Adjoint au Sport et aux Beaux-Arts d’Edouard Herriot, il est choisi après la mort du maire de Lyon pour assurer l’intérim jusqu’aux élections de 1959. Là encore, Louis Pradel est choisi parce qu’il ne fait pas de vagues et n’a pas l’air ambitieux. Rien à voir avec le premier adjoint Auguste Pinton, par ailleurs trahi par son caractère volcanique.
Fils de cafetiers du cours Lafayette, radical, résistant, Louis Pradel est un vrai Lyonnais. Contrairement à Edouard Herriot, son profil académique n’est pas reluisant : avant la politique, il n’était que simple agent d’assurances après avoir obtenu le seul certificat d’études.
"À la différence d’Herriot, ce n’était pas un brillant orateur. Mais il va aussi séduire les Lyonnais par sa simplicité. Une fois devenu maire, il continuera à conduire lui-même sa propre voiture", narre l’historien Bruno Benoît. "Mais c’est aussi un homme qui saura utiliser les réseaux radicaux et francs-maçons, tempère l’historien. Il prend aussi très vite conscience de l’importance des médias. Dès qu’il a été élu à la mairie, il s’est rendu lui-même au Progrès pour rencontrer les journalistes. Résultat, le Progrès le soutiendra tout au long de ses mandats".
Là où Edouard Herriot passait finalement plus de temps à la capitale qu’à Lyon, Louis Pradel et son épais accent lyonnais a joué la carte de l’anti parisianisme. À tel point qu'il s'engagera publiquement à refuser systématiquement les postes de ministre ou les mandats de parlementaire. Après des décennies de stagnation, Lyon va être modernisée par Pradel. Fasciné par les États-Unis et New-York, il va s’inspirer des mégalopoles américaines.
C’est un voyage à Chicago, en 1959, qui le marque à jamais. "Du coup, il va se battre pour que l’autoroute Paris-Lyon-Marseille traverse le centre de Lyon à l’image des autoroutes urbaines américaines. D’où la construction du tunnel de Fourvière. Pour lui, c’était une façon de dynamiser la ville", raconte Bruno Benoît. Fini les pavés et le tramway qui gênent le développement de la voiture ! Outre le tunnel sous Fourvière, Louis Pradel lance la construction de l’échangeur de Perrache et du centre commercial de la Part-Dieu, où il rêvait d’aménager une city.
Là où Edouard Herriot ne voyait pas au-delà des frontières lyonnaises, voire celles de la France, Louis Pradel est obnubilé par la dimension internationale qu’il peut donner à la capitale des Gaules. "Il va créer de nouvelles institutions culturelles pour améliorer l’image de la ville : un auditorium de 2 000 places au début des années 1970, le théâtre du 8e en 1973, où se distingue à l’époque Marcel Maréchal, le musée gallo-romain. Mais aussi le Conservatoire national de musique de région et la Bibliothèque municipale de la Part-Dieu", poursuit Bruno Benoît.
Il fut un vrai maire-bâtisseur. "Le père Pradel, il fume pas, il boit pas, il cause pas, il construit", disait de lui-même le "premier promoteur de France". En l’espace de 12 ans, entre 1962 et 1974, il fera construire plus de 10 000 logements à la Croix-Rousse, la Part-Dieu et aux Brotteaux. Il fait aussi construire 5500 logements dans le quartier de la Duchère, notamment pour accueillir les pieds-noirs rapatriés d’Algérie.
Un bulldozer sans état d'âme
Si la modernité et l’audace impressionnent les habitants, des voix en colère se font entendre. Car même si Pradel est un Lyonnais pur jus, il n’a que faire des traditions et du patrimoine. Il voulait d’ailleurs raser le Vieux-Lyon pour y faire passer une avenue, car il avait en horreur les bidonvilles. Sans Régis Neyret, André Malraux et sa loi de 1962, il l’aurait probablement fait. "Je n’ai même pas respecté ma maison natale, je l’ai rasée", répondait Pradel à ses détracteurs.
La Part-Dieu était son dada. À tel point qu'en 1965, il imagine de déplacer l'Hôtel de Ville à la Part-Dieu. Un vote du conseil municipal a même confirmé le projet finalement trop coûteux en 1972.
Il inaugure la piscine du Rhône et le marché-gare. Ainsi que la roseraie internationnale du parc de la Tête d'Or avec Grace de Monaco. Pradel ne vivra pas assez longtemps pour participer à l’inauguration en 1977 de la Tour Part-Dieu, le fameux "Crayon" qui répondait à sa vision d’une skyline, perpétuée par Gérard Collomb.
Apprécié globalement des Lyonnais, il avait plusieurs surnoms : "Loulou", "Zizi Pradel", "Zizi Béton", en référence à sa folie bâtisseuse. Zizi (parce que les Louis étaient souvent surnommés "Ziz" à Lyon ?) Pradel s’acoquine avec l’Église en respectant scrupuleusement les Voeux des Echevins. Quant aux chefs d’entreprise, ils l’adorent car ses réalisations, notamment en matière de logements, permettent l’afflux de main d’oeuvre et un dynamisme économique relancé.
Si Gérard Collomb est le père de la Métropole de Lyon, Louis Pradel est le premier à gérer la communauté urbaine, créée en 1968 par le gouvernement. Pour remporter la Courly, l’homme de centre lorgnant avec le temps sur le centre-droit, fait alliance avec le maire socialiste de Villeurbanne Etienne Gagnaire. Il comprend rapidement que la collectivité lui permet de continuer à lancer de grands projets pour l’agglomération, mais avec un coût désormais partagé avec d’autres communes.
À sa mort durant son troisième mandat, foudroyé par un cancer de l’estomac, le même mal qui touchera Gérard Collomb 46 ans plus tard, des milliers de Lyonnais lui rendent hommage sur la place des Terreaux. D’autres défilent devant sa dépouille exposée, cercueil ouvert.
On lui prête aujourd’hui l’image d’un bagnolard acharné (qu’il était) à cause de Fourvière. Mais il a tout de même poussé pour que le métro se développe, avec la mise en service de la ligne A juste après son décès. Et il a aussi été le premier à créer des rues piétonnières à Lyon : à sa demande, les automobilistes n'étaient plus les bienvenus sur les rues de la Ré et Victor- Hugo après les travaux du métro A.
Verdict
Louis Pradel est peut-être le maire de Lyon le plus moqué et critiqué aujourd’hui. C’est vrai qu’avec le recul, l’autoroute et Fourvière sont une bêtise monumentale. Et l’échangeur de Perrache risque d’être à vie une verrue qui scinde la Presqu’île en deux. Mais hormis ces deux points, qui étaient plutôt salués positivement, pouvaient faire sens à l’époque et qu’il fallait résoudre dans les décennies qui suivaient, il faut reconnaître un certain courage et une vision qui, aujourd’hui encore, rythment le quotidien des Lyonnais. Gérard Collomb se réclamait plutôt d’Edouard Herriot, mais il était "au fond assez proche de Louis Pradel", estime Bruno Benoît.
Très bien dit il faut vivre avec son époques et avant Lyon était propre pas comme aujourd’hui avec un maire qui fait n’importe quoi
Signaler RépondreNon Mr Pradel avait ce surnom bien avant cela n’a rien à voir
Signaler RépondreJ’espère que vous avez raison car Lyon devient épouvantable c’est même scandaleux
Signaler RépondreIl n’y a pas d’entretien et d’hygiène
propos entendus de sa bouche même le tunnel de Fourvière un jour comme celui de la Croix Rousse ne servira qu'aux lyonnais. Mais impossible après l'abandon du contournement autoroutier ouest ou bouclage du périphérique ouest.
Signaler RépondreElle s'est reconvertie en 36 15.
Signaler Répondre"on peut difficilement lui pardonner les verrues de Perrache et Part Dieu"
Signaler RépondreSi Perrache est une catastrophe sur laquelle il sera difficile de revenir, l'urbanisme de dalle de la Part-Dieu était considéré comme visionnaire à l'époque.
A tout ceux qui veulent nous faire croire que ce phénomène n'existe que depuis 2020.
Signaler RépondreNon, déjà à l'époque de Pradel il y avait des ayatollah qui avait pour seule ambition de dénaturer Lyon en refusant de détruire des quartiers et monuments historique pour en faire une énorme autoroute. Quelle dommage !
Un grand Maire, Pradel.
Signaler RépondreHélas, les wokistes pastèques l'ont empêché de raser Saint Jean pour y faire passer l'Autoroute.
Au fait, qu'est devenue Ulla ?
Signaler RépondrePeut-être le meilleur Maire jusqu'à présent, mais attendons que le mandat du Maire actuelle se termine (que j'estime à 2032, ce n'est pas le genre à faire plus de deux mandats) ;)
Signaler RépondreVous me faites bien rire
Signaler Répondretous ceux qui donnent leur avis et celui qui a écrit cet article vous ne pouvez pas savoir vous n'êtes pas née
Je pense qu'il faut le classer dans les pires ou les plus mauvais Maire de Lyon.
Signaler RépondreCelui qui voulait razer le vieux lyon, les Sub, les entreprises Lumiére premier lieux du cinéma etc.... des passionné d'histoire se sont battu contre !! alors meilleur maire peut etre pas jusque là.
Signaler RépondreBonjour, à ma connaissance, le surnom de "Zizi Pradel" provient de l'occupation en juin 1975 de l'église Saint-Nizier de Lyon par une centaine de travailleuses du sexe, représentées par Ulla. Le maire Louis Pradel avait alors déclaré qu’à moins de «couper le zizi de tous les Lyonnais», il ne voyait guère comment endiguer ce commerce.
Signaler RépondreLyon Mag, vous allez citer tous les maires, ou seulement celui-là après la volée de bois qu'il s'est pris concernant l'article sur Herriot ?
Signaler RépondrePersonne n'oubliera que Pradel a voulu raser le vieux Lyon et qu'il était surnommé "le démolisseur". Bravo et reconnaissance éternelle à la famille Neyret qui a su le combattre.
Au rapport temps passé et réalisations, Pradel a plus servi sa ville qu’Herriot, même si certaines initiatives posent maintenant problème.
Signaler RépondreOn pourrait dire q’Herriot s’est contenté de gérer, passant plus de temps à s’occuper des affaires du pays, alors que Pradel, en restant lyonno-lyonnais mais avec une vision moderniste pour l’époque, a paradoxalement ouvert le monde sur Lyon.
Quelques réflexions ou interrogations ?
Signaler RépondreRues piétonnières après les tranchées du métro , j'avais eu l'info ou la rumeur...que l'on avait peur que la structure béton du métro ne résiste pas à une circulation intense ? et c'est pour cette raison (sans trop communiquer) que ces deux rues sont devenues piétonnes...
Tunnel de Fourvière ?
Une erreur ? pourquoi est-il toujours intensément utilisé ?
Ce qui me fait "sourire" c'est que personne ne prend les moyens ou propose de solutions de remplacement pour résoudre cette erreur !!!
Pradel avait peur que l'activité économique soit détournée de la ville.
C'est vrai
Signaler RépondreOn voyait à l'époque la voiture comme un avenir évident pour tout le monde et il était difficile d'imaginer à quel point cela changerait ensuite
Pradel était un homme de son époque et voyait le tout voiture en ville comme un progrès irréversible
Ceci dit, on peut difficilement lui pardonner les verrues de Perrache et Part Dieu
Ou de façon plus anecdotique, l'immonde Chalet du Parc Tête d'Or pour lequel on ne le remerciera jamais assez (sans oublier les 2 architectes à l'origine de cette bouse aujourd'hui murée : Charles Dambrun et Jean Duthion)
il ne faut pas faire l erreur de juger les actions réalisées dans l air du temps des années 50 et 60 et l air du temps des années 2020.
Signaler Répondrezizi beton portait bien son nom!
Signaler RépondreDéfigurer notre ville pour le commerce !! lamentable
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