Beaujolais Nouveau : les "Compagnons" de la tradition

Beaujolais Nouveau : les "Compagnons" de la tradition

Les festivités ouvertes mercredi soir, par Michel Mercier et Gérard Collomb dans les salons de la préfecture, marquent le début des traditionnelles réjouissances du Beaujolais Nouveau. Et derrière les évènements célébrant cette passion commune pour le terroir local et ses coutumes paillardes, se niche la passion d’hommes amoureux de leur terre. Bienvenue chez les «Compagnons du Beaujolais», cette confrérie qui chérit le sang de sa terre calcaire du Beaujolais. Georges Pédat, président de l’association, nous explique son fonctionnement à travers sa passion, intacte, pour le terroir qu’il représente. Voyage au coeur de cette identité culturelle.

Qui sont-ils, ces drôles de bonshommes, avec leur tenue folklorique et leur taste-vin autour du cou ? Les Compagnons du Beaujolais, accent typique et marotte chevillée au corps, sont les défenseurs du terroir Beaujolais. Créée en 1948, l’association compte plus de 12 000  de Compagnons à travers le monde, dont des chefs d’Etats, des ministres, des ambassadeurs, des stars du show-biz… Ils perpétuent les valeurs de savoir-faire de solidarité et de fraternité qui ont construit l’Ordre, dans l’esprit des Compagnons du Tour de France.

Car à l’heure de la fragmentation sociale, les Compagnons opposent une philosophie toute autre. Le Président de l’association depuis le 7 Avril 2009, Georges Pédat, ne dément pas : «Il faut aimer le Beaujolais. Il ne faut pas dire comme certains journalistes l’ont fait par le passé que ce n’est pas du vin. Nous sommes de véritables ambassadeurs et défenseurs de nos douze appellations Beaujolaises. » Les Compagnons n’ont de religieux que le sacerdoce et la dévotion à St-Vincent, saint-patron des vignerons, mais sans l’ascèse. Car l’objet de leur promotion incessante, plus Rabelaisienne, c’est le paillard Beaujolais.

La Beaujolais se décompose en plusieurs appellations découpées selon un classement des AOC. Les AOC de «cru» regroupent dix étiquettes : Brouilly, Chénas, Chiroubles, Côte de Brouilly, Fleurie, Juliénas, Morgon, Moulin à Vent, Régnié et Saint-Amour. Le Beaujolais, le Beaujolais villages et le Beaujolais blanc composent les AOC «régionales». Le Beaujolais Nouveau, fêté depuis 1951, est un vin primeur issu du Beaujolais ou  du Beaujolais-Village. Voilà pour le profane !



Le rôle des Compagnons est ainsi promotionnel. Ils sont présents sur certains évènements en rapport avec les vins du Beaujolais, mais jamais de leur propre initiative. Ils accompagnent, à la demande, les festivités mis en place par l’inter-professionnelle : «On vit en complémentarité de l’inter-profession. Si on nous demande d’apporter notre concours à un évènement, nous y allons. Notre rôle est d’accompagner les évènements où le Beaujolais est représenté». Et évidemment, pour le Beaujolais Nouveau, il y en a des centaines.

Et Georges Pédat de préciser le lieu d’ouverture des festivités lyonnaises ce jeudi : «Nous participons à la soirée qui va être donnée à la Cité internationale, dans les salons de l’hôtel Hilton ce jeudi.» Un des nombreux évènements propre à la région à cette occasion. Mais les Compagnons ont une vocation plus expansionniste : faire rayonner le Beaujolais Nouveau là où ils le peuvent, c’est à dire partout !

En effet, si la «maison-mère» comme le dit si bien Georges, se situe à Villefranche sur Saône, d’autres antennes ont poussé durant les 61 ans d’existence de la confrérie. Appelés «Devoirs», ils sont le relais hors région de l’association. «Il faut être sur le terrain quand il y a des manifestations où le Beaujolais est mis en valeur. Pour cela, nous avons créé des «Devoirs». C’est un copié-collé de ce qu’il y a Villefranche mais dans les régions. Il y a des maîtres-compagnons qui sont habillés en tenue et qui procède à des intronisations.» Un relais qui porte en son nom l’impérieuse obligation que se fait chaque compagnons d’être un relais amoureux de son terroir. Le «Devoir» parisien des Compagnons du Beaujolais, premier créé et fondé en 1949,  l’a été sous la haute autorité d'Édouard Herriot, illustre lyonnais Président du Conseil.

Et des «Devoirs», il y en a presque partout : « Nous en avons au Canada, aux USA, en Allemagne, à Barcelone, à N’Djamena au Tchad, Bangui en Centrafrique, au Togo à Lomé, au Mali et au Sénégal. Il y a aussi en gestation un Devoir en Hollande, en Chine, au Japon et à Valence.» Anecdote plutôt croustillante, le maire de Yokohama a été intronisé l’année dernière dans les salon de la mairie de Lyon, en tenue traditionnelle des Compagnons, avec le concours de Gérard Collomb. La maire de Yokohama est d’ailleurs pressenti, confie Georges, pour faire son «Devoir» au Japon.



Autre détail fondamental du Compagnon, sa tenue, que Georges nous détaille : «Nous avons un tablier vert, une vareuse noir, un chapeau noir avec un petit ruban vert, une cravalière avec un petit insigne, notre pantalon doit être noir et la chemise blanche. Autour du coup, nous avons un taste-vin qui est soutenu par un cordon rouge et vert qui sont les couleurs du Beaujolais.» Et pour qui voudrait revêtir un jour la tenue, le passage par le rite initiatique et cérémonial est incontournable : « il faut notamment boire une tasse aux dimensions énormes». S’en suit l’adoubement et l’intronisation «par Noé père de la vigne, par Bacchus dieu du vin et par Saint Vincent patron des vignerons.» Ce rituel d'intronisation a lieu lors d'une cérémonie appelée "chapître". Nombreux sont ceux qui, depuis 1948, ont été écrits par les divers Compagnons.

Au delà du folklore, de l’Ordre émane une vraie profondeur fraternelle. Et, pas bégueules pour deux sous, ils n’hésitent pas à partager. C’est grâce aux Compagnons que, ce jeudi après midi à partir de 15h, le célèbre Manneken pis de la Grand Place de Bruxelles urinera le vin primeur. Des festivités sont prévues à Annecy-le-Vieux dans l’après-midi. Une dégustation est également au programme, en la présence des Compagnons, à l’Assemblée Nationale et au Sénat. Alors, on pourra ergoter longtemps sur la qualité gustative du mono-cépage, sur le sempiternel goût de banane. Le Beaujolais à la faculté inédite de distribuer du lien social, et les Compagnons sont les gardiens du temple. Puisse la tradition être pérenne pour des années encore.

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2 commentaires
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gelule le 19/11/2009 à 18:49

Le « Beau Jeu laid » nouveau est arrivé ! Attention Tavernier Contrôle ton ballon ! D'un bon coup de poignet Fais tourner le bouchon N'est-ce pas le tassou Bleu blanc rouge d'hier Magnifique à ton cou Qui trône en bandoulière Mon Tavernier chauvin Franchouillard à souhait Bucolique et divin Débouche un beaujolais Buvons à la santé De notre ami Titi Quel bon coup de poignet Ce joueur de génie Ne soyons pas modeste Hypocrites légions Par la beauté du geste Ensemble applaudissons Après avoir défait Au rugby les champions Nous sommes les premiers Au porté de ballons Nos amis les barjots Reprennent avec moi Le diable a ses défauts Le bon dieu était là Quand à nos Irlandais Je leur offre un cadeau Mes vers pour oublier Mon « beau jeu laid » nouveau P.S. : Mes amis les sportifs, mes amis du bistro, Oh ! Ne soyez pas tristes, ne m'en veuillez pas trop, Je ne veux faire passer que dans mon « beau jeu laid » Le sourire de l'artiste au beau jeu de mot laid ! mon e-mail : mariyasham@yahoo.fr

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Amis Compagnons le 19/11/2009 à 16:20

"Vuidons les tonneaux"

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