Le monde, ou plutôt les mondes agricoles tant il y a une diversité de situations dans l’univers de ceux qui produisent ce que nous mangeons et buvons…
Le rapport sénatorial, datant d'il y a deux ans, par Serge Mérillou (PS), Laurent Duplomb (LR), Pierre Louault (UC),sur le sujet de l’état de notre compétitivité agricole tirait déjà l'alarme : la France, autrefois deuxième exportateur mondial de produits agroalimentaires, est passée à la cinquième place en vingt ans. Parallèlement, les importations alimentaires en France ont doublé depuis 2000, parfois constituant plus de la moitié des denrées consommées dans certaines catégories.
Une perte de compétitivité française qui vient de loin
Cette tendance vient de loin : les prémices de cette situation étaient déjà bien expliquées dans les conseils des ministres du Général De Gaulle, tels que relatés par son ministre Alain Peyrefitte dans “C’était De Gaulle”.
Nous étions dans les années 60 et on parlait déjà de la nécessité de monter en gamme dans la production française afin d’assurer la compétitivité et la survie de nos paysans dans un monde où le mécontentement agricole se faisait déjà jour.
Il n’y avait pas de normes environnementales, d’organisations écologistes pour servir de bouc émissaire, les socialistes n’étaient pas encore abusivement brocardés comme auteurs de tous les malheurs du monde, mais il y avait déjà des suicides importants, un début de perte de compétitivité (qui s’est accélérée ensuite) et de la pauvreté dans une partie du monde agricole. Pendant ce temps, une minorité d'autres exploitants, grands propriétaires terriens, vivaient dans l'opulence.
Une situation agricole française inquiétante
Aujourd'hui, les choses n'ont guère changé. En moyenne, sur treize ans (2010-2022), les 10% des agriculteurs avec les plus faibles revenus ont perdu 4600 euros ou plus par an, tandis que les 10% des agriculteurs avec les plus hauts revenus ont gagné 80 300 euros ou plus annuellement. Le décile le plus riche est en moyenne à 130 000 euros par an avant impôts, alors que près d'un agriculteur sur cinq est sous le seuil de pauvreté.
Une disparité des plus inquiétantes, dont s'est émue ce jour par exemple la Maire de Vaulx-en-Velin, la socialiste Hélène Geoffroy. Et cette misère tue : les caisses de sécurité sociale agricole ont enquêté et les personnes âgées de 15 à 64 ans présentent un risque de suicide accru de 43 % par rapport aux assurés de l'ensemble des régimes de sécurité sociale.
Des gros agriculteurs qui captent une part démesurée des aides avec la complicité du syndicat majoritaire, de plus en plus contesté
Pendant ce temps, la puissance publique attribue 30 % des aides agricoles aux 2 % d’exploitants les plus riches. Un système d’aide aux plus grosses exploitations soutenu par la toute puissante FNSEA, plus important syndicat d'exploitants agricoles. Celui-ci est certes aujourd’hui concurrencé et contesté dans ce système de préférences pour les plus riches par la Coordination Rurale, la Confédération Paysanne et par le petit MODEF. Mais elle reste très largement dominante chez les exploitants.
Le nouveau système d’aide d’Etat décidé par le gouvernement renforce d'ailleurs encore le pouvoir de l’organisation majoritaire. Par contre du côté des ouvriers agricoles, c’est la CGT qui mène le jeu, juste devant la CFDT.
La Métropole de Lyon veut que de nouveaux agriculteurs s’installent
Le vice-président à l’agriculture de la Métropole de Lyon, l’écologiste Jérémy Camus (par ailleurs auteur de l’excellent podcast "De la fourche à la fourchette") l’a dit ce jour : déclin de la population agricole (plus d’une exploitation sur deux risque de fermer en France dans les années qui viennent), fragilité des exploitations; faible rémunération des agriculteurs, pression foncière sur les terres agricoles, difficile installation de jeunes agriculteurs, faible autonomie alimentaire de nos villes, les malheurs sont nombreux. Il y a 250 agriculteurs dans la Métropole de Lyon et la collectivité locale travaille d'arrache-pied pour en installer déjà une centaine de plus.
Une action symbolique a été d'ailleurs ce jour de sauver l'historique ferme Perraud du 9e, défendue par l'écologiste Camille Augey, qui a évoqué un projet d'extension des surfaces de maraîchage et d'arboriculture, conversion biologique, création d'un atelier d'élevage porcin (ce qui a dû faire faire une crise cardiaque à ceux qui résument la gauche à un vilain groupuscule islamo-gauchiste végan) et développement d’une activité viticole.
C'est à Blandine Collin, une élue productrice locale ayant créé et développé depuis de nombreuses années la brasserie "Bière Bio des Monts d'Or" basée à Curis, qu'a été confié le dossier, face au candidat de la droite Marc Grivel, jusque-là plutôt discret sur un dossier qui concerne aussi la commune de Saint-Cyr-au-Mont-d'Or, dont il a été maire.
Détail piquant : c’est pour ce candidat, soutien de François Fillon, qu’a voté le groupe présidé par David Kimelfeld. L'ancien marcheur dissident disait pourtant refuser toute alliance avec la droite il y a seulement une semaine.
L’incohérence de la droite nationale
Côté droite nationale, il existe d’ailleurs une incohérence majeure : le PPE (organisation européenne à laquelle appartient LR) domine le Parlement européen depuis 1998. Et ses représentants votent tous les accords de libre-échange depuis des années, qui mettent en difficulté une partie des filières européennes, tout en prétendant défendre les intérêts des agriculteurs au niveau français. Comme le dit l'eurodéputé socialiste Raphaël Glucksmann, qui a voté contre le récent accord agricole avec la Nouvelle-Zélande : “approuver des accords de libre-échange le lundi et pleurer sur le sort des éleveurs le mardi, c'est prendre les gens pour des imbéciles.”
Laurent Wauquiez fortement soutenu par le monde agricole régional
Reste qu'il faut le dire, le Président de la Région Auvergne-Rhône-Alpes, Laurent Wauquiez, qui n'est pas forcément de mes amis politiques, c'est le moins qu'on puisse dire et sur lequel il y aurait beaucoup de reproches à faire, est un peu une exception dans ce domaine-ci dans sa famille politique : son soutien au monde agricole est réel et explique ses scores imposants dans la ruralité régionale : plans de filières nombreux,contribution aux projets d’irrigation, réflexion poussée sur l'alimentation locale et aides à l'installation qui contribuent à rajeunir l'âge des exploitants : 35% d'entre eux ont moins de 40 ans contre même pas 20% au niveau national.
A la fin c’est le consommateur, disposant déjà de peu de pouvoir d’achat, qui décide
Reste enfin une dernière chose : à la fin, c'est le consommateur qui décide. Dans une France qui compte de plus en plus de SMICARDS (près d’un salarié français sur 5 est à ce niveau de salaire en France !) , de familles monoparentales. de situations d'endettements, où le prix des loyers explose, il n'est pas toujours aisé de faire le choix du made in France.
Même si 62% des gens déclarent vouloir consommer du made in France, la réalité est là : on vend bien plus de tomates à 2,99 euros made in ailleurs que à 4 euros faites chez nous. Avec les meilleures intentions du monde, un pays dans lequel les appétits des actionnaires sont plus élevés que dans le reste de l'OCDE et les salaires nets bas n'amène à aucun miracle.
Retrouvez tous les billets de Romain Blachier sur son site.
Romain Blachier
En l'espèce, qui est le plus idiot ?
Signaler RépondreL'élu ou l'électeur ?
Au fait que savez vous de cette génération que vous appelez boomer ?
Signaler RépondreSuis je idiot c'est celle de vos parents ou de vos grands parents.
J'oubliais les classiques conflits de génération.
Vous devriez plutôt dire le fond de votre pensée en les désignant sous le terme "vieux cons".
J'en suis et j'en suis fier et je viens d'adhérer au club des vieux cons modernes
aleveque.fr/le-club-des-vieux-cons-modernes/
Bonne journée
Un boomer donc . Qui râle .
Signaler RépondreTout faux mon garçon … j 'ai 64 ans et je bosse encore, car j'aime travailler!
Signaler RépondreTu dois pas savoir ce que travailler veux dire!
Et oui les entreprises trouvent pas de personnels!
Tu dois surement pas payer d'impôt, et content d'accueillir toute la misère du monde!
Dans la vie , il y’a les intouchables de Naissance assis à la table d’un monde 🌎 où vous n’aurez JAMAIS votre place ..
Signaler RépondreCe qu’elle peut faire , plutôt ne pas faire , c’est s’octroyer de belles augmentations mensuelles ( 300 euros pour les députés et 700 euros pour les sénateurs libidineux ) totalement injustifiées .
Signaler RépondreJe trouve très bizarre la facilité avec laquelle on emploie le terme général de Paysans qui englobe a lui seul les categories bien différentes que sont les éleveurs , les agriculteurs , les viticulteurs ,les horticulteurs les ...
Signaler RépondreJ ai une attention et une sympathie particulière pour les éleveurs bovins et les producteurs de lait .
Ce sont vraiment eux qui sont en première ligne depuis des années et des années .( pour le travail et la rémunération)
La gestion du vivant ne laisse que peu de répit et le prix mini du lait est un mensonge éhonté.
Les agriculteurs "On souffre, on arrive pas à vendre la production'"
Signaler RépondreLes boomers sous pseudo sur Lyon Mag, propriétaires de plusieurs apparts, actionnaires de carrefour qui s'ennuient au lieu de se rendre utile par exemple en donnant aux restaus du coeur un peu des loyers du large patrimoine dont ils disposent 'faut faire bosser les chômeurs de force" tout en achetant au supermarché des produits faits ailleurs (le supermarché, qui a explosé sous les boomers"
Les agriculteurs "non mais on arrive pas à vendre on vous dit. Et en plus carrefour nous achéte nos productions à prix cassé
Le boomer, qui achéte des produits faits ailleurs et demande à carrefour de lui reverser des dividendes "c'est la faute aux chômeurs"
Quel cauchemar
Et des retraités qui passent leur temps à dire du mal des chôomeurs sur les forums de lyon mag, en étant partis à 60 ans et en confisquant la majorité du patrimoine de ce pays. Le fléau ces boomers.
Signaler RépondreEt du coup ces demandeurs d'emplois vous allez les emmener vous mêmes dans ces installations agricoles non désservies par les transports en commun ?
3 millions de chômeurs
Signaler Répondre2 millions de rmistes
1 Français sur 2 paie l'impôt sur le revenu
Voilà des chiffres!
La France , le pays de l'assistanat et des allocations en tout genre!!!!
Vous titrez : "Agriculteurs locaux : que peut faire la politique face à la détresse des producteurs et consommateurs ?"
Signaler RépondreOn a déjà la réponse.
Une augmentation de 700 euros pour les sénateurs et 500 euros pour les députés.
Vive la Ripoublique, n'est-ce pas cher Romain ?
Faites le marché et consommez local
Signaler RépondreSi vous pensez un seul instant que l’agrobiologie seule peut nourrir la France …et le monde, c’est grave!
Signaler RépondreLe politique français ne peut que déplorer les effets des différents traités et accords signés depuis des décennies. Il faut remercier Jacques DELORS pour avoir donné la primauté du droit européen sur le droit français.
Signaler RépondreLa France n'est plus qu'une province bruxelloise. Nous sommes loin de la démocratie.
Inutile de voter EELV puisque Pascal CANFIN est déjà au pouvoir.
Ce texte manque d'objectivité car l'auteur montre son admiration pour des socialistes & écologistes qui ont le pouvoir sur la dernière décennie.
Nous pouvons constater le résultat chaque jour.
Soutien aux agriculteurs !
Merci d'être si nombreuses et nombreux à me lire, à relayer mes articles, à m'en parler.
Signaler RépondreN'hésitez pas à continuer le débat dans les commentaires. Que la journée vous soit belle !
PS/ vous savez que j'ai toujours pas la réponse du rectorat (cf mon billet précédent)
Vous avez l'air tendu et obsédé par moi cher anonyme.
Signaler RépondreRespirez.
Prenez un verre d'eau
Prenez le temps de lire mon billet avant de le commenter.
Que la journée vous soit belle malgré tout.
et que pensez-vous de l'interdiction du travail bénévole par la famille de l'agriculteur ???
Signaler Répondrem. le redresseur de tord !!
Vous devriez essayer le lire les billets que vous commentez. Vraiment . Ça vous éviterait de dire n’importe quoi .
Signaler Répondreles gros sont les méchants,
Signaler Répondreles petits les gentils,
les socialistes les victimes,
vous vous déconnectez de plus en plus du monde réel m.blachier
sortez la tête de vos chiffre ouvres votre fenêtre sur le monde,
signé: un troll anonyme 🤣
trop tard pour votre point godwin il faudra trouver autre choses comme non-argumentation
La FNSEA ne représente qu'une poignée de méchants riches agriculteurs (on se demande comment elle est majoritaire... o:)) et les agriculteurs ne demandent qu'à avoir plus ne normes environnementales....
Signaler RépondreVoilà, tribune après tribune, c'est toujours le même "raisonnement" décliné cette fois en version agricole...
La délibération a été votée hier en conseil de Métropole
Signaler RépondreAh parce qu'il faut les amener a domicile? peut être en taxi?
Signaler RépondreTransport en commun jusqu'au point le plus proche de l'exploitation et ramassage en voiture par l'exploitant. j'ai connu ça pour les vendanges, ; C'est vrai, j'oubliais il faudra peut être se lever tôt
Pour la ferme Perraud, une action prise ce jour?
Signaler RépondreLe rachat de cette ferme a déjà été acté il y a plusieurs semaines non?
Et vous les amènerez avec votre voiture ? Il y a pas de bus là-bas la plupart du temps.
Signaler RépondreIl y a des tas de gens, jeunes et en pleine forme, bourrés de subventions qui restent chez eux a glander toute la journée. A mettre au taf dans les champs et les vendanges 2 jours par semaine. idem pour les petits delinquants
Signaler RépondreC'est vrai que beaucoup gelèrent pour trouver des vendanges. Après certains paient le fait d'avoir abusé aussi : je me souviens de vendanges il y a quelques années où les gants de protection étaient facturés aux ouvriers vendangeurs, où les heures n'étaient pas toutes payées...Certes tous les viticulteurs (heureusement) ne sont pas comme ça et énormément de gens se sont amusés en ramassant le raisin malgré un travail rude.
Signaler RépondreMais cela explique un peu le manque de main d'oeuvre. Même si encore une fois pour quelques brebis galeuses il y a aussi énormément de gens biens.
Ca et la difficulté aussi de se rendre sur place quand on a pas de voiture (ce qui est le cas de beaucoup de gens qui cherchent du travail) et aussi les normes récentes qui ont rendu plus difficile le fait de loger ses ouvriers vendangeurs pendant les travaux.
Quand j'ai été ouvrier agricole dans l'ail dans la Drôme (certes peu de temps) je me souviens de ces difficultés de reprises d'installation ou de reprises.
Signaler RépondreAprès niveaux conditions de travail (même si elles varient d'un agriculteur à l'autre) c'est aussi pour cela qu'il est parfois difficile de trouver des gens pour venir y travailler. Mais l'espoir existe : en Drôme par exemple nombreux sont les nouveaux paysans.
D'autres syndicats progressent (je les ai cités) mais ils sont majoritaires à peu d'endroits (Haute-Vienne ou Vienne pour la coordination rurale, Guadeloupe pour le MODEF, Mayotte pour la Confédération Paysanne ou la JA, alliée traditionnelle de la FNSEA, qui s'est émancipée dans une des chambres d'agriculture du sud-ouest)
Signaler RépondreSauf que si on ferme, beaucoup d'agriculteurs meurent : l'export agricole français c'est 61,9 milliards d'euros...On reste un pays dont les agriculteurs vendent à l'étranger malgré cette perte de compétitivité.
Signaler RépondreSi vous saviez combien Hélène Geoffroy se tape des agriculteurs vous ne seriez pas déçu. Seule sa petite personne et ses combinés ont de la pertinence pour elle. Le reste n'est que de la communication
Signaler RépondreVous trouvez ou le personnel pour travailler dans les champs ...pas en France .
Signaler RépondreIl faut importer aussi le personnel .
C est pas risible du tout
C'est pas compliqué.. on ferme.
Signaler RépondreFin des importations massives, taxes douanières à gogo, fin de la libre circulation (y compris des travailleurs).
Protection sociale en gros.. La gauche, sur le papier. Du contre-liberalisme. Au passage oublier l'UE.
De quoi mettre en évidence que la gauche n'existe pas, en effet.
Tout ça, ce sont les consequences du "marché", faut pas s'adapter.. faut en sortir, ou le détruire avant que lui ne le fasse, nous sortir ou nous détruire.
elle est bonne la soupe hein? Payé à quoi faire on se demande
Signaler RépondreTrès simple : évaluer le surcoût de chaque norme imposée par la France aux différents métiers de l'agriculture et baisser les charges des agriculteurs d'un pourcentage équivalent.
Signaler RépondreQuand aux paperasses à remplir pour les préfectures : que des employés des préfectures viennent dans chaque exploitation et remplissent ces paperasses à la place des agriculteurs.
Du jour au lendemain, les normes vont diminuer drastiquement et les agriculteurs auront un revenu qui va instantanément s'améliorer...
Quelques points que vous auriez pu développer
Signaler Répondre1/ En 2 à 3 générations nous sommes passés de 3 millions d’agriculteurs à moins de300000.
2/ Dans le même temps, la population française a été augmentée de plus de 60 à 70 pour cent.
Pendant cette même période les temps de travail ont fortement diminué….. à tel point que les français dans leur très grande majorité sont devenus des comptables du temps de travail 35h, 32h, RTT, annualisation, etc…..
Par contre pour l’ensemble des agriculteurs, paysans, petits ou grand, c’est globalement 7 jours sur 7, quelque soit le temps…
Est ce clair? Alors, gloser sur les actionnaires, la productivité, les process des gros ou petits exploitants pour bien sûr les diviser et les opposer, il serait bon que l’ensemble des donneurs de leçons, politiques, essayistes, intellos, etc …sortent de leurs cocons confortables et bien climatisés pour avoir un peu les pieds dans la glaise et comprendre le minimum de la réalité.
Ce syndicat porte une grande responsabilité dans cet inéxorable déclin. Losque le grand capital reproduit ses effets pervers dans l'agriculture, voici le résultat. Tant que le monde paysan restera avec ses œillères et croyances rien ne changera.
Signaler RépondreIl ne faut pas sortir de St Cyr pour comprendre que l'on ne peut pas imposer des contraintes à nos agriculteurs tout en laissant venir en France des produits libérés de ces contraintes.
Signaler Répondre