Obstétriciens lyonnais : la grève continue

Obstétriciens lyonnais : la grève continue

Trois cliniques privées de l'agglomération lyonnaise font toujours face un mouvement de grève des gynécologues-obstétriciens libéraux. Il s'agit de l'établissement de santé Natécia, de la clinique de Rillieux-la-Pape et de la clinique du Val d'Ouest à Ecully. Les médecins ne s’estiment pas assez couverts : ils ne sont assurés que 10 ans en cas d’accident médical alors qu’une plainte peut-être déposée contre eux pendant 30 ans. Ils ne sont protégés également qu’à hauteur de 3 millions d’euros s’ils doivent verser une indemnité, alors qu’un procès peut leur coûter jusqu’à 9 millions d’euros. La suite du mouvement sera décidée jeudi après un nouveau débat sur la question devant le Sénat. Lyon Mag fait le point avec Véronique Julien, gynécologue à la clinique du Val d'Ouest.

Lyon Mag : Le mouvement de grève a été reconduit jusqu’à mercredi. Qu’est ce qui motive cette reconduite ?
Véronique Julien : Les motivations de cette grève sont simples.  Pour l’instant, on travaille avec des assurances qui nous couvrent pour des procès jusqu’à trois millions d’euros de dommages, alors qu’il peut y avoir des procès allant jusqu’au versement de six millions d’euros d'indemnités. Jusqu’à présent, le gouvernement n’avait jamais envisagé prendre sur les biens du médecins pour ces six millions restants. Il y avait des caisses de solidarité, mais cela est toujours resté très vague. Ce que l’on veut, c’est un texte qui nous assure que nous et nos successeurs ne soient pas embêtés pour des charges qui peuvent aller jusqu’à six millions d’euros d'indemnités. Mercredi à Paris va se réunir la commission paritaire mixte des sénateurs et des députés pour débattre de ces assurances et trancher.

Actuellement, vous êtes protégés dix ans, vous souhaiteriez étendre cette protection ?
Oui, car aujourd'hui, il est possible de porter plainte jusqu’à trente ans après les faits. Or, nos protections ne couvrent que jusqu’à dix ans. Si un procès avait lieu, après cette période, nous nous retrouverions sans assurance. On a beaucoup entendu dans la presse les obstétriciens se comparer à des automobilistes conduisant sans assurance. C’est exactement ça. Nous ne voulons plus travailler sans couverture. C’est le minimum pour une profession qui est déjà pénible, où les procès sont de plus en plus nombreux. On ne va pas en plus risquer notre ruine et la ruine de notre famille en travaillant sans assurances.



Il y a de plus en plus de procès ?
Oui. On prend peu à peu le chemin de l’Amérique, même si nous n’en sommes pas encore là. Aux États-Unis, certaines régions n’ont plus d’accoucheurs ! Des procès, il y en a de plus en plus. Nous avons un de nos confrères de Lyon qui vient d’avoir, en première instance, une peine de six millions d’euros de dommages. Son assurance ne lui en couvre que trois millions. Nous sommes inquiets. Les accoucheurs sont des gens que nous connaissons, qui travaillent bien. Mais il peut de toute façon arriver un souci. On ne peut plus s’exposer à cela.

Qu’est ce qui revient le plus dans les procès qui sont fait contre la profession médicale ?
Les procès qui sont fait touchent surtout les enfants fortement handicapés suite à un accouchement difficile. Comme la sécurité sociale couvre très mal le handicap, les personnes qui doivent éduquer des enfants fortement handicapés on besoin d’argent pour assumer ce handicap. Après, le gens peuvent parfois porter plainte pour tout et n’importe quoi. Malheureusement, ces procès qui peuvent coûter jusqu’à neuf millions d’euros touchent ces enfants fortement handicapés et par arborescence les familles qui n’ont pas d’autres moyens que le procès.

Un hôpital a été condamné la semaine dernière pour une affaire similaire, votre action n’arrive-t’elle pas trop tard ?
C’est le hasard total. A l’hôpital, il y a une couverture différente. Ils sont probablement couverts par les Hospices à Lyon, par les Hôpitaux de Paris. Les accoucheurs du public ne sont pas exposés comme nous à ce genre de souci. S’il y a des procès importants, c’est l’hôpital qui paye et non la personne. Que faut-il faire quand, par un procès, on vous reproche d’avoir trop réanimé un enfant ? Faut-il les réanimer ou pas ? Cela devient complètement fou. J’ai vu prendre en charge des enfants qui étaient très mal à la naissance, et qui maintenant vont parfaitement bien. Si on avait dit : «Il ne va pas bien, on le prend pas en charge parce qu’on ne veut pas prendre le risque qu’il devienne handicapé.», vous imaginez ! Cela voudrait dire que nous ne pourrions plus faire notre boulot.

Comment se passe concrètement ce mouvement de grève ?
Les urgences sont accueillies. toutes les patientes qui ont une dilatation suffisante pour ne pas être mutées sont gardées sur place. On ne va pas leur faire prendre le risque de prendre leur voiture et d’accoucher sur le périphérique. On s’occupe aussi de certaines urgences : dates de termes dépassées, déclenchements dangereux, grossesses à risques. Par contre, la patiente qui arrive en début de travail et qui n’a pas de soucis particuliers, nous lui donnons son dossier pour qu’elle aille accoucher ailleurs. Cela pose beaucoup de problèmes puisque toutes les maternités publiques autour sont complètement surchargées des accouchements du privé, ce qui ne pourra pas durer éternellement.

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Florence le 18/11/2009 à 23:03

La grève continue ...

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