Et puis certains sont arrivés, certains se sont retirés depuis mon dernier article sur le sujet. Et les campagnes ont commencé. C’est donc l’heure d’un nouveau tour de postes.
Que vont donner les législatives à Lyon, dans la Métropole et dans le Rhône ?
1ère circonscription (ouest et sud de la ville de Lyon) : Il avait bien moins de monde à son inauguration de campagne que la fois d’avant (sans doute à cause de l’absence de DJ de qualité ou à un entre soi un peu claniste issu de la campagne des municipales) mais si le LREM Thomas Rudigoz n’aura pas la partie facile, il a des chances de se sortir vainqueur grâce à son implantation locale. Et à la tendance de cette circonscription à voter pour le camp du Président quel qu'il soit.
La NUPES l’aide un peu en envoyant une candidate du parti eurosceptique LFI Aurélie Gries plutôt qu’une socialiste ou une EELV dont la candidature aurait été plus simple. Même si le LFI Elliott Aubin avait fait un score honorable la dernière fois.
Rudigoz retrouve ainsi de l’espace sur le centre-gauche, très présent dans sa circonscription. Anne Prost, si elle peut bénéficier du soutien du brillant Maire LR de Lyon 2e Pierre Oliver, fait une campagne dépassée, répétant les éléments de langage de LR. Cette femme pourtant intelligente devrait davantage marquer la campagne de son empreinte personnelle si elle veut exister.
2e circonscription (Duchère, Vaise, Croix-Rousse, nord de la presqu’ile) : Hubert Julien-Laferrière le député ex PS, ex LREM, actuel cadre national de Génération Ecologie est dans une circonscription favorable à la gauche et aux écologistes. Son positionnement écolo et modéré tout en étant militant sur les questions de Droits Humains depuis 30 ans et son profil devraient être payants d’autant qu’il est sortant. Même si les candidatures dissidentes s’accumulent par exemple celle d’Adrien Drioli, en lui reprochant son passage un temps à l’aile gauche de LREM. Et même la présidente du groupe socialiste à la Ville de Lyon Sandrine Runel lui a reproché d’avoir trop souvent changé de parti…ce qui est tout de même gonflée de la part de cette élue qui a connu le PS mais aussi le PRG, les Verts et signait pour Emmanuel Macron en 2017
Pour la majorité présidentielle Loïc Terrenes l’ancien collaborateur de David Kimelfeld qui en fit son candidat à la direction de LREM dans la Métropole, et du ministre Olivier Véran fait du terrain pour se faire connaître du grand public. Et comme prévu, comme aux municipales, on a vu apparaître spontanément de nombreux faux comptes de réseaux sociaux pour insulter ses contradicteurs.
Myriam Fogel-Jedidi, LR a mis un peu de temps à trouver un suppléant parce qu’elle voulait tenter d’élargir sa base au-delà de la droite et essuyé quelques refus. Il lui faudra beaucoup de courage pour exister dans une circonscription qui n’est pas simple pour elle. Son fort caractère et sa pugnacité seront des atouts.
3e circonscription (Guillotière, Jean Macé, Monplaisir, Préfecture) : La candidate EELV Marie-Charlotte Garin, favorite dans une circonscription fortement ancrée à gauche désormais (après avoir été longtemps un bastion du RPR) s’adresse d’abord à son coeur de cible : “agoras citoyennes” de militants de partis de la NUPES), directrice de campagne issue des primaires citoyennes, programme national (et c’est son mérite elle ne cache pas ses différence sur l’Europe avec Mélenchon) plutôt que local. Avec son équipe très jeune et motivée ça peut être suffisant pour gagner dans une circonscription comme celle-ci.
La candidate de LREM Sarah Peillon actuelle députée suppléante, a beau être la responsable du parti présidentiel dans la Métropole de Lyon, elle est dans la circonscription de Lyon sur le papier la plus dure pour la majorité. Cette ancienne socialiste cherche à atitter les électeurs de la majorité présidentielle mais aussi ceux à gauche que le côté “camp du bien contre les méchants” “entre soi” de la NUPES peut rebuter. S’étant bien débrouillée lors des différents débats, elle peut capter une bonne part de l’électorat de centre-gauche. Que convoite aussi le radical de gauche Jean-François Auzal.
A noter aussi deux proches d'Eric Ciotti sur la ligne de départ : la candidate LR Béatrice de Montille commence mal. Chiffres inventés à la volée, rappels de son parcours d’entreprise qui n’est pas le sujet du débat, citations de divers membres de la famille De Villiers, la candidate des républicains s’est fortement ridiculisée lors des débats. Certes pas autant que son camarade désormais passé au RN Gérard Vollory, troll bien connu des commentaires de LyonMag, et ses photos de femmes noires exposées sur les plateaux télé. Mais RN et LR montrent le peu de considération qu’ils ont pour cette circonscription.
4e circonscription (Lyon 6e et une partie du 3e) :Implanté, modéré, affable, le maire LR du 6e arrondissement, Pascal Blache fera sans doute un bon score mais cela risque de ne pas être suffisant. La député sortante Anne Brugnera part très favorite même si cela fait grincer des dents y compris dans son propre camp. Benjamin Badouard (EELV) partage une campagne de jeunes gens enthousiastes avec Marie-Charlotte Garin. Par contre dans cette circonscription une campagne sur le coeur de cible exclusif de la NUPES ça pourrait ne pas suffire.
5e circonscription (Caluire, Monts d’Or, Val-de-Saône) : la majorité présidentielle avec l’ex LREM aujourd’hui MoDem Blandine Brocard devrait garder cette circonscription . Comme on l’a dit précédemment, l'ancien député LR Philippe Cochet reste dans sa mairie de Caluire, ne va pas au combat et laisse son adjoint Bastien Joint partir au feu. Le socialiste Fabrice Matteuci porte les couleurs de la NUPES et, s'il n’est pas très optimiste sur ses chances de victoire, essaie de faire le job par une campagne solide et sans accrocs.
6e circonscription (Villeurbanne) : le député sortant Bruno Bonnell (LREM) ne se représentait pas. C’est Emmanuelle Haziza (EX LR passée à Horizon) qui représentera la majorité présidentielle. Sa chance est d’avoir face à elle un parachuté mais surtout un membre de LFI dans une terre plutôt socialiste traditionnellement. Ca lui laisse un peu de place même si la NUPES devait normalement l’emporter. C’est aussi sur cet espace libéré à gauche et au centre-gauche que Katia Buisson, autrefois membre du PS à Lyon, devenue membre du PRG et adjointe au maire de Villeurbanne, soutenue par plusieurs socialistes et marcheurs locaux, va désormais tenter de jouer le coup. Et, quoi qu’il en soit, ce sera toujours intéressant pour le financement public du plus ancien parti de France.
Le maire PS Cédric Van Styvendael s'il n’a pu empêcher le parachutage de Gabriel Amard (LFI), gendre de Mélenchon, a toutefois évité le pire pour lui : que la circonscription soit attribuée à un ou une EELV bien implantée (par exemple Zemorda Khelifi) qui aurait ensuite cherché à lui ravir la mairie. Vu le nomadisme électoral de Gabriel Amard, le danger est faible. A noter aussi la candidature de Jean-Eric Sendè, figure importante du monde associatif, ancien assistant parlementaire du député sortant, aujourd’hui sous ses propres couleurs.
7e circonscription ( Rillieux, Vaulx, Bron) : C’est sans doute la circonscription la plus imprécise du Rhône et de la Métropole. Anissa Khedher (LREM, députée sortante) a ses chances, tout comme le plutôt flou maire LR de Rillieux-La-Pape (S'il gagne sera-t-il ou non proche du gouvernement) Alexandre Vincendet ? Et puis la NUPES a réussi de beaux scores aux présidentielles. Son candidat, Albert Lévy, a été finalement écarté. C’est Abdelkader Lahmar qui a obtenu l’investiture in extremis, après un rapport de forces internes dans une assemblée des quartiers populaires. Et aurait toutes ses chances sur un plan mathématique. Même si, à gauche, de Stéphane Gomez à Izzet Doganel en passant par Nordine Gasmi, les candidatures dissidentes sont fort nombreuses.
8e circonscription Nord-ouest lyonnais, l’Arbresle, Tarare) : Au vu de l’évolution de la sociologie de la circonscription Nathalie Serre, l’une des deux seules députées du département à siéger dans l’opposition de droite devrait avoir du mal à retrouver son siège. Dominique Despras devrait offrir au MoDem et à la majorité présidentielle un nouveau siège. La sociologie de la majorité actuelle correspond très bien à cette circonscription
9e circonscription (Villefranche, Beaujolais) : Le sortant Bernard Perrut sera finalement suppléant. Nous sommes ici dans une des rares circonscriptions du Rhône ayant échappé au parti de Macron en 2017. La circonscription est un héritage de notaire dont on se transmet le flambeau de père en fils. Tout va dépendre de…Reconquête le parti d’Eric Zemmour représenté ici par Claire De Guernon. S'il est suffisamment siphonné par le Rassemblement National, il y aura plan à trois entre LREM, le RN et LR. A ce jeu le siège ira à LREM et à Ambroise Méjean. Le chef national des Jeunes avec Macron,qui a mobilisé ses copains pour la campagne, pourrait faire une des plus jolies prises de ces législatives;
10e circonscription (Saint-Genis-Laval, Monts du Lyonnais) : La truculente socialiste Michèle Edery sera la candidate de la NUPES sur la circonscription suite au retrait de Claire De Boissieu, opposée à l’accord et qui part en dissidence. Michèle Edery, si elle a peu de chances de l’emporter, mène une campagne solide, un peu traditionnelle mais fidèle à ses convictions.
Membre du parti de centre-droit Agir (majorité présidentielle) l’ex LREM Thomas Gassilloud a commencé une campagne aussi discrète que sa fin de mandat. Sa circonscription est favorable, son travail est apprécié et devrait retrouver l’assemblée. La LR Sophie Cruz, soutenue par nombre d’élus du territoire, devra fendre un peu l’armure pour espérer.
11e circonscription (Givors et sud-ouest lyonnais) : Jean-Luc Fugit, est sans doute un des meilleurs experts sur l’énergie au parlement. Son adversaire PCF Abdel Yousfi pour la NUPES devrait faire un joli score mais ne semble pas en mesure de l’emporter dans cette terre très légitimiste. A noter que le fleuriste RN Michel Dulac a quitté ici la Guillotière pour tenter le coup dans une des rares terres du département où les europhobes de droite fassent des scores élevés.
12e circonscription (Tassin, Sainte-Foy, Oullins, ouest lyonnais): Le très décalé Cyrille Isaac-Sibille semble de loin le mieux parti pour l’emporter sur des terres modérées. Même si Jérôme Moroge, le maire LR de Pierre-Bénite, qui fut assistant parlementaire au temps où cette circonscription était fortement ancrée à droite veut faire plus que de la figuration. Certains dans son parti ne sont pas très enthousiastes de sa candidature, vestiges sans doute du dernier congrès de LR où il avait, avec Renaud Pfeffer, tenté de chipper la fédération à Alexandre Vincendet. Jean-François Baudin (EELV) devrait faire un bon score dans cette circonscription mais risque d’être largement distancé par LR et le MODEM.
13e circonscription (Décines, Meyzieu, est lyonnais) : Figure de la communauté arménienne, assistante parlementaire de la députée Danièle Cazarian (LREM) qui ne se représente pas, Sarah Tanzilli a affaire à Gilles Gascon le maire de Saint-Priest. Celui-ci mène une campagne tout azimuts qui a des chances de faire de lui l’un des rares députés LR de France dans une terre qui fut longtemps un bastion fort de la gauche avant de passer à la droite la plus hard puis à la majorité présidentielle.
14e circonscription (Vénissieux, St-Fons, une partie de St Priest) : L’insubmersible député LREM Yves Blein est candidat. C’est l’un des rares choses qui n’a pas bougé depuis mon dernier billet. Le socialiste Lotfi Ben Khelifa, tenté par la dissidence, ne s’est pas porté candidat notamment par faute de moyens (risquer de perdre 10 à 20 000 euros quand on part sous son nom propre, ce n’est pas à la portée de tous). La maire communiste de Vénissieux Michèle Picard a renoncé.
Reste le candidat de la NUPES. Au départ cela devait Taha Bouhafs, parachuté depuis Paris. Il n’est pas utile de revenir sur toutes les péripéties qui amènérent à un fiasco et qu’on trouvera aileurs. Du coup c’est Idir Boumertit, ex PRG passé à la France Insoumise qui sera le candidat NUPES. Bien implanté, tant à Vénissieux où il est adjoint, qu’à Saint-Fons où il est en responsabilité du club de taekowondo, il a toutes ses chances d’être le prochain député de ces quartiers populaires.
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Romain Blachier