Les prostituées revendiquent Place des Terreaux

Les prostituées revendiquent Place des Terreaux

Jeudi sur la place des Terreaux se réunissait Cabiria, une organisation basée à Lyon défend les droits des prostituées. Profitant de la journée internationale de lutte contre les violences faites aux travailleuses du sexe, les bénévoles sont venus dénoncer les attaques dont sont victimes les travailleuses du sexe, qu’elles soient verbales, physiques ou racistes. L’association réclame par ailleurs l’abrogation de la loi sur le racolage passif  et l’arrêt du harcèlement policier dont seraient victimes les prostituées à Lyon et en France. Florence Garcia, la directrice de Cabiria, a bien voulu répondre aux questions de Lyon Mag.

Lyon Mag : Expliquez-nous ce que vous êtes venu revendiquer ?
Florence Garcia :
Le 17 décembre est la journée internationale de lutte contre les violences faites aux travailleuses du sexe. il y a des actions qui se passent dans plusieurs pays et dans plusieurs lieux en France. Nous sommes venu ici rendre visible ces violences, qui sont souvent tues et mal connues. ce qu’on est venu dire, c’est qu’il y a différents types de violences : des violences quotidiennes, verbales, physiques... Il y a aussi des agressions graves. Tout cela est dû au système qui stigmatise les prostituées : la loi sur le racolage passif entre autres et les loi sur le proxénétisme qui criminalise les personnes. Ce ne sont ni plus ni moins que des citoyennes de seconde zone aux yeux de la loi. De fait, les violences faites aux prostituées deviennent légitimes : que ce soit les passants, les clients et la police. Ces violences sont d’ailleurs difficilement entendues par les services de police. A Lyon, la pression est très forte sur les prostituées qui travaillent à Gerland. On redoute un énième arrêté municipal, qui va pousser les travailleuses du sexe en dehors des centres villes, loin des lieux de passage. Elles deviendront des cibles encore plus faciles pour les agresseurs éventuels.

Vous parliez d’un situation délicate pour les travailleuses du sexe. Aujourd’hui, en l’état actuel des choses, quels sont leurs droits ?
Leur statut est quasi-inexistant. Se prostituer n’est pas interdit, mais tout les moyens d’exercer cette activité deviennent interdits. On a des personnes qui fuient la rue car elles se font ramasser pour racolage. En camionnette, elles se prennent des procès-verbaux, des arrêtés municipaux, voire des mises en fourrière. On a des personnes qui sont sur les routes nationales. Sur Internet, il est impossible pour nous d’effectuer notre travail de prévention. Du coup, leurs droits, en théorie sont les mêmes que tout le monde, et dans la pratique, ce sont les mêmes que personne. Quand elles se font agresser, on leur renvoie la culpabilité de leur agression, en leur reprochant leur activité. Au final, c’est très compliqué pour elle d’avoir des droits.

Vous avez un exemple précis de ce qu’on leur refuse ?

Elles n’ont pas le droit de s’associer. Si deux prostituées veulent acheter une camionnette pour y travailler ensemble, elles peuvent tomber sous le coup de la loi contre le proxénétisme. Leur argent est complètement sale, jusqu’à ce qu’il passe dans les caisses de l’état.

Combien de prostituées sont recensées sur Lyon ?
Nous n’avons pas chiffre précis dans la mesure ou certaines personnes travaillent à domicile. On voit régulièrement entre 550 et 600 personnes qui travaillent dans la rue, à pied ou en camionnette. Cela veut dire que les lois sur le racolage n’empêchent pas les personnes de se prostituer. Mais elles les contraignent à exercer cette activité dans des conditions d’hygiènes et de sécurité qui sont de plus en plus difficiles.

Selon vous, qu’est-ce qui pourrait faire changer les choses ?

Déjà abroger l’article qui pénalise le racolage passif dans la loi de sécurité intérieur. Ensuite aménager les lois autour du proxénétisme en se disant qu’en France, nous avons un arsenal de lois très bien pensé pour lutter contre la contrainte, la violence et l’exploitation. ces lois suffiraient à protéger les travailleuses du sexe qui font face à ce genre de problème. Enfin, au niveau de l’agglomération lyonnaise, il faut penser une politique où l’on intègre les prostituées comme citoyennes, où on les consulte pour les décisons. Il faut se dire qu’elles font partie de la ville, comme tout le monde.

Votre point de vue sur les maisons closes, quel est-il ?

Si on réouvre les maisons closes, les prostituées perdront de l’autonomie dans leur travail puisqu’elles auront un patron qui pourra leur imposer tel ou tel client. Cette liberté, le choix du client, elles veulent la garder. Par contre, si on assouplissait la loi sur le proxénétisme, les femmes pourraient s’associer pour ouvrir des maisons closes autogérées, sans avoir un patron  qui se fait de l’argent sur leurs passes.

Vous nous parliez de violence, vous avez des exemples précis de ces violences ?
Le exemples sont multiples. nous tenons un journal des répressions et des violences, où nous consignons toutes les violences qui sont faites, physiques, verbales ou institutionnelles. Il peut y avoir des jets de canettes, des crachats, des injures pour les violences les plus «soft.» Ces violences ont toujours une connotation raciste, sexiste, ou homophobe. Les coups, les vols de sac à main, les dégradations de camionnette, les agressions physiques, des tentatives d’étranglement jusqu’au meurtre sont des évènements assez réguliers. Les prostituées sont les femmes les plus assassinées. il y a une grande impunité qui règne autour des agressions. les gens s’imaginent qu’un prostituée n’est pas vraiment une femme comme les autres. Si on l’agresse, on risque moins. Il y a également un harcèlement policier permanent, avec beaucoup de violences verbales, souvent racistes. Une femme française à la peau noire a été emmenée à la police des frontières parce que les policiers doutaient qu’elle soit française ! Nous avons systématiquement des petites choses comme ça.

Concrètement quand une d’entre elle  se fait agresser et qu’elle se rend auprès de la police, comment cela se passe ?
C’est variable : selon qu’elle ait des papiers ou pas, selon qu’elle soit implantée depuis longtemps à Lyon ou pas. les personnes à Lyon depuis longtemps et qui connaissent déjà les services de police arrivent à être défendues. Quand les personnes sont sans papiers, elles hésitent grandement à porter plainte. Quand elles le font, on va s’imaginer qu’elles ont simulé l’agression pour obtenir des papiers. Pour les personnes dans des situations administratives précaires, c’est très difficile d’être défendu.

Vous menez une action assez choc, avec des simulations de morts. Pensez-vous que le public comprend ce problème là ?
C’est variable. les gens ont une sensibilité qui fait qu’ils comprennent certaines choses, mais sont hermétiques à d’autres. Certains pensent que la condition des prostituées est accessoire par rapport aux autres problèmes dans le monde. Par contre, il existe une catégorie de personnes dont on parle assez peu, qui sont sensibles à la justice sociale, et qu découvrent une cause pour laquelle

X
2 commentaires
Laisser un commentaire
avatar
foromo7 le 26/10/2012 à 18:41

vous été sympa et je vous aime

Signaler Répondre

avatar
romeoaflou le 01/01/2010 à 06:57

En plus ils y a des sans papiers Les etrangeres hors de france non au racolages camionnettes Au nioufs puis charters europeen A +

Signaler Répondre

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.
Les champs requis sont identifiés par une étoile *
Si vous avez un compte Lyon Mag, connectez-vous.
Nous ne vous enverrons pas d'email sans votre autorisation.

Le compte Lyon Mag est gratuit et facultatif. Il vous permet notamment de réserver votre pseudonyme pour les commentaires, afin que personne ne puisse utiliser le pseudo que vous avez enregistré.
Vous pouvez créer un compte gratuitement en cliquant ici.