Beaucoup de Lyonnais l’auront certainement remarqué, Grégory Doucet arbore de plus en plus souvent une cravate lors de ses apparitions publiques. Loin d’une nouvelle coquetterie, ses conseillers l’ont semble-t-il convaincu que ce symbole, longtemps honni du patriarcat, avait encore quelques vertus. A commencer par celle de donner un soupçon de crédibilité supplémentaire à la parole d’un maire jusque-là plus connu pour ses discours parfois ésotériques et une impressionnante série de dispensables polémiques.
Black Friday sauvage au cœur de Lyon
Cette petite entorse stylistique au dress code officiel des écologistes n’est rien face à la spectaculaire conversion sécuritaire que vient d’opérer le maire de Lyon. Samedi 1er juillet, au lendemain d’une nuit de saccages et de pillages ahurissants au cœur de Lyon, Grégory Doucet a imploré l’Etat de dépêcher des renforts de police entre Rhône et Saône. Cela sera chose faite rapidement avec l’envoi de la CRS8, pas réputée pour être la plus tendre lorsqu’il s’agit de lutter contre les violences urbaines.
On n’évoquera pas ici la mort tragique du jeune Nahel à l’origine d’une vague d’émeutes sans précédent aux quatre coins du pays. Tout simplement parce que la colère initiale générée par ce drame n’était à l’évidence pas la principale motivation de ces groupes de jeunes qui ont méticuleusement pillé les boutiques, le temps d’un Black Friday sauvage.
Certes, personne ne saurait raisonnablement faire porter à Grégory Doucet et sa majorité le chapeau bien trop grand des maux accumulés par notre société depuis des décennies. En revanche, il n’est pas interdit de pointer leur contribution à l’accélération de ce délitement au niveau local.
La sécurité dans l’angle (presque) mort des politiques municipales
Depuis son élection en 2020, c’est peu dire que la question de la sécurité n’est pas celle qui mobilise le plus l’exécutif municipal. Un angle (presque) mort de l’action municipale, dont il serait faux de dire qu’elle est surprenante. La défiance des Verts à l’égard de tout ce qui tourne autour de l’ordre et de la sécurité est inscrit au plus profond de l’ADN originel de l’écologie politique. Toute expression d’une aspiration populaire à plus de sécurité est systématiquement catalogué d’extrême droite, le plus souvent avec une exquise condescendance.
Toujours là où on l’attend, Sandrine Rousseau, coreligionnaire du maire de Lyon au sein d’EELV, s’interrogeait d’ailleurs dans un tweet faussement naïf : « Et si le pillage avait à voir avec la pauvreté ? Peut-être est-ce à analyser politiquement pas juste sécuritairement ? ». Nul doute que les commerçants en train de réparer leur boutique saccagée gratuitement ont apprécié cette énième glorification de la culture de l’excuse qui transforme le coupable en victime.
Dans un monde toujours plus complexe, confus et conflictuel, le minimum que l’on peut attendre de nos responsables politiques est d’avoir un message clair, cohérent et responsable. C’est encore plus vrai pour un maire, élu de proximité par excellence.
Coups de canifs à répétition dans le contrat social
Or quand le maire de Lyon célèbre, au nom du sauvetage de la planète, les actes de désobéissances civiles, ne met-il pas un coup de canif dans le contrat social dont il est censé être l’un des premiers garants ? Ces actes portent pourtant en eux une lourde violence symbolique pour celles et ceux qui les subissent.
Quand en 2021, le maire de la troisième ville de France manifeste en souriant sous une pancarte dénonçant "Police = scandale", avant qu’une adjointe au maire du 8e arrondissement ne publie dans la foulée sur Twitter un message pointant "la culture du viol" dans la police, sans qu’il ne trouve rien à y redire, il contribue à fissurer le socle de ce même contrat social. Même chose quand il laisse proliférer dans toute la ville les tags anti-police ACAB (All Cops Are Bastards).
Au sommet de l’indignation face aux insupportables méfaits de groupes d’extrême droite, Grégory Doucet se contente en général de condamner sur le tard et du bout des lèvres les exactions bien plus fréquentes et dévastatrices commises ces dernières années à Lyon par les militants d’une extrême gauche dont les liens avec la majorité municipale sont connus de tous.
Sortir de l’onanisme intellectuel
Quand le maire de Lyon, avec plusieurs de ses élus, pose sa signature sur un appel des Soulèvements de la Terre à manifester en Savoie contre le Lyon-Turin, dossier qui n’est pas de sa compétence et dont il ne sait apparemment rien, il cautionne un mouvement qui prône officiellement la violence et le sabotage des infrastructures, aux cris de "tout le monde déteste la police". La patronne nationale des Verts, dont il épouse la ligne écolo-radicale, s’est d’ailleurs jusqu’à aujourd’hui refusée de condamner ces violences.
La violence et la haine qui ont explosé la semaine dernière à Lyon ont certes sidéré par leur intensité et leur ampleur inédites. Mais cela fait longtemps qu’on les rencontre de manière diffuse tous les jours dans les transports, dans les rues, à l’école…à Lyon comme dans la plupart des métropoles.
Si le maintien de l’ordre est assurément une compétence de l’Etat, faciliter son travail commence pour les élus, par ne cautionner aucune manifestation de violence réelle ou symbolique, fussent-elles commises au nom d’une cause que l’on a décrétée juste. Dans la limite de ses compétences légales, la Ville a également à prendre toute sa part. De ce point de vue, l’audit sécurité réalisé dans la douleur par la Ville de Lyon relève de la pantalonnade et les moyens qu’elle déploie dans ce domaine sont clairement insuffisants. Les syndicats de la police municipale sont les premiers à le déplorer.
Poster, au milieu de centaine de publications en écriture inclusive sur les pistes cyclables et les cours dégenrées, quelques tweets de visites sur le terrain avec la police municipale en jurant la main sur cœur (et en se bouchant le nez) que la sécurité est une priorité, ne saurait être une réponse suffisante. Tableau caricatural ? A peine…
Sur fond d’abstention inédite, la municipalité EELV a été élue en 2020 par le noyau dur de son électorat. Grégory Doucet n’en est pas moins le maire de tous les Lyonnais. Il n’est plus le militant d’une vision angélique de la société, cultivée dans l’entre soit de minorités idéologisées qui, jusqu’à la semaine dernière, étaient en grande partie à l’abri des réalités brutales de la ville.
L’appel du maire à des renforts massifs de policiers marque-t-il un changement d’état d’esprit ? Sans tomber dans l’obsession sécuritaire, il faut l’espérer. Comme il faut espérer que l’équipe municipale sorte enfin de son onanisme intellectuel qui, au nom de l’intersectionnalité, flatte les communautarismes de toutes sortes, promeut un féminisme élitaire à géométrie variable, pourfend dans un même élan le capitalisme et les masculinités toxiques, sans oublier d’enfourcher tous les combats pour les droits de minorités qui archipellisent inexorablement le corps social.
En attendant d’atteindre le degré ultime de conscientisation du monde dont s’enorgueillissent les élus écologistes, l’immense majorité des Lyonnais a pour l’instant des aspirations plus terre à terre : aller bosser sans passer des heures dans les transports, se promener dans des rues propres et sans tags, ne pas se faire traiter de "sale pute" dans le métro, ne pas prendre une gifle pour un regard de travers, ne pas se tordre le ventre quand la petite dernière de 17 ans sort le soir boire un verre avec ses copines…
Alexandra Carraz-Ceselli
Professionnelle des médias et des politiques publiques,
Fondatrice de "L’équipe des Lyonnes", pour encourager les femmes à prendre leur place dans le débat public
pas un seul feu, pas de pillage, même pas quelqu'un qui parle mal....en Corse.
Signaler Répondrepeut être des idées a prendre?
Tant de vérités en ces quelques lignes...
Signaler RépondreJe n'ai jamais voté écolo, et c'est quelque chose qui est devenue totalement inenvisageable quand on voit ce que Doucet et ses potes, notamment Piolle, sont capables de dire et faire...!
superbe article plein de réflexion et de bon sens et qui reflète sûrement le sentiment de beaucoup de lyonnais. ça nous change agréablement des commentaires souvent ras du sol !!!
Signaler RépondreAllez on ouvre une cagnotte en ligne pour payer le voyage à Gregory pour .....tres loin!
Signaler RépondreEn mode Edgar dans les Aristochats ....(reference de boomer mais elle me fait rire)
Gageons que la cagnotte va atteindre des sommets en quelques heures ...
Chiche?
C'est clair que les écolos vont maintenant avoir du mal à faire passer certains principes qu'ils ont sur le social, maintenant qu'ils en sont victimes comme tout le monde depuis de très nombreuses années.
Signaler RépondreC'est malheureux dans ce pays il faut toujours qu'il y ait un drame pour que certains prennent conscience des réalités...
Après son stage lyonnais, le parigot pourra repartir en mission humanitaire.. s'ils veulent encore de lui !
Signaler Répondrepour votre diagnostique eclairant(et...... indispensable?)hi,hi,hi
Signaler RépondreLa nature doit être respectée .
Signaler RépondreNotre maire oublie simplement que Lyon doit bannir les incivilités et être une ville où la sécurité est non négociable .
Bref cela est indispensable à la qualité de la vie !
Nuances de Grey !!!!
Signaler RépondreTout est dit !
Signaler Répondre"Sortir de l’onanisme intellectuel"
Signaler Répondre*pond un pavé réac indigent*
BRAVO ALEXANDRA ! Quel joli texte bien rédigé, une critique acerbe et une analyse parfaite de la catastrophe lyonnaise, du naufrage de l'écologie politique et des ravages de l'idéologie d'ultra-gauche aux mains de bobos déconnectés des réalités. Une belle claque et un retour de bâton jouissifs envers ces nuisibles EELV quand le réel leur explose au visage. Et bien vu la cravate ! 🤣 Ne leur reste plus qu'à ravaler leur morgue et partir, en électro-velo-cargo, élever des chèvres dans le Larzac en sarwell mauve, si tant est qu'il leur reste une once de dignité. 😊
Signaler RépondreComme l'aurait dit Valérie... "Merci pour ce moment" 😊
Une fois que cela est dit, qu’est ce que nous pouvons faire pour virer cette bande d’incompétent de la mairie de Lyon en 2026 par les urnes? Il faudrait une liste d’union de lyonnais qui soient d’accord sur l’essentiel! Nous ne pouvons pas nous permettre un 2eme mandat de l’extrême gauche NUPESIENNE pour Lyon! Cette extrême gauche emmène par le petit Gregory nous mène jour après jour au chaos! Le maire élu de Lyon est en incapacité de comprendre notre ville et l’insécurité qu’il cause à travers les prises de parole d’appel à la désobéissance et à la compréhension de la colère qui s’exprime! J’ai honte pour ma ville d’avoir des élus complètement hors sol et dont les seules priorités sont la construction De pistes cyclables, de bacs a composts, de pissotieres écolo!
Signaler RépondreFélicitations à Madame Carraz-Ceselli. Analyse claire et réelle de la situation. Les Lyonnais réfléchiront à aller voter pour virer ces incompétents.
Signaler RépondreUn texte plein de bon sens dont la mairie est dépourvue.
Signaler RépondreConstat irrémédiable: Gregory Doucet n'a plus aucune légitimité à être Maire de Lyon .
Signaler RépondreSa démission est attendue .il n y a plus d autres solutions .
Un peu long, dommage..
Signaler RépondreLe dernier paragraphe est une belle conclusion.
Super résumé des paradoxes de ce maire, réellement incapable et qui a une haine des propriétaires, de la possession (un peu comme un marxiste)
Signaler Répondrel humanitaire bouffe son chapeau
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