Tensions pédiatriques aux Hospices Civils de Lyon : la faute à deux ans de masque ?

Tensions pédiatriques aux Hospices Civils de Lyon : la faute à deux ans de masque ?
Photo d'illustration - LyonMag

Alors que le froid progresse, on entend de plus en plus souvent une petite musique inquiétante, parfois issue de la bouche des parents dans les salles d’attente des cabinets de pédiatrie de la métropole.

La situation sanitaire des tout petits serait préoccupante et les lits d’hospitalisation pour eux tous occupés dans les hôpitaux lyonnais. Pourquoi ? Le port du masque des futures mères depuis mai 2020 pourrait avoir eu pour conséquence de rendre moins résistants aux virus de l’automne-hiver 2022 les nourrissons, faute de transmission des anticorps de la mère à l’enfant tout juste nés.

Pour en savoir plus, le service presse des HCL nous obtient un (pas si) rapide coup de téléphone avec le Dr Yves Gillet, chef de service des urgences pédiatrique aux HCL.

Que voit le Dr Gillet sur le terrain ?  D’abord - il le répète - une très forte montée des passages aux urgences pédiatriques pour cause de bronchiolite. Alors qu’en 2021, pendant le pic épidémique de cette infection qui touche les bébés, l’hôpital Femme Mère Enfant de Bron ne dépassait pas 30 passages par jour, la moyenne de ces dernières semaines est plutôt à 35, parfois jusqu’à 40. Ce n’est par ailleurs qu’une partie de la masse de travail qui frappe les soignants de HFME. Dans l’ensemble, le total des visites en pédiatrie se situe aux alentours de 300 à 320 passages par jour. "Nous avons toujours un pic hivernal, la situation est difficile tous les hivers, mais cet hiver est particulièrement rude", souffle le Dr Gillet qui situe la situation 2022 au plus haut en dix ans.

"Les applaudissements pour les covid d’il y a deux ans, nous on les mérite aussi maintenant", poursuit-il.

Face à l’afflux des consultations pédiatriques dans un contexte national par ailleurs très tendu (la presse nationale s’est faite l’écho de tribunes des pédiatres tentant d’alerter le Président de la République sur leur situation extrêmement difficile dans les services hospitaliers) les HCL ne restent pas les bras ballants. Les jeunes de 15 ans ou plus ne sont plus suivis en pédiatrie mais en consultation adulte.

Comme aux moments les plus tendus de la première vague du Covid-19, des déprogrammations sont effectuées : "Certains lits en chirurgie sont transformés en lits médicaux pour les bébés avec bronchiolites, bien sûr traités par des équipes médicales. Cela demande en soutien une mobilisation des équipes d’encadrements et d’administration qui font un travail formidable dans un contexte de tension incroyable. Les applaudissements des équipes médicales contre le COVID 19 d’il y a deux ans et demi, nous on les mérite aussi maintenant. Bon… on ne les aura pas mais on se les offre à nous même".

Reste la question de départ : les masques pendant deux ans, sont-ils responsables – au moins en partie – de la vague des virus qui déferlent actuellement sur les tout petits ? Ce n’est pas du tout l’avis du Dr Gillet. Pour lui, s’il est évident que les mesures sanitaires prises depuis mai 2020 ont modifié l’épidémiologie virale, mettre la vague actuelle des virus sur le seul dos du masque est présomptueux.

Tout juste accepte-il de reconnaître qu’à Lyon (comme ailleurs) on "a une dette immunitaire cette année. C’est-à-dire que nous n’avons pas payé notre dette aux virus type bronchiolite les deux dernières années. Peut-être tout simplement car la vague de l’année dernière a été faible, et qu’elle a eu lieu très tôt. Plus d’un an plus tard – c’est-à-dire aujourd’hui - le peu d’immunité acquise par la population l’année dernière, s’est dissipée depuis longtemps". Contrairement au virus de la rougeole qui passe par le sang et qui incube longtemps, le virus de la bronchiolite (comme celui du COVID comme chacun maintenant le sait) est très rapide et n’opère pas par le sang. Le corps humain ne fabrique donc pas une robuste immunité. Si une vague de virus a lieu tôt une année et tard l’année suivante l’immunité est peu présente dans la population.

Que cela soit l’explication ou pas, la situation reste la même : tendue sur le front de la pédiatrie lyonnaise.

@lemediapol

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11 commentaires
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Cello le 01/12/2022 à 09:31
Gg a écrit le 30/11/2022 à 21h08

Chers amis, allez dans le privé, eux au moins, n'ont pas d'état d'âme

Et s'il n'ont pas de lit ils vous enverront aux urgences ...., publiques !.

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De Lyon le 01/12/2022 à 09:11

"Le port du masque des futures mères depuis mai 2020 pourrait avoir eu pour conséquence de rendre moins résistants aux virus de l’automne-hiver 2022 les nourrissons, faute de transmission des anticorps de la mère à l’enfant tout juste nés."

Ce serait bien d'avoir l'avis d'un expert (un vrai) en la matière, mais ça pose question... et pas seulement pour la bronchiolite, mais pour notre immunité devenue réduite face aux virus.

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BAST69 le 01/12/2022 à 06:04

MERCI au personnel médical, bon courage.

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PATY le 01/12/2022 à 05:51

Plutôt la faute à un baby boom chez certaines catégories de la population...

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Bricoleur_nocturne le 01/12/2022 à 02:02

Alors ce n'est pas les masques mais la faute à la trop petite épidémie de l'année dernière.
Les masques ne sont-ils pas la cause de cette trop petite épidémie ?
Et en plus il pense qu'on va pas comprendre, c'est insultant.

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bolkian le 30/11/2022 à 22:28

On attend toujours le rapport scientifique (et non pas politique) qui montrera l'efficacité de cette chose horrible qu'on nous a obligé à porter.

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Gg le 30/11/2022 à 21:08

Chers amis, allez dans le privé, eux au moins, n'ont pas d'état d'âme

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Si seulement… le 30/11/2022 à 20:37

Enfin un article digne de ce nom. Merci à l’auteur. Si seulement c’était représentatif de LM !
A la place de Blachier, j’aurais trop honte pour oser encore jouer les « éditorialistes ».

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Nicole S le 30/11/2022 à 18:33

La liste des effets secondaires de la gestion de cette épidémie s'allonge chaque jour et ce n'est plus du fake complotiste malheureusement, les faits s'accumulent, le cauchemar est devant nous, c'est affreux.

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aimelyon le 30/11/2022 à 17:38

Non la faute à la gestion du gouvernement !! On oubli vite qu'ils furent plus que présent pendant le covid et toujours peu de moyen on leur donne c'est honteux!

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lyonaveczemmour le 30/11/2022 à 17:33

La leçon à retenir c'est que ce n'est jamais la faute des gouvernements successifs qui ont mis à mort le système de santé français.

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