Et je vous arrête tout de suite, je ne parle pas de ces prétendues concertations menées tambour battant, avec quelques réunions publiques bien senties, dont une version spéciale et bien isolée pour les commerçants, et calées sans trop de communication pour être réservée à une audience avertie, pour ne pas dire acquise, et une plateforme en ligne qui brille par les faibles scores d’audience à l’échelle de la 2e agglomération de France. C’est vrai qu’en matière de concertation, pour s’assurer que tout le monde est d’accord, il est toujours plus confortable de parler entre soi ;)
Je pose une question toute simple : pourquoi est-il si difficile de demander l’avis des habitants sur des projets qui modifient à ce point leur mode de vie ?
Le grand projet de "Presqu'Ile à vivre", porté par la Métropole et la Ville de Lyon, semble pourtant loin de remporter une large adhésion du côté de ses habitants, riverains ou commerçants, qu’ils habitent le centre de Lyon, ou sa périphérie.
Elle a même été remise en cause par onze associations et dix-sept commerces qui ont déposé un recours, en mai dernier, devant le tribunal administratif de Lyon.
Du côté de la mairie centrale, c’est la pagaille entre les chiffres : à peine 2924 répondants au questionnaire en ligne de la mairie centrale (la ville compte, rappelons-le à Grégory Doucet, plus de 500 000 habitants intramuros, malgré des départs significatifs du centre-ville ces trois dernières années), contre 4587 réponses obtenues du côté du second arrondissement (30 000 habitants) dans le cadre d’une concertation locale menée activement par le maire d’arrondissement, Pierre Oliver. Preuve d’ailleurs que lorsque l’on s’implique au moins un peu, on obtient des résultats.
Pourtant, s’il est un sujet qui intéresse au premier chef l’ensemble des Lyonnais, c’est bien celui-là ! Habitants, commerçants, associations de quartiers, entreprises, employés des commerces et des entreprises qui viennent chaque jour faire vivre le centre-ville, à l’heure où la Ville et la Métropole de Lyon s’apprêtent d’ici 2025, à fermer définitivement tout accès à la libre circulation des véhicules de la Croix Rousse jusqu’à Bellecour puis Perrache, rien n’est plus étonnant que de ne pas avoir fait appel à la contribution des Lyonnais pour choisir la ville qu’ils souhaitent pour demain.
Il me semble que l’on ne parle pas simplement du cadre de vie, aussi important soit-il. D’ailleurs les Lyonnais n’auraient peut-être pas été contre l’idée d’une piétonnisation partielle de leur ville à condition qu’elle soit réellement anticipée, organisée et accompagnée d’alternatives. Comment vient-on en ville et comment se déplace-t-on à l’intérieur de la ville, puisque le réseau de transports en commun n’est pas adapté à ce changement radical ?
Il est question, avec ce projet, des choix de mobilités pour tous, pas seulement des étudiants sportifs et des jeunes actifs. On parle ici de nos aînés, des familles, de toutes les étapes de la vie et de tous les stades de santé, des professionnels de santé qui se déplacent chez leurs patients, de ceux du bâtiment, des livreurs, des commerçants, des restaurateurs, de tous ceux qui travaillent, des touristes, des premières lignes, des deuxièmes lignes et de toutes les lignes, qui doivent bouger, se déplacer, consommer, rencontrer, flâner, se divertir…vivre la ville tout simplement.
Une consultation simple de la population existe : le référendum local
Et en matière de choix de vie et d’implication des citoyens que chacun ne cesse d’appeler de ses voeux dans les partis politiques, il existe un outil plutôt clair : le référendum local. Depuis la révision constitutionnelle de 2003, et suivant des modalités précises et très encadrées, le référendum local décisionnel est ouvert à tous les échelons de collectivités. Je vous en donne rapidement la définition : le référendum local permet aux électeurs d'une collectivité territoriale, sous certaines conditions, de décider par leur vote de la mise en œuvre ou non d’un projet concernant une affaire locale. Par exemple, la piétonnisation de l’ensemble du centre-ville.
Certains (ou plutôt certaines) l’ont encore expérimenté tout récemment : la maire de Sainte-Foy-lès-Lyon, Véronique Sarselli, a consulté sa population sur le projet de téléphérique proposé par la Métropole et le Sytral. Et la maire de Paris, Anne Hidalgo, a organisé une consultation sur le maintien ou non des trottinettes en libre-service.
Nos élus à la Ville comme à la Métropole seraient bien inspirés de s’intéresser véritablement à l’amélioration de la vie de leurs administrés, plutôt qu’à les contraindre par la force et par l’absurde, à des modifications radicales, pensées uniquement par le dogme de quelques-uns, au nom d’une vision magnifiée et romantisée de la Cité, sans aucune emprise avec la réalité et qui risque d’aboutir à une profonde reconfiguration de Lyon en matière de qualité de vie commerçante, et d’attractivité économique et sociale.
Car aujourd’hui le centre-ville de Lyon a au moins une particularité. Il n’appartient pas uniquement à ceux qui y résident encore (et pour combien de temps ?). La Presqu’île appartient à tous les Lyonnais et grands Lyonnais, qui viennent s’y promener régulièrement en famille ou entre amis, faire leurs courses, se retrouver sous la statue de la Place Bellecour, aller au restaurant, travailler, voir des expos, lever le nez sur le sublime patrimoine UNESCO, bref, profiter de ce joyau lyonnais.
Comme souvent, la solution est simple. Elle est devant vous, Messieurs les élus : demandez très largement l’avis des habitants de Lyon par un référendum local, prenez le temps nécessaire à l’information sur les incidences et les modifications d’organisation pour chacun, adaptez vos projets dans le sens de l’amélioration du cadre de vie et du quotidien, sans exclure une large partie des Lyonnais. Elles sont là les conditions de la ville durable, et la mise en pratique d’un principe démocratique dont nous avons cruellement, plus que jamais, besoin : l’implication des citoyens.
Alexandra Carraz-Ceselli
Professionnelle des médias et des politiques publiques,
Fondatrice de "L’équipe des Lyonnes", pour encourager les femmes à prendre leur place dans le débat public
En 2026 vous allez tous dégager les vert les bobos et les gochos
Signaler RépondreLes bobos du centre-ville ont pas un vélo ?
Signaler Répondre"Il est question, avec ce projet, des choix de mobilités pour tous, pas seulement des étudiants sportifs et des jeunes actifs. On parle ici de nos aînés, des familles, de toutes les étapes de la vie et de tous les stades de santé"
Signaler RépondreSauf que les Familles constituent la catégorie qui pollue le plus et que l'objectif (heureusement en bonne voie comme le montrent les derniers chiffres de l'insee) est qu'elles quittent Ville Apaisée dont nous écrivons les premières pages d'une glorieuse histoire à venir !
Une fois ces familles parties, nous pourrons alors "consulter" tout le monde !
Plus que 361 jours pour sauver la planète : Forza EELV !
Lorsqu'ils font des consultations ils n'en tiennent absolument pas compte et c'est juste pour calmer les esprits.
Signaler RépondreDe tres mauvais ideologistes et gestionnaires encore pire.
Ils n'arrivent qu'a monter quelques Lyonnais convertis contre la tres grosse majorité, on aurait pu y croire mais c'est bien fini.
Rien d'étonnant que G. Doucet se refuse à consulter sérieusement les lyonnais par crainte que les gens ne transforment cela en l'expression d'un ras-le-bol difficile à masquer.
Signaler RépondreMa foi, nous nous rendrons en centre-ville de temps à autre au même titre que nous allons faire une fois l'an un tour à Perouges.
Pour les achats, je ne vois pas trop quelle boutique de centre-ville ne trouve pas son pendant en périphérie ou sur internet.
très mauvaise idée le referendum on a vu ce qu'il s'est passé lors de l'election du maire !!!!
Signaler RépondrePrêt personnellement à participer à toute action, pétition, manifestation, référendum organisé par les commerçants et/ou par des associations locales pour manifester ma désapprobation à ce projet qui va encore plus abimer notre belle ville de Lyon !
Signaler Répondrevoila pourquoi ils demande pas nous on en veut pas allez dans un parc et laissez nous notre place bellecour
Signaler Répondreoubliez pas vous êtes simplement de passage et bientôt dehors
Les escrolos ne feront rien par référendum ou autre qui risque de mettre en péril la colonisation forcée des espaces où il reste encore des voitures...
Signaler RépondreFaut attendre encore un peu plus de 2 ans qu'ils giclent pour pouvoir en discuter sereinement, avant c'est peine perdue.
Nos élus ont curieusement toujours beaucoup de mal à consulter les citoyens, et plus encore à les écouter
Signaler RépondreD'où les 49.3 à répétition et leurs conséquences
Autre exemple caricatural : la consultation de l'Europe sur l'opportunité de continuer les changements d'heure été / hiver...