Collectivités territoriales : « Un hold-up joyeux »

Collectivités territoriales : « Un hold-up joyeux »

Nicolas Sarkozy a présenté mardi matin son projet de réformes des collectivités territoriales. Il a notamment annoncé la création pour 2014 du poste de « conseiller territorial », qui doit faire le lien entre les politiques départementales et régionales. La réaction de Gérard Collomb n'a pas tardé. Baisse des effectifs, mélange des genres, changement de scrutin, jusqu'à la suppression de la taxe professionnelle, le maire de Lyon nous donne son point de vue.

Lyon Mag.com : Vous sentez-vous globalement volé par ce projet de réforme?
Gerard Collomb : Si je regarde d'un point de vue électoral, j'ai l'impression que le Président de la République et le Gouvernement veulent faire un « fric frac électoral ». Michel Mercier rigole un peu, parce qu'il y a une espèce de hold-up joyeux qui est fait. Nous nous aimerions mieux que le suffrage universel soit véritablement respecté. Pour le reste, sur la réforme des collectivités territoriales, on a progressé sur certains points. En particulier sur les métropoles multipolaires, ce que moi j'appelle les Métropoles d'Interêt Européen (MIEU). Elles doivent permettre à la France d'être présente dans la compétition européenne. Par contre je ne suis pas sûr que Nicolas Sarkozy, qui a évoqué l'héritage de la République, ne soit pas encore sur une conception très centralisée de la France. Aujourd'hui, il ne peut pas y avoir que l'action de l'Etat, c'est l'action de l'Etat et des collectivités territoriales. On ne peut pas dire que les élus sont gaspilleurs, des gens qui sont des immobilistes. Au contraire, je crois que les principales innovations se font sur nos territoires.

Si cette réforme passait en l'état, quels seraient les points négatifs pour Lyon ?
Faire que des gens qui sont minoritaires deviennent majoritaires par la magie de ces nouveaux scrutins, ce n’est pas possible. Je trouve qu'il est mieux que, quand les gens gagnent, ils soient majoritaires, et que quand ils perdent, ils soient minoritaires. C'est quand même revenir sur le principe de démocratie qui, si j'ai bien compris, était au cœur du discours du Président. Moi, je lui demande de l’appliquer dans les faits. On va lui souffler encore quelques nouvelles idées. Et s'il pouvait les accepter comme il a accepté l'idée de créer des MIEU, cela serait bien.

Le regroupement du Conseil Général avec le Conseil Régional, et les trois-milles élus qui vont « sauter », cela vous inspire quoi ?
Je crois que c'est justement là qu'il y a un petit problème. Il y a quatre-milles élus de gauche et deux-milles élus de droite. Je crois que ce qu'aimerait le Président de la République, et c'est le type de scrutin qu'il propose [NDLR : un scrutin nominal à un tour, avec une proportionnelle à partir de 20% des voix], ça serait deux-milles élus de droite et mille élus de gauche. Alors évidemment, si on a un tour de passe-passe qui permette de faire ça, je comprends que pour lui ce soit tout bénéfice. Mais ce n'est quand même pas l'expression de la démocratie. En plus je pense que sur le fond, ce n'est pas connaître la réalité locale que de vouloir aujourd'hui réunir le Conseil Général et le Conseil Régional. Pour moi, le Conseil Général, c'est l'ancrage territorial profond, au plus près des citoyens. Et puis le Conseil Régional, ce sont de grandes politiques.

Est-ce que pour vous, telle qu'elle est, c'est une réforme politicienne?

Il y a beaucoup d'arrières-pensées politiciennes. Je pense que le problème des collectivités locales et de la réforme territoriale est un vrai sujet. Il est abordé par tous les pays européens aujourd'hui, mais peut-être avec moins de connotations politiciennes qu'en France. Je vais essayer de dire au Président de la République et à Mr. Fillon que c'est une trop belle réforme pour la gacher avec des arrières-pensées électorales. Je suis confiant dans l'action du Président de la République et lui aussi devrait être confiant. S'il réussit, il n'y a pas de soucis à se faire, il n'y a pas besoin de changer les modes éléctoraux, il va gagner aussi les éléctions locales dans cette dynamique. N'aurait-il pas confiance en lui pour être obligé de changer avant ? Un peu de confiance, Mr le Président, soyez sûr de ce que vous faites aujourd'hui, ne vous sentez pas obligé de changer les modes de scrutin avant les éléctions.

Sans taxe professionnelle, comment allez-vous faire votre métropole au niveau européen ?

De toute façon il n’y a plus de taxe professionnelle, donc on ne peut rien faire. Il faut que les nouvelles taxes qui vont venir puissent concerner en priorité les intercommunalités parce que ce sont elles qui développent le tissu industriel. Nous aspirons au mieux, mais nous ne voulons pas avoir le pire sur le plan fiscal pour pouvoir faire le MIEU au niveau européen.

Propos recueillis par Gwénaël Windestrin

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2 commentaires
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@zabou le 21/10/2009 à 16:27

quelle analyse ! Merci. Franchement, avec ce genre de propos le débat avance.

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zabou le 21/10/2009 à 05:05

Occupez-vous de vos fonctionnaires de la Ville de Lyon ensuite seulement vous pourez donner des leçons. Il faut balayer devant sa porte avant de balayer devant celle du voisin

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