Depuis plus de 2 mois, c’est un conflit dur qui agite le personnel de nettoyage de la Gare de Perrache.
Vingt-deux personnes sont actuellement en charge de laver les lieux. On parle d’un job ingrat, mal reconnu, avec des fiches de paie légères.
Depuis 30 ans, le Grand Lyon sous-traite ce nettoyage à une société privée. Aujourd’hui c’est la société Arc En Ciel, partie du groupe T2MC qui s’occupe de nettoyer la gare routière de Perrache. C’est à eux que le contrat est confié par la collectivité. Le groupe dispose plutôt de bonnes certifications professionnelles ISO. Reste que certifications ou pas, le milieu du nettoyage est dur, souffre d’un lourd déficit d’image et paie peu. La fin du mois, le découvert bancaire commence souvent le 2 quand on nettoie la gare de Perrache.
Alors que le marché public en bon de commande détenu par l’entreprise arrivait à expiration, la gouvernance actuelle de la Métropole de Lyon décide, conformément au programme présenté par le Président Bruno Bernard, de faire en sorte que ce marché soit désormais exécuté par une entreprise d’insertion et issue de l’économie sociale et solidaire. L'initiative est louable, politiquement cohérente et peut en effet être utile à des publics fragilisés. Elle est dans le reflet de parcours de bien des élus de la majorité métropolitaine et municipale comme Bruno Bernard, Sandrine Runel ou Emeline Baume.
Mais il y a un hic de taille : les 22 salariés de Arc-en-Ciel actuellement en poste pourraient perdre leur emploi dans l’affaire. Le groupe T2MC, entreprise classique, ne correspond pas aux critères d’attribution du marché passé par la Métropole: ce n’est pas une société d’insertion et elle ne relève pas de l’économie sociale et solidaire. Il se murmure aussi que Arc-en-Ciel n’a plus très envie de garder ce marché pas simple à gérer. Et que c’est aussi pour cela qu’elle ne se bouscule pas pour trouver une solution pour ses salariés.
En temps normal les salariés actuels pourraient dormir sur leurs deux oreilles : en cas de reprise d’un marché public, l’annexe 7 de leur convention collective permet normalement qu’ils soient réembauchés par la nouvelle société.
Seulement les conditions de passation du nouveau marché ne permettent pas cela : outre un nombre peut-être plus restreint de personnel dans la nouvelle attribution, le personnel actuel a beau ne pas rouler sur l’or et avoir généralement des vies pas simples, il n’est pas classé personnel en insertion…
Ce sont donc 22 emplois qui sont menacés. La société Arc-en-Ciel et le groupe T2MC, qui ne disposeront bientôt plus de ce marché, disent ne pas avoir de solution à proposer au personnel.
Une grève du nettoyage s’installe alors pour sauver l’emploi des personnels. Avec en aide à la coordination du mouvement la CNT-SO, organisation anarcho-syndicaliste de taille très réduite dans le syndicalisme français mais qui a réussi quelques luttes locales depuis qu’ils peuvent s’appuyer sur un fonctionnement avec des salariés syndicaux permanents.
La gare, déjà pas d’une gaieté formidable en temps normal, est sale ; jonchée d’ordures. Seul moyen possible pour ces salariés aux vies difficiles de se faire entendre de leur employeur et des pouvoirs publics.
Des personnalités politiques comme les députés NUPES Rachel Kéké et François Ruffin viennent soutenir les salariés.
Des partis et élus membres de la majorité métropolitaine atuelle comme le PCF (qui siégait aussi, comme EELV ou le PS, dans les majorités de Gérard Collomb et David Kimelfeld) ou, le Parti de Gauche demandent à l'exécutif de trouver une solution et mettent en cause la sous-traitance de la Métropole à des société privées.
La situation se tend encore quand le maire LR du 2e arrondissement Pierre Oliver vient nettoyer la gare laissée à l’abandon avec le mouvement de grève avec une brigade de citoyens volontaires. Puis des groupes de la majorité s’émeuvent quand la Métropole prend le choix de confier à une entreprise tierce le nettoyage de la gare le 1er décembre dernier, parlant de cassage d’un mouvement de salariés en grande précarité.
Autour du président Bruno Bernard et avec le soutien de la députée EELV Marie-Charlotte Garin et du vice-président Bertrand Artigny, beaucoup investi sur cette question et qui a reçu des membres du collectif ainsi que la direction de la société, on estime que c’est à l’entreprise et à elle seule de trouver une solution pour recaser les salariés. Même si Bertrand Artigny a déclaré au conseil de la Métropole du 21 novembre que la collectivité pourrait aider les salariés à retrouver un emploi en sollicitant les entreprises de nettoyage du territoire.
Ceux-ci, déjà dans des postes peu payés, sont au bord du gouffre après des semaines sans salaires. Mercredi, lors du rassemblement de soutien aux salariés, on apprenait qu’une solution de licenciement allait être proposée enfin au personnel par l’entreprise. Celà sera-t-il satisfaisant? La CNT-SO, généralement hostile aux solutions individu par individu sera-t-elle d’accord ?
Et comment la Métropole à l’avenir pourra-t-elle passer des marchés respectueux des valeurs sociales et environnementales, ce qui est une démarche pour le moins louable, en évitant d’involontaires casses sociales ?
En voulant changer le marché pour quelque chose de plus vertueux, c’est pour l’instant 22 salariés qui vont perdre leur emploi. Sauf si la Métropole finit, comme elle a commencé par l’affirmer, par trouver une solution, à la place de Arc-en-Ciel…
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Romain Blachier
Content du débat en commentaires. C'est bien plus construit que ce que j'ai souvent sous mes chroniques.
Signaler Répondrej'accepte la critique mais vosu n'avez juste pas lu l'article
Signaler RépondreDans un marché d’adjudication de prestations de nettoiement, la règle impose que la nouvelle entreprise adjudicatrice doit reprendre les salariés de l’entreprise qui a perdu le marché
Signaler Répondrec’est clair …! et c’est la norme de l’égalité de traitement entre les différentes entreprises pour ce type de prestation.
La Métropole ne peut pas changer les règles à sa guise. C’est tout simplement la loi.
Si, la métropole souhaite et veut une entreprise d’insertion,qui a ses propres règles et qui n’a pas l’obligation de reprendre le personnel compte tenu de ses statuts d’entreprise d’insertion ( donc pas d’égalité de traitement) , eh bien la puissance adjudicatrice devra assumer sa posture politique, clair ?
Et dans cette affaire, la Métropole sera, ine fine, condamnée à respecter les règles de traitement de l’égalité des marchés publics pas plus compliqué !
A vous lire il est interdit de faire le constat d’une situation qui ne fonctionne pas ou ne fonctionne plus, il est interdit de changer d’avis pire il serait criminel de constater qu’on a pu se tromper, on doit resté figé tétanisé à l’idée de se remettre en question. Êtes-vous un robot ? Le nombre de fois ou je me suis trompée ou j’ai même carrément foiré je ne m’entête jamais dans mes conneries surtout si un œil extérieur me le fait remarquer, ce qui manque a ce pays c’est l’intelligence d’accepter que nous sommes faillibles et imparfaits, ce qui tue ce pays ce sont les attitudes inflexibles «droit dans mes bottes, mon bras ne tremblera pas » par une sorte de fierté mal placée ? Haute opinion de soit ? Sourds aux idées du camp adverse car il a été défini un camp et chacun doit rester dans sa communauté sous peine d’être vilipendé ou répudié, vous rendez-vous a quel point cette situation est infernale ? Le même concept de fonctionnement importé dans une société privée et c’est le dépôt de bilan, voilà entre autre pourquoi ce pays échoue régresse et est incapable d’inventer un avenir commun sans violence, lorsqu’on ne sait communiquer qu’en invectivant, insultant, critiquant par un jeu pervers des partis on crée violence et agressivité pas certaine que cela continue a fonctionner longtemps.
Signaler Répondretout est dit
Signaler RépondreLes appels d’offres ou marchés publics sont une vaste fumisterie, choisir le moins cher sans les conditions éthiques qui sont soit disant les valeurs de gauche est d’une hypocrisie phénoménale, a quand des marchés publics que ce soit pour des achats de matériels, fournitures, constructions des labels «humanistes » salaires décents, horaires décents, respect des droits humains etc avec de telles conditions beaucoup de pays esclavagistes et d’entreprises non éthiques seraient obligées de changer de comportement a minima, mais comme d’habitude on fait semblant de, on chouine on est pas compétitif on perds nos entreprises ils suffit de jouer avec les mêmes règles pour un rééquilibrage de nos valeurs humaines, sauf que les nombreux exemples nous prouvent une fois de plus que l’humanisme n’est que blabla visant à endormir les vrais productifs afin qu’ils acceptent d’être les vaches a lait des financiers qui jouent les marionnettistes avec nos politiques dogmatiques. Et puis entre nous soit dit quoi de mieux qu’un peuple a qui ont interdit d’avoir un sens critique, dont le niveau baisse chaque année, on a même inventé le délit d’avis contraire pour être certain de tuer dans l’oeuf un éventuel désir de rébellion ou de changement de cap. Sommes-nous encore une république ? Je trouve nos élus inconsistants, et bêtes ils s’accrochent a leurs idées et sont incapables de travailler ensemble avec un objectif commun réussir, et avec ça ils veulent imposer aux peuples le vivre ensemble, n’est-ce pas ironique ?
Signaler RépondreAllez, explique moi alors.
Signaler RépondreIl n'y aucune obligation de reconduite ni de reclassement d'un marché en changeant les règles d'attributions. C'est dingue cette prétention à se croire malin en affirmant des sornettes.
Désolé, les règles des marchés publics sont très précises et ne sont pas à l’appréciation de la Métropole ou n’importe quelle autre EPCI!
Signaler RépondreMême si cela ne vous plait pas….
la non connaissance des règles de l’attribution des marchés publics par les élus en place laisse rêveur!
Signaler RépondreEt alors en ce qui concerne les commentaires de forum….
Bien évidemment sur le papier c'est beau....on veut reclasser des personnes socialement en difficultés. Rien de critiquable concernant cet objectif mais on peut quand même être surpris par une méthode qui envoie 22 personnes au chomage.
Signaler RépondreComme d'habitude les pouvoirs publics se déchargent sur une Sté privée. Pourtant en lançant cet appel d'offres avec les conditions notées la Métropole savait que la société Arc En Ciel ne pourrait pas répondre (j'ai passé 20 ans de ma vie professionnelle à m'occuper des réponses aux AO et à visiter ceux qui les initiaient). Le problème aurait du et pu être réglé bien avant.
Après c'est une question de priorité
Par exemple il est très bien de s'occuper des mineurs isolés même si ils ne sont pas si mineurs et pas si isolés que cela....mais cela a coûté plus de 40 Mio € à la France en 2021
Question de priorité ...on s'occupe des mineurs isolés ou on aide par exemple les agriculteurs retraités qui ont cotisé et travaillé toute leur vie ?
S'occuper des mineurs isolés c'est tellement plus vendeur humainement pour un Politique ou des associations...même si pendant ce temps nous avons des agriculteurs retraités qui sont en grandes difficultés
Le social excessif finira par nous envoyer à la cave....
J'ai pas voté pour EELV mais ils ont raison sur toute la ligne.
Signaler RépondreLe sujet est juste technique et personne n'y comprends rien :
- T2MC avait remporté un marché de prestation.
- La Métropole veut changer pour autre chose
- T2MC est OBLIGE par le droit du travail de 1) Reclasser ses salariés 2) Si jamais elle n'y arrive pas elle doit solliciter la Métropole et les concurrents pour demander de possibles reclassements dans leurs structures 3) si jamais elle ne parivent pas à cela, procéder à un licenciement économique.
T2MC fait partie de ces boites qui pensent que nos impots et l'Etat sera toujours au petit soin de son buisness et qu'elle n'aura jamais à assumer ses responsabilités de patrons.
L'entreprise a voulu jouer la montre, en se disant que l'Etat finirait par céder à ses caprices pour ne pas avoir à payer d'indemnité ou des reclassements éventuels.
Désolé de le dire mais BRAVO à la Métropole de ne pas avoir cédé à ce chantage.
J'espère que la fin de l'histoire ça va être T2MC qui va bien raquer ses indemnités pour gérer son buisness comme une huitre et la Métropole qui finira après cela par embaucher les agents dans ses structures.
Donc la métropole fait un choix qui entraine cette situation, amis elle n'en est pas responsable?
Signaler RépondreIl ne doit pas y avoir souvent de responsable chez vous.
J'ai beau le relire, mon commentaire n'évolue pas. Acceptez la critique cher monsieur.
Signaler RépondreIls veulent enfoncer ces 22 salariés dans la précarité pour ensuite pouvoir les recaser selon les nouveaux critères de la métropole??
Signaler Répondrecommenter un article c'est bien. le lire avant pour en connaitre le contenu c'est mieux
Signaler Répondre"Avec Arc-en-ciel, le droit du travail en voit de toutes les couleurs" titre Le Monde.
Signaler Répondrehttps://www.lemonde.fr/economie/article/2022/12/09/avec-le-groupe-de-nettoyage-arc-en-ciel-le-droit-du-travail-en-voit-de-toutes-les-couleurs_6153598_3234.html
Le groupe T2MC , fort de 9500 salariés n'aurait pas de solution pour reclasser 22 personnes ?
Signaler RépondreUn peu de sérieux.
Ils vont être licenciés ? Et bien Onet ou GSF recrutent dans le même secteur.
C'est a cette société, et uniquement à elle de trouver une solution pour son personnel .
Le donneur d'ordre, en l'occurrence la Métropole a publié son appel d'offre a ses conditions , elle n'a rien à se reprocher là dessus.
Contribution digne d'un enfonceur de portes ouvertes. Comme ci ce fait était nouveau ! L'ancienne mandature de cet élu n'agissait elle pas de la même ? Belle hypocrisie.
Signaler RépondreMerci Bruno
Signaler RépondreTu parles comme dans un livre
Signaler RépondreLa métropole n'a qu'a créer une cellule de reclassement pour ces 22 salariés. M'étonnerait qu'ils arrivent pas à leur trouver un nouvel emploi équivalent ou même mieux que l'actuel;
Signaler RépondreJ'ai beau ne pas apprécier les écolos et consorts, leur position est la bonne.
Signaler RépondreC'est à l'entreprise de ces salariés de les reclasser, et en l'absence de solution, d'aller sur un licenciement économique.
La métropole n'en est pas responsable.
Le reste n'est que blabla
Amateurisme et posture politique !!!!
Signaler RépondreEt, à la clé, 22 salariés pris en otage de cette gestion calamiteuse…..