Lyon Mag : Aujourd’hui, nous fêtons les 91 ans de l’armistice. Comment va-t’on pouvoir continuer à perpétuer le devoir de mémoire ?
Eric Martinez : Le devoir de mémoire peut se perpétue grâce à la sensibilité qu’ont les élèves du massacre qu’a été la Première Guerre mondiale et à la souffrance qu’ont subi les nations, à la fois du côté du front et du côté civil. Le message des Poilus à la fin de cette guerre est clair : «plus jamais ça». Et cela a un sens si elle fût nommée la «Der’ des Der’». Il est encore possible de le transmettre cet héritage grâce aux images, qui montrent l’étendue de l’hécatombe qu’a été la Première Guerre mondiale.
Pensez-vous que ces images interpellent les élèves ?
Elles interpellent les élèves, mais il ne faut pas en rester là. Sinon, on reste dans le superficiel. La sensibilité réactive est toutefois bonne à interpeller pour éveiller la conscience. Ce qui est important. Il faut également comprendre comment il a été possible que les personnes s’engagent de cette façon et quel a été l’engrenage pour y arriver.
Quelle est l’approche des jeunes aujourd’hui? S’y intéressent-t’ils ou est-ce déjà trop loin dans le temps ?
Il y a effectivement par rapport aux générations précédentes une impression de lointain dans le passé. Ça va faire bientôt un siècle. Les derniers Poilus on disparu. Il y a cependant une sensation de modernité à travers les dimensions de cette guerre. L’approche est moins familiale car il n’y a plus les récits des grands-parents ou des arrières grands-parents. Mais il y a quelque chose qui interpelle toujours nos jeunes, c’est l’étendue de cette guerre, tant géographique qu’humaine.
Cette guerre a t’elle des similitudes avec celles que l’on voit aujourd’hui ?
C’est la première guerre industrielle, c’est la première guerre où vous avez la mobilisation totale de la population civile ainsi que des moyens de l’économie. C’est aussi la première guerre qui, par le nombre de morts, touche à peu près toutes les familles. Il y a quand même une forme de modernité là dedans. Certes, la guerre de position n’existe plus mais la Première Guerre ne se résume pas qu’à cela. Il y a eu du mouvement au début et à la fin. Et puis, regardez la guerre en Irak. Elle a durée huit ans, avec des tranchées également. Pour les très grands pays industrialisés, possesseur de la bombe atomique, c’est inimaginable de revivre une configuration comme celle de la Première Guerre mondiale, mais l’aspect pragmatique fait que, parfois, vous avez des guerres de positions.
A-t’on un héritage concret de la Première Guerre mondiale?
L’héritage, c’est quelque chose de difficile à juger. On ne peut pas dire que les formes de guerres actuelles sont un héritage de la Première Guerre mondiale, mais il y a des similitudes. Par contre, l’héritage culturel que nous a laissé cette guerre est certain. Maintenant, les formes militaires ont changé, et nous sommes autant des héritiers de la Première Guerre mondiale que de la Seconde, ainsi que des guerres de décolonisation d’Indochine et d’Algérie.