Lyon Mag : Que pensez vous du retour de l'association à Lyon ?
Faïza Alami : Je dirai «enfin» parce qu’il y avait une attente. Beaucoup de gens se demandaient pourquoi il n’y avait pas de comité «Ni Putes Ni Soumises». Je dirai que c’est une renaissance, avec une autre équipe, pour travailler vraiment sur le terrain, avec les jeunes.
Pouvez-vous nous rappeler rapidement votre expérience et le message que vous voulez faire passer?
Mon parcours est un peu banal. Beaucoup de femmes et beaucoup de filles nées au Maghreb ont vécu un mariage forcé. J’en fais partie. Pourtant, à l’âge de 15 ans, j’étais une bonne élève, à l’école française. Je faisais de brillantes études. Puis on a décidé de me marier. Je me suis rebellé. Je suis vraiment une femme insoumise depuis toujours ! J’ai donc été marié, j’ai consommé. J’ai demandé le divorce qui, n’existait pas. J’ai obtenu la répudiation, et je suis partie Bac en poche, après des études par correspondance. Je me suis inscrite à la Sorbonne à Paris où j’ai fait des études obtenant un DEA sans aucun moyen. J’ai fait des petits boulots, habité une chambre au sixième étage. Après, j’ai travaillé dans les ZEP en tant que maitresse auxiliaire, sur la difficile zone de Créteil. J’avais envie d’apporter aux jeunes, de les rencontrer, parce que je savais et je sentais qu’ils avaient une soif d’apprendre. Je pense avoir réussi a faire passer la soif d’apprendre aussi bien aux garçons qu'aux filles.
Le drame d’Oullins a été le déclencheur de la reformation du collectif à Lyon?
Absolument. Le drame d’Oullins ne doit plus se reproduire. A l’association, nous avons pensé que ce type de crime d’honneur était fini. C’était pour nous un nouveau cauchemar. Les gens du quartier, les gens investit dans la association ont vu que l’association manquait. On vient en réponse a cette demande, pour amener les garçons à connaître mieux les filles. Penser, quand on voit une fille, à une relation uniquement de sexe et de "baise", c’est dramatique. Une relation est faite pour faire connaissance, pour se découvrir, s’aimer. Avoir tout simplement des flirts, ce n’est pas interdit ! On sent que beaucoup de gamins n’osent pas aller vers les filles car ils pensent tout de suite : «Si un autre le faisait à ma soeur, je n’apprécierais pas». Il faut qu’ils vivent de manière autonome leur désir de vivre des expériences avec des filles.
Quel est la situation des filles dans le Rhône?
C’est de plus en plus difficile dans les quartiers. Les filles n’osent plus sortir tranquillement, s’habiller comme elles le veulent. Elles s’habillent n’importe comment pour sortir du quartier et dès qu’elles le quittent, elles se remettent un peu de maquillage, elles se mettent en jupe. Comment découvrir sa féminité si, lorsque l’on se met en jupe, on est une pute ? Il reste beaucoup de travail à faire en terme d’éducation à la sexualité. Cela manque énormément à la découverte du corps, aussi bien pour les garçons que pour les filles. On le fait à l‘école mais ce n’est pas suffisant,parce que les parents ne parlent pas de sexualité avec leurs enfants. Il n’y a pas d’ «espace» où les jeunes peuvent tout simplement aller pour se renseigner quand ils ont des questions à se poser. Et ça manque énormément.
Pour vous, seul «Ni Putes Ni Soumises» peut faire ce travail?
Je ne dirai pas seul mais avec «Ni Putes, Ni Soumises». L’Etat doit aussi apporter en termes d’encadrement des jeunes et de réponses à leur questionnement. Nous sommes une association. Le rêve serait que les associations n’existent plus. Alors, tout serait pacifié et nous n’aurions plus de problèmes de litiges et de violences envers les filles.
Les problématiques sont elles les mêmes à Lyon?
Je crois que les problématiques sont les mêmes pour tous les adolescents. Leurs rêves se ressemblent énormément. Même s’ils aiment se distinguer dans leur façon de s’habiller, de se comporter il se ressemblent tellement. Sauf qu’ils ne vivent pas dans le même univers. Les problèmes qui se posent dans les quartiers ghettoisés sont vraiment terribles. Ce que veut «Ni Putes Ni Soumises», c’est que les enfants, les jeunes, puissent se promener dans les quartiers en toute sécurité, qu’il y ait de quoi s’occuper, un espoir pour eux. Ils ont les mêmes rêves, mais ils s’empêchent de les avoir parce qu’il y a une forme de jeu, et de rôle a tenir, une sorte de carapace. Dès qu’une fille sort habillée un peu différemment, ils le considèrent comme une pute. Alors ces jeunes s’essayent avec les filles des villes qu’ils considèrent comme plus faciles.
Cette problématique ne dépasse-t’elle pas le rôle de l’association?
Non, je ne crois pas. Ca ne nous dépasse pas. C’est notre rôle d’être une sorte d’apaisement, un espace de liberté. Et de parler aux garçons, leur dire aussi qu’ils ont leur place en considérant qu’eux aussi ont leurs souffrances. Je crois que les garçons souffrent aussi de ne pas rencontrer les filles, de ne pas discuter avec elles. Il y a des murs entre les jeunes. Ils ne se connaissent pas forcément. Il n’y a pas d’espace de rencontre, même dans les familles. Le rôle du garçon et le rôle de la fille sont prédéfinis, inamovibles. Cela se transforme souvent en violence familiale, c’est d’ailleurs l’histoire du drame d’Oullins.
votre association c'est juste une arnaque qui est basée sur du mensonge vos rendez services à personne.
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