Dès mardi, la cour d'assises du Rhône va se pencher sur l'affaire de la mort d'Axelle Dorier, le 19 juillet 2020 dans le 5e arrondissement de Lyon dans des circonstances atroces. Sa famille et le conseil des accusés ont accepté de témoigner, malgré la douleur, livrant quelques éléments qui devraient être entendus lors témoignages aux 24 colonnes.
Une rencontre fortuite
Cette nuit d'été sur la colline de Fourvière, vers 3h30 du matin, la jeune femme de 23 ans fêtait son anniversaire lors d'une soirée dans le parc des Hauteurs, aux côtés de ses deux frères jumeaux ainsi qu’une trentaine de proches. "La soirée était bien, on s'amusait puis trois voitures sont arrivées, et se sont stationnées un long moment sans que cela nous interpelle" décrit Théo, l'un des frères présent dans le parc durant les faits.
Mais un convive, propriétaire d’un chien, avait vu son animal se faire percuter par l'une des voitures dans ce parc pourtant interdit aux véhicules. Une altercation avait éclaté entre les fêtards et les jeunes femmes présentes dans la Twingo. "Leur vitre arrière a été cassée" reconnait Théo.
L'échange ne va pas plus loin, jusqu'à l'arrivée d'une autre voiture devant la sortie de l'espace vert situé au pied de la basilique de Fourvière. Et ses occupants, selon le frère de la victime, sont beaucoup plus véhéments. La nuit bascule.
La colline de l'horreur
Dans cette Golf GTI noire qui cherche à quitter les lieux, Youcef et Mohamed, âgés de 22 et 19 ans. Les deux cousins venaient de se rendre à un mariage, avant un rendez-vous galant avec les filles de la Twingo qui venaient de percuter le chien.
Selon Me David Metaxas, avocat des deux accusés, "ils ont été rapidement alpagués par une vingtaine d’individus, l’un d’eux a même sauté sur le capot du véhicule avec un couteau à la main, le pare-brise finira étoilé".
Mais pour Théo, ce sont bien les deux jeunes hommes qui ont "ouvert la fenêtre et débuté un échange violent". Un crissement de pneu plus tard, les cousins démarrent en trombe pour tourner à gauche dans le parc, en plein dans une impasse.
Youcef réalise un demi-tour en direction de la sortie de nouveau. Mais Axelle se met en travers de sa route, et se fait renverser une première fois. C'est vraisemblablement alors qu'elle était en train de se relever qu’elle a ensuite été emportée par le châssis de la berline, puis mortellement trainée sur un peu plus de 800 mètres. Un autre participant de la soirée a aussi été percuté et légèrement blessé.
"Je me souviens avoir vu la robe rouge de ma soeur à travers la lunette arrière" confie Théo, "avant que la voiture ne parte à pleine vitesse, en laissant une trainée". Ces marques, qu'il pensait être "des traces de sable", il s'agit en réalité de marques de sang, le chemin funeste qui conduira jusqu'au corps de la victime.
Arrivés sur place, à quelques pas du théâtre antique, les sapeurs-pompiers n’avaient rien pu faire pour sauver la Franchevilloise. "Nous étions pétrifiés, certains ont perdu la parole sur le moment", souffle Théo qui a mis du temps a réaliser le drame.
Les deux cousins, après avoir pris la fuite, avaient fini par se rendre à la police, vers 5h30 du matin. Depuis, le premier a été incarcéré, le second a été laissé libre sous contrôle judiciaire.
Axelle sera finalement enterrée le 4 août, dans la stricte intimité. Une marche bleue sera aussi organisée entre proches dans les Monts du Lyonnais, tandis qu'une fresque sera peinte sous un préau de Francheville où Axelle avait l'habitude d'aller. D'autres hommages seront menés, par les supporters de l'OL ou des policiers lyonnais. En ce début de semaine, un tag "Justice pour Axelle" a également été inscrit à la peinture dans la rue de l'Antiquaille.
L'affaire sera particulièrement médiatisée et politisée par certains responsables politique. "Elle n'était pas comme ça" juge Sophie, sa mère. "Nous nous sommes déconnectés, nous étions dans notre peine", raconte celle qui est allée sur les lieux après avoir été réveillée par un l'appel de son fils qui avait vu Axelle disparaitre.
Deux versions, 20 ans encourus
A partir de mardi, Youcef, le principal accusé fera donc face à des accusations de violence avec usage ou menace d’une arme ayant entraîné la mort sans intention de la donner et de délit de fuite. Celui qui conduisait malgré la perte de ses points risque jusqu’à 20 ans de prison. Mohamed, le passager, est lui poursuivi pour non-assistance à personne en danger.
Me Gabriel Versini, l'avocat des parties civiles, "ne voit pas comment les deux individus n’ont pas pu acter, voire constater et appréhender, que cette jeune femme soit passée sous les roues de la voiture. On vient vous dire ‘on n’a rien vu rien entendu, rien senti’ alors que dans le même temps un corps était en train d’être démembré". "Pour nous c'est un meurtre" conclut Pierre, le père d'Axelle.
Du côté de la défense, Me Metaxas demande à se faire "expliquer pourquoi les deux hommes auraient voulu tuer quelqu’un qu’ils ne connaissaient pas. Il n’y a aucune explication rationnelle, d’autant que mes deux clients ne sont pas des violents, le chauffeur notamment n’a aucun antécédent judiciaire". Dès mardi, il devrait tenter de convaincre le jury populaire qu'Axelle "a donc tenté d’arrêter une voiture qui prenait un itinéraire de fuite".
Le clan Dorier attend de son côté "la vérité" et que les deux accusés "assument". Le procès débutera mardi à 9h30 à la cour d'assises de Lyon. Le verdict doit être rendu vendredi.
J.D.
Francocide.
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