Les chiens de la gendarmerie sur les traces du tueur de Miribel

Les chiens de la gendarmerie sur les traces du tueur de Miribel
LyonMag

Un vendredi de début février, les aboiements sont nombreux dans le Grand parc de Miribel Jonage, au Nord-Est de Lyon. En cause, la réunion mensuelle des maîtres-chiens de la gendarmerie d’Auvergne-Rhône-Alpes. Immersion.

Le rendez-vous est fixé dans la matinée sur un petit parking où patientent les malinois et autres Saint-Hubert, laissés dans les cages des voitures avant le début de l’exercice du jour. Le scénario est le suivant : un joggeur, parti à 6 heures du matin faire un tour de lac, n’a pas été revu, si ce n’est par un témoin vers 7 heures du matin. Une équipe cynophile est appelée en renfort pour le retrouver.

Fort heureusement, les conditions sont optimales pour le flair du chien. "Le mieux, pour l’odeur, c’est la végétation avec une petite humidité. Ça permet aux squames (petites lamelles de peau morte qui se détachent spontanément de l'épiderme, ndlr) de rester accrochées alors qu’en milieu urbain, les voitures les déplacent. Chaque personne dépose 40 000 particules odorantes à la minute", explique l’adjudant Ludovic Guittard, basé à Sathonay-Camp, à l’origine de l’exercice qui réserve quelques surprises.

En pleine pampa, le malinois Raïka entre alors en scène. Son maître lui fait renifler un tissu imprégné de l’odeur du disparu et immédiatement le chien, récupéré à la SPA après avoir vécu auprès de marginaux, comprend qu’il faut se mettre au travail. Dès les instants qui suivent, le toutou, rompu à l’exercice depuis trois ans, renifle littéralement dans tous les sens avec un but précis : fermer des pistes.

Concrètement, le chien va aller dans de multiples directions pour trouver des effluves mètre après mètre. "Nous estimons qu’on double la distance parcourue pour retrouver une personne, puisque l’odeur s’est déplacée. C’est comme si quelqu’un marchait avec un fumigène qui est donc sujet au vent, à la pluie...", explique l’adjudant Guittard. Durant un long moment, les gendarmes vont ainsi trottiner derrière Raïka à travers les champs jonchés de ronces ou les chemins de terre couverts de boue et de crottin. Dans cette gadoue, les rangers ne sont pas de trop ! Et en lisière d’un nouvel espace boisé, une silhouette se dessine dans un bosquet : le joggeur perdu a été retrouvé.

Le Saint-Hubert, "la Formule 1"

L’homme, un gendarme qui s’est mis en scène en espérant que le chien renifleur arrive rapidement, a ainsi été découvert en moins de 30 minutes. Mais c’est à ce moment que la surprise du chef se met en place : le joggeur a été mortellement poignardé. Des témoins ont vu le suspect tenir la jambe du joggeur avant de prendre la fuite.

Rapidement, la chasse reprend de plus belle avec une nouvelle difficulté pour Raïka qui va devoir repartir sur une seconde odeur, une seconde piste, grâce encore aux particules laissées sur place par le meurtrier. "Il y a un cheminement à réaliser par le chien puisque cette nouvelle piste est mélangée à celle de la victime", détaille l’adjudant Guittard qui est déjà en train de presser le pas en évitant de chuter dans les immenses flaques au sol… et toujours ce crottin.

Après le passage de nouveaux herbages, les militaires retrouvent finalement le mis en cause, terré derrière une sorte d’abreuvoir. "Menottes, et direction la zonzon", souffle l’un des agents qui précise que cet exercice n’est pas inconcevable "puisqu’une telle situation s’est déjà présentée à eux".

Au total, les 55 maîtres-chiens de la gendarmerie de la région peuvent compter sur 65 chiens de différentes races dont deux Saint-Hubert, "la Formule 1 de la piste", d’après l’un des agents en treillis. Ces bêtes, à l’aboiement plus lourd que leurs compagnons malinois, peuvent notamment intervenir sur des "pistes froides" pour rechercher des personnes "durant de longues heures".

Mais le flair expert a un coût, comptez deux ans de formation pour le Saint-Hubert contre six mois pour les races traditionnelles. "Avec leur odorat plus développé, ils sont capables de discriminer les odeurs sans ne jamais lâcher", résume encore l’adjudant Guittard.

Le Saint-Hubert fut, par exemple, encore mobilisé fin janvier dans la station de La Plagne, en Savoie, afin de retrouver une traileuse âgée de 30 ans qui avait disparu durant près de 30 heures après une lourde chute. Après le passage d’un premier maître-chien qui n’avait pas fait mouche, un Saint-Hubert avait permis de localiser la zone où la trentenaire gisait, blessée. Dans la majorité des cas, comme nous explique l’adjudant Vincent Colmellere du Groupe Investigation cynophile 63, les chiens sont déployés pour rechercher des personnes malades, notamment atteintes de la maladie d’Alzheimer, ou pour des suicidaires.

Différentes expertises

Mais, en fonction des spécialités des chiens, d’autres opérations peuvent être menées comme pour la détection de matières stupéfiantes. Vincent Colmellere se rappelle notamment de cette valise trouvée par Tony, son chien de race Tervuren, dans un Flixbus à la sortie de Clermont-Ferrand. À l’intérieur, plus d’un kilo d’herbe de cannabis avait été saisi, mais aucune interpellation menée ce jour-là puisque le bagage "n’appartenait à personne", le coupable au sein du bus préférant se taire. L’adjudant évoque également des opérations lors de perquisitions ou de recherches de stups’ dans des établissements scolaires.

Les militaires ont également des chiens spécialisés dans la recherche d’explosifs, la recherche de produits accélérateurs d’incendie, comme à Ambérieux, la recherche d’armes et de munitions, ou la recherche de restes humains, domaine très particulier qui concerne une seule unité basée à Gramat dans le Lot.

C’est d’ailleurs là-bas qu’est situé le centre national d'instruction cynophile de la gendarmerie. Les duos hommes-animaux sélectionnés réalisent une formation sur une période de dix-sept semaines. Le Saint-Hubert Seïko, par exemple, a été formé dès l’âge de 3 mois depuis août 2021, avant de passer opérationnel fin janvier 2023. Depuis, il a réalisé environ 25 interventions.

Les places sont chères : l’année dernière 65 candidats se sont présentés au sein de la gendarmerie d’Auvergne-Rhône-Alpes, mais seulement deux ont rejoint des brigades cynophiles.

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6 commentaires
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LOLO2669 le 05/04/2024 à 23:34
COMME C'EST BIZARRE a écrit le 03/04/2024 à 12h53

Tres instructif le sujet du flair des chiens, en parallèle cela m'interpelle sur l'affaire du petit Emile retrouvé le weekend de pâques par une randonneuse . Comment ce fait il que tout les chiens qui ont participé a sa recherche n'ai pas reniflé sa piste, sachant qu'il y'avait parmi l’équipe cynophile, les fameux st Hubert .

Moi qui croyais que le St Hubert était un fromage.
Chercher un jogger à Miribel Jonage c'est plutôt facile. Un nageur par contre eut été une prouesse. Le flair des chiens dans l'eau n'est pas performant.
Pourquoi ne pas dresser des otaries?

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Deaimer le 03/04/2024 à 14:20
humour de gauche a écrit le 03/04/2024 à 09h59

les droitards qui transpirent le cassoulet et qui se lavent 1 fois le mois, ce serait plutot 400.000 particules odorantes à la minute

🤣🤣🤣🤣🤣

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À vérifier le 03/04/2024 à 13:04
humour de gauche a écrit le 03/04/2024 à 09h59

les droitards qui transpirent le cassoulet et qui se lavent 1 fois le mois, ce serait plutot 400.000 particules odorantes à la minute

Pas sûr que les zadistes se lavent aussi souvent que tes droitards...

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COMME C'EST BIZARRE le 03/04/2024 à 12:53

Tres instructif le sujet du flair des chiens, en parallèle cela m'interpelle sur l'affaire du petit Emile retrouvé le weekend de pâques par une randonneuse . Comment ce fait il que tout les chiens qui ont participé a sa recherche n'ai pas reniflé sa piste, sachant qu'il y'avait parmi l’équipe cynophile, les fameux st Hubert .

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Leont le 03/04/2024 à 10:21
humour de gauche a écrit le 03/04/2024 à 09h59

les droitards qui transpirent le cassoulet et qui se lavent 1 fois le mois, ce serait plutot 400.000 particules odorantes à la minute

humour qui mérite une aide psychiatrique...

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humour de gauche le 03/04/2024 à 09:59

les droitards qui transpirent le cassoulet et qui se lavent 1 fois le mois, ce serait plutot 400.000 particules odorantes à la minute

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