Le temps était gris, le prix des loyers aussi lourds que les salaires sont légers. Et puis un climat dans l’opinion publique ! une étude de l'Ademe qui montre que les Français sont OK pour l'écologie mais à condition de ne rien faire pour l'environnement de trop contraignant. Un retour, après 50 ans de calme, de l'extrême-droite au parlement portugais. Bref heureusement que Lyon La Duchère avait battu Saint-Etienne la veille et l’OL avait gagné à l’extérieur. On a les consolations que l'on peut…
Un rassemblement revigorant
C'est dire à quel point il était revigorant de voir ce plus d'un millier de personnes au H7 venu écouter des discours intéressants et volontaires. Un public oscillant entre de très nombreux jeunes et quelques têtes blanches, s'est rassemblé ce dimanche 10 mars au meeting de Raphaël Glucksmann, premier meeting national de la campagne du candidat et premier grand événement de campagne lyonnais toutes listes confondues en lien avec les élections européennes du 9 juin. À la tête d'une liste associant Place Publique (qui avait pris une place forte dans l'organisation du meeting, éclipsant quelque peu son partenaire en visibilité) et le Parti Socialiste.
Une élection européenne historique
Certes, nous sommes dans une ville et une métropole qui avaient dès 1995 su préfigurer l'alliance de la gauche et des écologistes avec celle dès le premier tour entre les socialistes de Gérard Collomb, les Verts de Gilles Buna et les communistes de Louis Levêque (et les rouges verts de Yves Fournel) dans une France où n'avait pas encore été votée la loi sur la parité. Et c’est au deuxième tour des municipales que cette alliance fut reconduite en 2020 par les écologistes Bruno Bernard et Grégory Doucet avec les socialistes de Sandrine Runel et Renaud Payre, les insoumis de Florestan Groult ou Laurent Bosetti et la divers gauche Nathalie Perrin-Gilbert ou encore les communistes Aline Guitard et Léna Arthaud.
Des divergences sur l'Europe
Mais c’est une élection européenne où les différentes forces de gauche partent séparées; où le projet eurosceptique de la France Insoumise est aux antipodes de celui de Raphaël Glucksmann, que ce soit sur l’Europe fédérale, le rapport à la résistance héroïque du peuple ukrainien ou la position que doit tenir l’Europe sur la liberté des Taïwanais (pour M. Mélenchon, même si ce n’est pas le cas de tout son parti, la Crimée ukrainienne est russe, Taiwan est une province chinoise et ses députés votent presque toujours contre toute aide aux Ukrainiennes et aux Ukrainiens). Se dessine aussi et bien évidemment une lutte de leadership sur la gauche aux échéances suivantes.
L'Ukraine, un sujet de division
Et l'idée que l'Ukraine, dont on apercevait les drapeaux pendant le meeting, devrait encourager des négociations de paix avec la Russie, acceptant les pertes territoriales – environ 20% du pays – trouve désormais un écho au-delà de l'extrême droite (Rassemblement National, Reconquête, Debout la France), touchant une partie de La France Insoumise, une part du PCF, Marianne, des philosophes et des généraux retirés. Ces acteurs, sans toujours l'exprimer clairement, s'alarment des aides à l'Ukraine, y voyant une escalade dangereuse, et suggèrent une paix aux conditions russes, évoquant la prudence excessive de certaines élites des années 30.
DR David Huberdeau - Paper Bird
Du coup, le candidat Glucksmann en prend plein la tête : par le RN, pourtant première force française au parlement européen sortant mais dont on aurait bien du mal à percevoir ce qu’ils ont pu apporter à la France à part des votes de soutien aux intérêts nationaux russes contre ceux de la France et de l’Europe. Mais aussi de Renaissance, qui a peur de perdre une partie de son électorat pro-européen. Et de voir la liste du candidat socialiste en, tête de la gauche, lui reprendre une partie de ses électeurs, lassé du glissement à droite du gouvernement.
Enjeux environnementaux et sociaux
Un électorat pro-européen également aussi réellement lassé des interventions du gouvernement national d'Emmanuel Macron auprès des institutions européennes. Que ce soit pour aider les industries d'armement à vendre plutôt leurs munitions au Qatar plutôt qu'aux Ukrainiens qui en ont pourtant bien besoin. Ou pour refuser de protéger les livreurs Uber Eats. Ou à refuser de se conformer aux objectifs européens en matière d'énergie renouvelable. Il est loin l'Emmanuel Macron de 2017 qui promettait d'être toujours fidèle à l'Europe. C'était à Lyon. Là aussi.
Sur l'environnement justement. L'une des personnes les plus applaudies du meeting fut Sylvie Guillaume, eurodéputée sortante, son travail et son action durant 3 mandats de députée européenne. La première intervenante, la maire socialiste de Feyzin Murielle Laurent, a ouvert le bal en rappelant le rôle crucial de l'Europe dans sa commune, concernée via la raffinerie, par la pollution aux PFAS, dont l'encadrement voire l'interdiction est sans cesse repoussé par les lobbies de l'énergie fossile. Avec parfois l'aide du gouvernement français d’Emmanuel Macron. Pour mémoire, le PFAS cause de nombreux problèmes de santé : cancer, les troubles de la thyroïde, les effets sur le développement fœtal, le cholestérol élevé, et les troubles du système immunitaire…
Après une blague sur l'OL qui aurait sans doute mieux fonctionné il y a quelques mois lorsque le club était lanterne rouge de la ligue 1 (il est vrai que Saint-Vallier dont il est maire est plus connu pour son basketball), le porte-parole du PS Pierre Jouvet, en très grande forme et très applaudi, a porté les propositions de sa liste en matière sociale, de congés parental européen et cogné sur le duel qu'essaie d'instaurer Renaissance avec le RN. Alors que la loi immigration votée récemment reprend les propositions du parti de Madame Le Pen. Il a aussi rappelé que le seul groupe qui pouvait faire repasser la gauche devant au parlement européen (à droite depuis 1999) c'était celui des socialistes européens.
La députée européenne sortante Aurore Lalucq, si elle fut moins spectaculaire dans la forme de la prise de parole, a de son côté donné bien des exemples très concrets des combats à mener selon elle, entre l'île de Guernesey devenue première productrice de bananes au monde du fait de la domiciliation artificielle de nombre de sociétés pour échapper à l'impôt, la fiscalité à 0,01 % d'Apple en Europe, les interventions régulières du gouvernement français pour aider les banques à ne pas être taxées de leurs superprofits par l'Europe.
Raphaël Glucksmann a donné la chair de poule lorsqu'il a défendu l 'idéal européen pour lequel il a vu en Géorgie comme en Ukraine des gens risquer leur vie en agitant le drapeau à 12 étoiles. Mis en garde contre la troisième colonne de Poutine chez certaines élites et forces européennes. Expliqué l'immixtion du gouvernement français actuel d'Emmanuel Macron pour que l'Europe puisse continuer à importer des panneaux solaires produits par des esclaves Ouïghours. Du rôle de l'Europe dans un monde où la démocratie était en danger, où Trump pouvait laisser le peuple Ukrainien et l'ensemble de l'Europe seule face à Poutine et à la nécessité d'une force armée indépendante des USA. Où la démocratie n'allait plus de soi mais était un combat à mener. Malgré le son électro qui s'échappait parfois de l'événement à côté, au milieu d'une salle attentive mais parfois un peu trop sage, on sentait le souffle d'une histoire à venir en juin prochain. Qui pouvait basculer le monde d'un côté ou de l'autre. Ce monde où l'Union Européenne, pas encore assez unie, est déjà largement dépassée par les BRICS+.
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Romain Blachier
Moi qui pensait voter Glucksmann je vais revoir ma copie. Pas envie de voir de près ou de loin ce tartuffe de Blachier.
Signaler Répondre"Une élection européenne historique"
Signaler RépondreL'un des soucis, c'est que souvent comme en Allemagne, les eurodéputés nationaux servent les points de vue de leurs gouvernements afin de les favoriser, avec les partis eurosceptiques et totalement dans l'opposition comme le RN, le PCF, LFI, y'a rien à espérer pour mener un combat pour avancer la stratégie française, du coup c'est comme si on perdait des soldats pour chaque eurodéputé de ce type qu'on élit, et on fini par peser moins qu'un plus petit pays qui lui envoie des eurodéputés qui bossent. Ce qui force aussi le pays à moins se fier au Parlement européen pour passer ses demandes par d'autres voies.
L'Allemagne est une spécialité là-dedans, on peut en voir un aperçu dans l'archétype de l'arc narratif de la formation parlementaire allemande dans la série Parlement.
C'est qui Raphael Glucksmann?
Signaler RépondreQue vous rouliez pour lui on avait compris...mais là c'est un peu gros!
le ps n'a plus d'idée, s'est couché devant LFI et se range derrière ce bobo Parisien pour sauver des postes avec des indemnités.Le PS continue sa route vers le néant.
Signaler RépondreLes socio-traitres tentent un retour. Ca va ètre beau comme un concert de Renaud...
Signaler RépondreToujours aussi constant pour distiller des inepties sur tous les sujets auxquels il touche, le Romain Blachier. Triste de voir que ça ne s'améliore pas.
Signaler Répondreke fait que apple ne paie pas d'impots en france et que c'est des hopitaux en moins pour les français c'est tres concret ami pro poutine
Signaler Répondre"Le temps était gris, le prix des loyers aussi lourds que les salaires sont légers..."
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Il se fait lyrique en vieillissant, le Romain.
C'est toujours aussi inutile comme littérature, mais sa tentative de style fait sourire.
Glucksmann et ses copains,tu les entend jamais parler des problèmes des français…ils ne parlent que de guerre qui ne nous regarde pas..bizarre ces patriotes !!!
Signaler RépondreSeul contre presque tous... on est loin des années tonton !
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