(La rédaction vous partage cette enquête initialement parue dans le numéro d'avril de LyonMag).
Un bâtiment adossé à la colline, une pente, des accès historiques très compliqués, et un développement déjà très important du feu à l’arrivée des secours dû à des grands appartements avec un fort potentiel calorifique…
Le jeudi 30 avril 2020 au soir, un incendie d’une ampleur inédite se déclarait dans le centre-ville de Lyon, quartier de la Croix-Rousse. Peu après 20h, une épaisse fumée noire s’était rapidement dégagée dans le ciel de Lyon, visible depuis toute l’agglomération. De quoi alerter les secours, qui avaient immédiatement convergé vers le numéro 7 de la montée Bonafous, dans le 4e arrondissement. Selon le Colonel Lionel Chabert, directeur de la prévention et de l’organisation des secours au SDMIS, "une véritable avalanche d’appels" s’était abattue au centre de traitement des appels.
"Nous étions alors en soirée, confinés, donc beaucoup de gens étaient des témoins directs du sinistre", explique le soldat du feu qui précise que "chaque appel n’est pas anodin, on note des éléments pour mieux comprendre ce qu’il se passe sur l’opération". D’autant que certains habitants de l’immeuble, au cinquième et sixième étage, étaient bloqués dans le bâtiment à l’arrivée des secours, notamment à cause des fumées.
"Ça a demandé un engagement important de la part de nos sapeurs-pompiers qui savent très bien qu’on peut avoir une rupture de cage d’escalier, comme c’est arrivé souvent à Lyon", détaille le colonel. Une prise de risque "nécessaire pour répondre à notre priorité absolue : sauver les vies. Il a fallu, dans un premier temps, faire une reconnaissance pour comprendre le bâtiment et inspecter tous les lieux".
Le drame humain n’est d’ailleurs pas passé loin ce soir-là puisqu’après 2h30 de lutte contre les flammes, des planchers se sont effondrés dans l’immeuble. Les habitants des 48 logements avaient été évacués mais une vingtaine de pompiers étaient encore dans la cage d’escalier. "Il y a une part de chance dans ce feu d’habitations qui est le plus important de ces dix dernières années à Lyon", reconnait Lionel Chabert.
Les dernières heures du 7 montée Bonafous
Le feu était parti du quatrième étage, mais s’était très rapidement propagé à l’étage supérieur, avant de gagner les combles dont certaines étaient aménagées en appartements. Des poutres enflammées étaient alors littéralement expulsées vers l’extérieur et venaient s’écraser dans la rue. Sur place, les secouristes avaient immédiatement compris l’ampleur du brasier. Les flammes étaient très virulentes, tandis que les pompiers avaient un mal fou à se frayer un chemin jusqu’à l’incendie, à cause de l’enchevêtrement des immeubles dans ce quartier aux artères étriquées.
Au plus fort de l’intervention, quelque 120 pompiers et 35 véhicules se trouvaient sur place. Trois personnes avaient également été hospitalisées, après avoir été légèrement intoxiquées.
Après une nuit de lutte contre les flammes, le feu restait encore actif dans la matinée du samedi. Au moins une quarantaine de sapeurs-pompiers étaient encore présents dans ce qui était en train de devenir une ruine. En début de matinée, la partie haute du bâtiment s’effondrait. Il ne restait alors plus que les murs des façades des deux derniers étages.
Des lasers avaient été installés pour alerter les secours au cas où la façade de l’immeuble bougerait. Ce fut le cas le lundi matin, vers 9 heures, quand une importante partie du bâtiment s’est effondrée dans un vacarme assourdissant. Quand le panache de poussières s’était dissipé, il ne restait plus que trois murs dessinant les vestiges du site ravagé. Tous les étages internes avaient chuté, scellant le sort du 7 montée Bonafous.
"Nous sommes allés acheter du whisky"
Une soirée difficile pour de nombreux habitants, dont Colin et Marion, 35 ans, qui avaient emménagé seulement quatre mois auparavant dans l’immeuble : "D’habitude, à 20 heures, nous applaudissions les soignants mais cette fois, cinq minutes avant, nous avons entendu gueuler dehors. On s’est simplement dit 'ils sont en avance'. Je passe alors la tête par la fenêtre et mon voisin hurle 'Sors ! Sors ! Il y a le feu'. Je lève la tête et je vois la fumée. Je prends le chat et nous allons dans l’escalier bondé de voisins. Arrivés en bas, il y avait déjà des camions de pompiers sur place, on s’est dit 'ça va aller, dans deux ou trois heures on est chez nous'. Du coup nous sommes allés chercher une bouteille de whisky, à l’épicerie, pour nous saouler. Nous n’imaginions pas que c’était la dernière fois que nous partions de notre appartement, que le plus dur allait commencer".
Fabien, de son côté, a eu beaucoup de chance puisqu’il était dans son bain quand le sinistre s’est déclaré. Son logement situé au premier étage, dont il était propriétaire, s’est écroulé dès le premier soir. Depuis, il est logé dans un hôtel payé par la Métropole de Lyon. Sorti avec un simple pantalon, il se désole désormais : "C’est dur de savoir que j’ai perdu mon passé et mon projet dans ce logement. Tenter de trouver une colocation à 40 ans, c’est humiliant", décrit le sinistré qui nuance néanmoins : "On relativise aussi, on sait que nous ne sommes pas à Beyrouth".
Dès le début du sinistre, de nombreuses personnes avaient proposé de l'aide et des dons au bénéfice des habitants victimes de l’incendie. Une telle demande d’entraide qui avait poussé la municipalité, en lien avec la Croix-Rouge française notamment, à mettre en place un numéro de téléphone pour coordonner les dons. "Tous les magasins étaient fermés, on n’arrivait pas à acheter des vêtements", indiquent Colin et Marion pour qui "il a été difficile de faire la queue pour récupérer un sac poubelle rempli de vêtements".
Dans les jours qui ont suivi, les sinistrés avaient été logés dans un hôtel. "Ça nous a permis de nous soutenir", atteste Fabien.
Les habitants n'ont également jamais pu récupérer d'affaires dans le spectre désossé qui laissait place à leur ancien immeuble. Marion nous indique que son métier l'obligeait à conserver chez elle des métaux précieux : "J'avais l'équivalent de 15 000 balles de métaux. Ils n'ont jamais été retrouvés". "Tout ce qui a pu être trouver rentrait sur deux tables... Deux petites tables d’objets alors qu’il y avait 6 étages... Il n’y a aucune objet de valeur retrouvé. Le problème aussi, c’est que la terre était contaminée à cause de l’amiante", surenchérit Colin.
Que sont devenus ces objets de valeur ? "Tu vois un énorme amas de gravats, et tu n'as qu’une envie, c’est aller fouiller", reconnaît Fabien. Le site a-t-il été pillé ? Et par qui ? En l'absence totale de vidéoprotection sur le 4e arrondissement, on ne le saura probablement jamais.
Une bêtise d’enfant à l’origine du feu ?
Un an après cet incendie particulièrement virulent, les habitants impactés déplorent de "ne pas être tenus au courant des avancées de l’enquête". Selon les riverains, il pourrait s’agir du résultat d’une grosse bêtise d’un enfant âgé de 7 ans : "C’est un jeu de chimie qui a mal tourné", juge Colin qui a parlé de l’incident avec le père du bambin. "Le feu est parti sur un matelas, mais le gosse a préféré partir de la chambre pour ne pas se faire gronder, en fermant la porte derrière lui. Quand le père s’est rendu compte qu’il y avait un problème c’était trop tard, la mezzanine était déjà enflammée".
Selon nos informations, l’enquête a depuis été bouclée par la justice lyonnaise. Les conclusions ont confirmées qu'il s'agissait d'un accident domestique.
Plus d’un an après le drame, la rue reste toujours coupée à la circulation pour que les imposants travaux puissent se dérouler. D’immenses échafaudages forment un véritable sarcophage autour de ce qu’il reste de l’édifice. Une enveloppe de fer qui devrait rester encore de longues années, à en croire Yvan, le président du conseil syndical qui a vu son appartement être noyé sous des tonnes d’eau : "Une sorte de parapluie a été posé sur les toitures pour éviter des dégâts plus importants encore avec les intempéries. Pour le moment, donc, les ouvriers continuent de dégager tout ce qui a brûlé entre les murs du bâtiment construit vers 1800. La reconstruction pourrait démarrer au début de l’été ou vers l’automne".
Le permis de rénovation des deux bâtiments arrière a été accepté. Reste le permis de construire de l’immeuble qui s'est effondré. Là, le dossier se corse "avec des questions encore en suspens", d’après Yvan qui explique que, "comme le quartier de la Croix-Rousse est classé au patrimoine mondial de l’UNESCO, le bâtiment devrait être reconstruit à l’identique".
Alors que les architectes des Bâtiments de France imposent un certain nombre de choses, les normes actuelles, et notamment celle contre les incendies, viennent contredire leurs indications, par exemple avec l’implantation de portes coupe-feu.
Un feu inoubliable
En parallèle de ce chantier titanesque, une autre construction sera également réalisée non loin du 7 montée Bonafous. "Des résidents ont affirmé le souhait de faire un projet mémorial pour ne pas oublier cet évènement", nous révèle le président du conseil syndical. Il s’agirait de récupérer des pierres de l’ancien bâtiment et de créer une œuvre collaborative. L’entreprise qui s’occupe du chantier et la municipalité auraient donné leurs accords.
Ce feu a aussi profondément marqué les esprits des sapeurs-pompiers, d’après le Colonel Lionel Chabert qui indique qu’une analyse en détail de cette opération a été réalisée, de la construction de l’immeuble en passant par chaque sauvetage. Ce dernier ne cache pas surtout sa "satisfaction d’avoir pu sortir tout le monde vivant" de cet enfer. Le pompier expérimenté qui a d’ailleurs apprécié que, "le soir même, un habitant bloqué dans les derniers étages avec ses enfants, est venu remercier chaleureusement les secouristes. Le plus beau des témoignages".
J.D.
Faites faire des enfants !
Signaler RépondreC'est à s'y méprendre mais cet immeuble ressemble à la série de Arte "l'agent immobilier", aux animaux domestiques du numéro 7 de la montée Bonafous il ne manque que la parole.
Signaler RépondreSuperbe immeuble historique dans lequel j'ai vécu longtemps. C'est terrible.
Signaler Répondreon appelle ça de l'obscurantisme...
Signaler RépondreTiens... un autre troll ^^
Signaler Répondresûrement la même personne qu'Aboukam mais avec un autre pseudo... la vie d'un troll, quoi ! ^^
Personne n'évoque les ”arêtes de poissons” qui se trouvent juste sous la montée bonafous , d'ailleurs plusieurs "entrées"se trouvent sur cette montée .
Signaler RépondreCe vaste réseau de galeries souterraines n'aurait il pas fragiliser le terrain et " participer” à l'effondrement de l'immeuble?
Toujours est il que les éffondrements d'immeubles à la croix rousse et les locaux ou sites condamnés (comme le parc Sutter pendant plus d'un an ) pour risque d'effondrement sont inquiétants tout comme l'étrange et opaque silence de la mairie à ce sujet...
C'est tout ce que vous avez retenu de cet article....pitoyable !
Signaler RépondreLe plus stupide n’est sans doute pas celui que vous croyez...
Signaler RépondreToujours à la pointe de la stupidité notre petit troll Aboukam ^^
Signaler RépondreAller chercher de l’alcool pendant l’incendie... Décadanse de notre société...
Signaler RépondreIl faut remettre de la vertu dans la société
Faites des fautes
Signaler RépondreFêtes de enfants ...
Signaler RépondreL'expérience de chimie ... d'un enfant de 7 ans !
Signaler RépondreIl aurai fallu donner un camion de pompier à l'enfant, nous n'en serions pas là !
Et que dire de ces occupants qui se saoule pour conjurer le feu !!
Les occupants de cet immeuble sont étrange ...
Faites des enfants.. ????
Signaler RépondreArticle trop long avec beaucoup d élément Pathos. Merci aux pompiers, dommage au quartier où tant mieux (s était un vieil immeuble) et bon rétablissement aux victimes. Et je n' ai pas twitter.
Signaler RépondreLe type qui déclare "trouver une colloc a 40ans blablabla" alors que son appart a était entièrement payé par les assurances et qu'il loge gratos depuis +1 an... Ça va aller pour retrouver un achat je pense
Signaler RépondrePour ces métaux précieux sa ne lui est pas venu à l'idée qu'ils ont tous simplement fondu et mélangés avec les gravats
Signaler RépondreEt pourtant, c'est à retenir lorsque l'on rédige un courrier.
Signaler RépondreJe m'interdis d'utiliser le dos de la feuille par peur qu'elle ne soit pas retournée.
Nan mais les parents devraient resté à côté de leurs enfants , normalement ce genre d'expérience de "chimie" pour enfants ne se font pas seul.....stupide et irresponsable parents moi je dit -_-
Signaler Répondre...exactement.
Signaler RépondreTrès bon article pour le coup.
C'est triste les gens qui n'ont pas la capacité de lire plus de 140 signes...
Signaler RépondreUne des raisons de la chute vertigineuse du niveau en France, saloperie de twitter et de ses 280 signes :-)
Signaler RépondreTrop long le récit :Lyon mag a voulu nous endormir !Donc,pas lu jusqu'au bout
Signaler RépondreC'est hyper dangereux y" a des personnes qui auraient pu mourir une grosse bêtise d' enfant c" est terrible
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