Des masques commandés à la mi-juillet, livrés à la mi-novembre
"Est-ce qu’on doit changer notre alimentation pour mieux se protéger du virus ?", "Est-ce qu’on doit porter des gants pour réceptionner le courrier ?" ou encore "Si je commande des masques aujourd’hui, quel sera le délai de livraison ?" Les questions fusent à l’issue de cette réunion matinale. Une intervention retient plus particulièrement l’attention de l’auditoire, celle d’une chef d’entreprise du nord de Lyon : "J’ai commandé à la mi-juillet des centaines de masques chirurgicaux et on m’a annoncé que je ne serais livré qu’à la mi-novembre. Comment puis-je faire pour protéger mon entreprise en attendant ?" Début de brouhaha dans la salle, tout de suite interrompu par Olivier Magnaval, le Préfet délégué à la sécurité : "Obligez vos salariés à respecter tous les principes de précautions, comme bien se laver les mains ou se protéger la bouche en éternuant." Pour Frédéric Lutbert, un responsable sécurité dans une entreprise d’alimentation, la maladie tombe au mauvais moment pour les sociétés du Rhône : "Ca tombe mal. La pandémie arrive juste après les vacances, au moment où les premiers rhumes débarquent et en pleine crise économique. Il va falloir attendre le pic de l’épidémie pour savoir si on s’en est bien sorti… ou pas." A ce jour, plus de 80% des patrons ont prévu un plan B en cas d’absentéisme. Mais parmi eux, plus de la moitié d’entre eux subissent de plein fouet la crise économique. "On le sait, le virus touche les personnes les plus vulnérables, les plus faibles. C’est exactement la même chose pour les entreprises", commente Gilbert Marchiol, le président de l’union des Industries du Rhône. "J’ai peur que les deux phénomènes combinés assomment encore une fois les entreprises lyonnaises", ajoute-il.
Une aide tardive
A l’image du soutien de l’Etat apporté aux services publics, notamment La Poste, une aide devrait être accordée au secteur privé, selon Bernard Fontanel, le président du MEDEF Lyon-Rhône. "Mais vous savez, le temps que les démarches soient remplies, qu’elles soient traitées et que les aides soient perçues, les entreprises seront encore plus dans le rouge. C’est maintenant que l’Etat doit intervenir dans les finances des entreprises rhodaniennes", reprend le responsable du MEDEF.
Le MEDEF du Rhône a d’ailleurs estimé le coût de la prévention en matière de grippe A : entre 10 et 50 euros par salarié et par entreprise.
Gwenaël Windrestin
A noter : le MEDEF a commandé des masques chirurgicaux et des solutions hydro-alcooliques pour une somme totale de 3 millions d’euros.