Michel, retraité, est écoutant bénévole à RhônAlma. Deux fois par mois, il répond aux appels des personnes âgées victimes de maltraitance. "Je reçois en moyenne trois appels par permanence. Tous ne sont pas directement liés à la maltraitance, explique-t-il. Il arrive que des personnes vulnérables nous demandent de simples renseignements. Je dois aussi veiller à la partie administrative, au suivi des dossiers, et à maintenir le contact avec les victimes". Le centre d’écoute, qui existe depuis 2001, est porté par l’association Crias mieux vivre. Huit écoutants bénévoles se relayent à longueur d’année et assurent les permanences. "Nous répondons aux appels par téléphone ou par mail uniquement. Lorsque c’est nécessaire, nous passons le relais aux services compétents du secteur de la victime", explique Sabrina Loison, coordinatrice de RhônAlma.
De l’alerte à la médiation
Les personnes âgées et handicapées, souvent, ne veulent pas porter plainte : peur des représailles, peur de rompre les liens familiaux, peur de la solitude aussi. Alors, comment mettre fin aux violences ? "Nous avons des modes de résolution alternatifs, répond Sabrina Loison. En plus d’un rappel à la loi, nous pouvons accueillir, de jour, la victime et l’aidant devenu agresseur". Le suivi des dossiers est personnalisé. Chaque appel, dès lors qu’il présente une menace pour une personne âgée ou handicapée, fait l’objet d’un dossier. Un référent suit la victime, la conseille et l’oriente au fil des appels.
De l’instruction à la condamnation
L’article 121-1 du code pénal est sans appel : "nul n’est responsable uniquement que de son propre fait". Si l’association privilégie la médiation, elle peut aussi signaler des cas de maltraitance à la Direction départementale des affaires sanitaires et sociales (DDASS). Après constat sur le terrain des services sociaux, la DDASS et RhônAlma ont la possibilité de saisir le procureur de la République afin de lancer une enquête médico-sociale en lien avec la Maison du Rhône. En pratique, la justice est rarement sollicitée. "Il y a peu de condamnations dans le Rhône, regrette Sabrina Loison. Les dossiers portés devant les tribunaux relèvent principalement des escroqueries".
Les violences à domicile sont plus fréquentes qu’en établissement
Depuis la mise en place du 3977, le numéro national d’écoute, les appels pour maltraitance ont sensiblement augmenté. RhônAlma a enregistré 394 appels en 2008, dont 328 liés à des situations potentielles de maltraitance, contre 208 appels en 2006. Les maltraitances recensées ont plus souvent lieu au domicile de la victime (56%) que dans un établissement spécialisé (44%). Les types de maltraitances sont quasiment les mêmes. A domicile comme en institution, les personnes âgées et handicapées sont en proie aux violences psychologiques, médicales et aux négligences passives. A domicile, les pressions psychologiques peuvent être liées aux pressions financières. Dans les deux cas, c’est la famille ou des proches de la victime qui alertent RhônAlma. Les femmes autour de 80 ans sont les plus touchées (74%). Afin d’éviter ce phénomène, RhônAlma souhaite renforcer la prévention dans les écoles, de même que la formation auprès des aidants familiaux et des professionnels. Souhait formulé aussi par Nora Berra, la secrétaire d’Etat en charge des aînés (voir l’interview ci-dessous).
Abdelwahid Djaballah
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