Voyeurisme, homophobie, trafic et astreintes frauduleuses : à la Métropole de Lyon, une dérive en cache une autre

Voyeurisme, homophobie, trafic et astreintes frauduleuses : à la Métropole de Lyon, une dérive en cache une autre
Image d'illustration - LyonMag

Un agent de la Métropole de Lyon a souhaité dénoncer les dérapages qui prendraient place au sein même du siège de la collectivité.

Nizar Touihri, un agent adjoint technique à la Métropole du Grand Lyon, a contacté la rédaction de LyonMag pour révéler des dérives présumées de diverses natures qui auraient pris place au sein même de l’Hôtel de la Métropole de Lyon, constatations par un huissier de justice à l’appui.

Vidéos, images, captures d’écrans de messages, enregistrements audios : LyonMag a eu accès aux coulisses de la Métropole, et elles ne sont pas aussi inclusives que le souhaiteraient les Verts.

"Parmi les 18 agents qui m’entouraient, il s’est avéré que certains étaient impliqués dans des atteintes à la vie privée des gens, notamment sur des hôtesses d’accueil ou des visiteuses." Sur la retranscription de la conversation entre deux agents préposés à la surveillance caméra, l’hôtesse est comparée à une prostituée : "C’est combien, bonjour madame". "Ils utilisent les caméras de l’hôtel de la Métropole pour faire des zooms sur les fesses et les seins des hôtesses", explique Nizar.

Dans son mail de signalement à la direction de la Métropole, Nizar Touihri raconte : "Il (l’agent préposé aux caméras) attendait patiemment sa sortie des toilettes et lorsqu’elle apparaissait sur l’écran il reprenait le zoom de dos".

Ce mail, envoyé à plusieurs membres du cabinet de Bruno Bernard, mais également à divers responsables des ressources humaines, ne trouvera pas de réponse sinon diverses sanctions, dont une exclusion de trois jours et une mutation à la station d’épuration de Pierre-Bénite. Pourtant, les faits dénoncés sont graves : parmi eux, des propos homophobes proférés au sein des équipes de la Métropole (dont une affiche signée par un agent sur un frigo portant l’insulte "enculé"), mais également un port d’arme dans les locaux sécurité. L’agent en question serait venu au travail avec son "fusil type 22 long rifle", "pour l’exhiber", précise Touihri.

Un trafic de trottinettes sous le bureau de Bruno Bernard ?

Celui-ci dénonce en outre un trafic de trottinettes électriques, opéré également par des fonctionnaires métropolitains : "Deux agents allaient jusqu’à la place Guichard, récupéraient les trottinettes électriques en libre-service et les ramenaient jusqu’aux locaux souterrains de la métropole. Là, ils les meulaient pour enlever la peinture, les bidouillaient et les débridaient pour leur usage personnel."

Selon lui, les trottinettes trafiquées étaient entreposées dans le local sous-terrain en question, "ils en ont fait assez pour avoir des pièces de rechange", et les échanger entre collègues. "C’est resté restreint, mais ils en ont peut-être mis sur Leboncoin."

Cerise sur le gâteau : les agents participeraient à des astreintes frauduleuses. "Il s’est avéré que, lorsque l’on appelle des agents en astreinte pour régler des problèmes, certains appelaient leurs amis pour des incidents inexistants. Ils contactaient leurs copains pour venir régler un souci de lumière en panne alors qu’elle fonctionnait, pour qu’ils puissent inscrire une astreinte sur leur fiche de paye." Le tout, à l’échelle de plusieurs services dans la Métropole.

Parmi les documents partagés par Nizar Touihri, des photos de lits de camps : "ils dorment pendant le service", nous a-t-il confié, "certains viennent même avec des matelas". Une vidéo montre deux de ses collègues en train de dormir à leur bureau, en plein jour, ordinateurs allumés : "dormir pendant un PC sécurité alors que nous sommes responsables de la sûreté du bâtiment, pendant leur service", indique-t-il dans son mail aux responsables Métropolitain. Le tout, payé par le contribuable.

Contactées par LyonMag, les équipes du président Bruno Bernard déclarent avoir "connaissance des signalements de sa part", et avoir saisi "les équipes en charge de la déontologie et de la discipline".

Celles-ci arguent cependant que "des signalements à l’encontre de M. Touihri ont également été portés à la connaissance de l’employeur" : l’agent serait donc au cœur d’une enquête interne. Enquête qui s’étend sans jamais se terminer, semblerait-il, puisque les signalements en question ont été faits il y a un voire deux ans pour certains.

Investigation à suivre, dans un espoir de démêler le vrai du faux.

A.V.

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