse phonique, des lampes professionnelles, des trépieds…
Chacun possède son matériel de manière générale, même si les vidéastes peuvent être amenés à s’en échanger.
Certains en vivent, d'autres en rêvent
La chaîne de Julien Malara permet désormais d’employer trois personnes : "La majeure partie des revenus vient du financement participatif, ensuite on a la publicité YouTube, la vente des produits dérivés et l’argent des vidéos sponsorisées. Pendant plusieurs mois au début, on ne vivait pas de ce que l’on faisait. Aujourd’hui, c’est le cas et c’est une fierté".
À côté des vidéos, il y également toute une partie administrative à assumer, mais qu’il peut désormais déléguer : "On a réussi à bien se répartir les tâches. Je peux me focaliser sur ce que je préfère faire : créer", se réjouit-il.
Mais tous au Pixel Space ne sont pas professionnels et ne vivent pas de ce métier. C’est notamment le cas de Hugues et Dorian, de la chaîne Twitch Roll or Die. Le premier a découvert ce projet grâce à sa mère qui suivait la chaîne de Demos Kratos, où avait été publiée une vidéo sur la Pixel Space. Avec le confinement, ils ont décidé de se lancer et ont fait leur premier live en août dernier, en proposant aux "viewers" des jeux de rôle en direct, parfois pendant plus de quatre heures. "On s’amuse énormément avec ce projet. Alors certes, on n’en vit pas, mais on fait tout comme. En venant ici, on a un plus grand espace et plus de matériel, ce qui nous permet de proposer un contenu de meilleure qualité. Et puis, on rencontre énormément de personnes, c’est ultra enrichissant ! On est très content d’avoir fait ce choix-là, aujourd’hui. Les équipes vont pouvoir nous accompagner dans notre développement", se réjouit Hugues.
Se faire connaître pour grandir
Malgré la crise, le Pixel Space est amené à se développer rapidement dans les prochains mois. Julien est déjà à la recherche de nouveaux créateurs qui voudraient venir travailler dans les locaux. "Avec le Covid, c’est difficile de se faire connaître. On aurait aimé faire des événements, des visites pour faire connaître le lieu et le projet, mais tout ça n’a pas encore été possible. Mais en même temps, toutes les personnes qui viennent déjà travailler ici se rendent compte de l’importance du lien social dans cette période", préfère relativiser le youtubeur.
Et les ambitions sont grandes : "L’objectif est de constituer un pôle important de vidéastes sur Lyon. Pour l’instant, c’est 150 m2 de bureaux, mais il y a encore énormément de bâtiments à rénover sur le site. On sera sûrement amenés à se développer", conclut Julien Malara. Ce dernier a un conseil pour ceux qui voudraient se lancer : "C’est un métier particulier. Il faut avoir une passion à la base qu’on a envie de partager, si on n’a pas cela, ça sera très compliqué. Je conseille à tout le monde de se former sur sa passion et ensuite, de se lancer à faire des vidéos. Il faut voir le métier de vidéaste comme une manière de partager sa passion".
B.B.
le regard d’un enfant doit-il être capté par un placement de produit ?
Signaler Répondremon avenir, devenir un espace publicitaire vivant
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