Les empreintes ont été découvertes au mois d’avril dernier par deux naturalistes amateurs, Marie-Hélène Marcaud et Patrice Landry, membres de la Société des Naturalistes d’Oyonnax (SDNO). Ils ont aussitôt contacté Jean-Michel Mazin du CNRS et Pierre Hantzpergue professeur à l’Université Lyon 1. Les paléontologues n’ont pas tardé à se rendre sur place afin d’authentifier la trouvaille. Leur verdict est le suivant : les empreintes ont été laissées là il y a environ 150 millions d’années par des sauropodes, c'est-à-dire des dinosaures herbivores au long cou pesant de 30 à 40 tonnes pour 25 mètres de long. Mesurant entre 1,20 et 1,50 mètres de diamètre, ces traces ont traversé le temps grâce au procédé de fossilisation.
Les empreintes les plus impressionnantes du monde
Ce sont tout simplement les plus grandes empreintes jamais mises à jour. Jean-Michel Mazin le confirme « cette découverte est très importante à cause de la dimension des empreintes. Ce sont les traces les plus impressionnantes que l’on ait pu voir en France, en Europe et dans le monde ». L’expert fait également remarquer que de nombreuses autres foulées de sauropodes ont été découvertes dans le secteur. « Les différents sondages que nous avons faits aux alentours montrent qu’à 100 ou 200 mètres de là, il y a encore des empreintes ». Le site de Plagne recélerait des traces de pas sur une surface équivalente à une dizaine d’hectares. Il est donc possible que cette zone ait été à l’époque jurassique un point de passage pour les troupeaux de dinosaures. Les travaux des scientifiques qui se succèderont sur le site de Plagne permettront d’en savoir plus dans plusieurs années.
« A l’époque, le Jura était au niveau de la mer »
D’autre part, ces foulées de sauropodes donnent des explications sur le contexte géographique et géologique de l’époque. Leur découverte prouve qu’il y a 150 millions d’années, le massif jurassien était une terre émergée entourée par un océan ; déboutant l’hypothèse disant que durant l’ère jurassique, l’Europe était sous les eaux. « A l’époque, le Jura était au niveau de l’océan. Cette région était censée être recouverte par une mer peu profonde. Et si ces animaux ont marché à cet endroit, c’est qu’il y 150 millions d’années l’eau ne recouvrait plus cette zone », affirme Jean-Michel Mazin. Pour le scientifique, il est peu probable de retrouver des ossements de dinosaures dans le secteur. En effet, pour mettre à jour un squelette, il faut que l’animal soit fossilisé. Ce procédé permet d’emprisonner les empreintes mais dans le cas d’un squelette, le cadavre doit être rapidement et intégralement enfoui dans la terre. Etant donné la corpulence de l’animal cela semble impossible. Toutefois, les paléontologues ne sont pas à l’abri de découvrir une dent ou tout autre fragment osseux dans les parages.
Olivier Sauvat