En pleine conversation avec Clémentine Mossé, l’éclairée directrice de la recommandable association lyonnaise The Greener Good, j’ai feuilleté son très recommandable guide “Consommer Responsable à Lyon et ses environs” et je suis tombé sur les pages forts instructives qui évoquent la question du décès et son impact social et environnemental.
Si vivre sans conscience est mauvais pour la planète, mourir n’est souvent ni bon pour le défunt (c’est une évidence ! ) mais aussi pour les générations futures et est source d’inégalités.
Mourir peut-il être de gauche ?
Et si notre grand départ devenait l'ultime geste social et environnemental ? Lyon compte en ces temps 6 220 décès annuels.Dont, la majorité des rites funéraires effectués sur la commune de Lyon (2 232) sont désormais des crémations et 1 503 inhumations. Le reste des chiffres de funérailles échappent aux statistiques municipales puisque effectués ailleurs qu’à Lyon (on peut tout à fait décéder dans un hôpital lyonnais et se faire enterrer à Tarare par exemple).
Tiens au passage, savez vous qu'un des modèles de cercueil courant proposé dans les pompes funèbres un peu partout en France se nomme “le lyonnais” ? On apprend à la lecture d’un site spécialisé qu'il a "une forme rectangulaire et est légèrement évasé au niveau de la tête. Il dispose d'un couvercle rehaussé légèrement en pente. Il est plus rarement utilisé que les cercueils parisiens ou les cercueils tombeau..”
Comment rendre la mort moins inégalitaire ?
Mais du coup c’est quoi une politique mortuaire de gauche et écolo, qui s’attaque aux inégalités ? Un temps d’ailleurs on avait ironisé lorsque, suite à un conflit, le maire de Lyon de l’époque, Gérard Collomb avait, pour le punir, confié les cimetières à un des élus EELV de sa majorité, Etienne Tête, avec qui il était alors en froid. Pourtant ce dernier avait mené alors tout un travail sur le sujet, montrant que oui, la mort est un sujet politique aussi, un sujet auquel nous serons d’ailleurs toutes et tous confronté(es)...
J’ai posé la question des actions de la mairie actuelle à Laurent Bosetti, élu (LFI) en charge de ces questions auprès du Maire de Lyon Grégory Doucet. Celui-ci m’a fort aimablement répondu et exposé une batterie de mesures assez impressionnante en matière de politique funéraire. Une politique aux côté d’un autre maire-adjoint, Sylvain Godinot (EELV) et d'Audrey Hénocque (EELV, présidente du Pôle Funéraire Public) a lancé une ambitieuse stratégie funéraire incluant :
• La création d'une tarification sociale et progressive des concessions funéraires, une première en France. Face à un marché concurrentiel développant des tarifs élevés, la Ville de Lyon souhaite conforter la présence d’un opérateur public de pompes funèbres (le PFP – Pôle Funéraire Public). Une nouvelle délégation de service public est entérinée par les PFIAL depuis le 1er janvier 2024. L’objectif étant d’offrir au plus grand nombre un service public des pompes funèbres accessibles financièrement.
• Continuer et renforcer financièrement le soutien à l’organisation de cérémonies pour le collectif des Morts sans-toi(t) qui existaient déjà sous Gérard Collomb et en organisant un événement pour remercier les bénévoles de ce remarquable collectif qui essaie de ne laisser aucun mort sans personne à son enterrement.
• L'inscription du service public funéraire dans la transition écologique, avec en faisant labelliser l’ensemble des cimetières, dont celui de Saint-Rambert, "refuge de biodiversité" et la création de "carrés naturels".
Cette dernière notion, celle de carré naturel, mérite un éclaircissement :
Les "carrés naturels" dans ses cimetières, similaires aux zones dédiées aux carrés religieux, pour accompagner des pratiques funéraires qui respectent davantage l'environnement. Ces espaces, semblables à des prairies, favoriseraient la biodiversité et offriraient un cadre paisible pour les défunts et leurs familles, tout en étant plus économiques. Avec l’évolution des mœurs, de plus en plus de familles et de futurs défunts (ce que nous sommes toutes et tous, comme le disait à juste titre l’excellent JM Keynes “ A long terme, nous sommes tous morts !” ) se posent la question de l’impact des funérailles.
La démarche de la mairie de Lyon est de répondre aux changements de société en offrant la possibilité de funérailles plus simples et écologiques. Comme quoi la mort, tout comme la vie est un sujet très politique.
L'enterrement : un acte inégalitaire, lourd pour la planète et le portefeuille
Avec ses 833 kg de CO2, l'enterrement traditionnel, qu’il soit religieux ou athée, est non seulement un fardeau pour les finances des vivants mais pèse aussi sur l’avenir de la planète qu’on leur laisse.Le chiffre n’est pas anecdotique. Avec la disparition progressive de la génération des baby-boomers, la France voit son nombre de décès annuels s’accélérer. Nous étions à 638 000 morts l’an passé en France, nous allons sûrement dépasser les 700 000 dans les années qui viennent.
Mais nous ne serons pas égaux devant les funérailles. Entre les différentes variétés de cercueils, de couronnes, d’options diverses, de caveaux familiaux ou non, nous ne mourrons pas toutes et tous à la même enseigne. Même si le proverbe dit qu’on emporte pas son argent dans sa tombe, dans la mise en terre d'un mort aussi les inégalités sociales sont fortes. Il n’est pas rare de débourser au moins 7 à 8000 euros pour un enterrement, même un assez simple, même uniquement athée. Et les prix peuvent aller du simple au double voire davantage.
Il ne s’agit pas toutefois de condamner celles et ceux qui font ce choix: la manière dont on s’occupe de ses morts est un sujet intime, personnel, et nombre de convictions refusent d’autres manières funéraires que celles-ci.
Crémation : réconcilier fin de vie, fin du mois et fin du monde ?
La crémation, en revanche, produit 233 kg de CO2. Cela reste polluant (comme une bonne partie des actions humaines impliquant un impact de transformation) mais moins, plus de 3 fois moins. Cela s'avère bien plus abordable. Avec un coût moyen de 3 116 euros en France, bien moins qu’un enterrement qui revient facilement à plus du double, de concilier fin du monde, fin du mois, et fin de vie. Mais encore faut-il, par conviction, y adhérer. Et cela n’est pas simple pour tout le monde.
Il existe des alternatives encore durables mais pas encore entrées dans le droit
Il existe aussi des alternatives pas encore sur légales en France mais dont l’existence est évoquée par le guide de The Greener Good évoquée plus haut.
• L'humusation, qui consiste à composter les corps. Cette méthode transforme le corps en compost, contribuant ainsi à nourrir le sol.
• La promession, une technique qui plonge le cadavre dans de l'azote liquide, le rendant friable et permettant de le réduire en poudre de manière écologique.
• L'aquamation, également connue sous le nom d'hydrolyse alcaline, une méthode qui utilise l'eau pour décomposer le corps, consommant moins de gaz à effet de serre par rapport aux méthodes traditionnelles et permettant de récupérer les métaux du corps pour un recyclage ultérieur.
Ces alternatives, pas encore envisagées à Lyon car non inscrites dans la loi actuelle, représentent des pistes prometteuses pour réduire l'empreinte carbone des funérailles et s'aligner sur des pratiques plus durables.
Elles illustrent le potentiel de réinvention des rites funéraires dans une perspective sociale, en phase avec les préoccupations actuelles de préservation de l'environnement. La mort, à Lyon comme ailleurs, peut être l'occasion d'un dernier acte social, plus respectueux de l’environnement et moins inégalitaire. Entre tarification sociale et pratiques funéraires innovantes, il est possible de partir sans trop nuire à la planète ni vider son compte en banque.
“Le courage c’est d’aimer la vie et de voir sa mort d’un regard tranquille” disait le grand socialiste Jean Jaurès. Mourir responsable, c'est choisir de laisser derrière soi un monde un peu meilleur, un geste final en accord avec une vie de respect pour notre environnement. Même si ce domaine est, bien plus qu’un autre, celui des choix intimes, qu’il convient de laisser à chacune et à chacun de pratiquer comme elle ou il le souhaite. Sans jugement aucun.
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Romain Blachier
Eh oui le courage des planqués derrière un pseudo. Qui en plus passent du temps à lire des articles qu’ils trouvent chiants. 😂😂😂
Signaler RépondreLogique venant de celui qui écrit des articles chiants comme la mort. Je sais planqué derrière mon pseudo etc....
Signaler RépondreL'intelligence est de dire à sa famille quel doit être le devenir de votre dépouille et en prévoir les frais. Mais nous sommes toujours entourés par des fouteurs de merde pour expliquer votre vie après la mort .II existe de magnifique cercueil en carton imprimé ou le simple cercueil en sapin preuve d'humilité devant la vie . N'oublions pas que nos corps sont bourrés de médicaments, hormones , bactéries virus , etc . La crémation reste le modèle hygiénique par excellence . Maintenant laisser moi partir tranquille messieurs les politicards Bon décès à tous
Signaler RépondreLa pige au nombre de caractères nous impose des contributions indigestes. Un effort de synthèse serait le bienvenu.
Signaler RépondreLes écolo' nous pourrissent la vie, qu'ils nous laissent au moins reposer en paix...
Signaler RépondrePour rappel....
https://www.lyonmag.com/article/116877/lyon-des-internautes-choques-par-le-buffet-des-ecologistes-devant-les-tombes-du-cimetiere-de-la-guillotiere
Désolé j'ai pas pu lire le post jusqu'au bout , je suis mort entre temps.
Signaler RépondreLa manif pour. Tous était clairement de droite . Et nous a pompé l’air
Signaler RépondreVous n’avez pas vu soleil vert puisqu’on y mange les morts
Signaler Répondre"Mais du coup c’est quoi une politique mortuaire de gauche et écolo, qui s’attaque aux inégalités ?"
Signaler RépondreEst-ce que le départ volontaire en priorité des gauchos pour "l'eau de là-bas" serait bénéfique pour la communauté française?
Les gauchos sont connus pour être très bavards, ils manifestent souvent à tort et à travers et dégagent une quantité de CO2 excessive, en nous pompons l'air.
une assoc bien subventionné par les con tribuables demandez vous combien gagne t elle et tous les directeurs assoc
Signaler RépondreIl parait que le corps humain ayant ingéré des nanoparticules de plastique présentes dans les aliments manufacturés, mettrait plus de temps à se décomposer et plus de temps à la combustion par les flammes.
Signaler RépondreY en a vraiment qui se font iech dans la vie ……..
Signaler RépondreSoleil Vert (Richard Fleischer) ...? le rêve de nos Khmers Verts....le citoyen recyclable à l'infini !
Signaler RépondreArticle que vous n’avez donc pas lu.
Signaler RépondreDans cet article on en vient à dire que nos enterrements sont une cause de pollution et que l'on doit culpabiliser.
Signaler RépondrePlus sérieusement, laissez donc tranquille nos morts, occupez-vous de faire grandir la France.
Allez donc voir comment sont gérés les morts en Afrique, Inde, Russie... Après vous viendrez faire des propositions