Trois patrons et directeurs d’établissements ont accepté de prendre le pouls de la nuit lyonnaise et de révéler l’envers du décor d’un univers aux aléas variés.
D’abord, pour dessiner les traits de cet écosystème de la nuit post-covid, il faut établir ses caractéristiques nouvelles, voire inédites : un monde “plus aléatoire, moins prévoyant”, selon Benjamin Lavorel, propriétaire de plusieurs établissements dont le Azar (Lyon 2e) et Mamy ROSE (Lyon 6e), ce qui rendrait la gestion des évènements plus difficile.
Du côté de l’Ayers Rock (Lyon 1er) et son directeur Romain Cartier, la méthode de consommation de la clientèle, plus jeune, est en pleine mutation : “Les établissements typiques de nuit se remplissent beaucoup plus tard, et les sorties des jeunes sont concentrées en fin de semaine.”
Iouri Kotov, propriétaire du bar Les Poupées (Lyon 1er, anciennement Les Poupées russes), déplore lui le problème de l’insécurité dans la ville, qui rend la gestion de bars et boîtes de nuit plus complexe.
Pourtant, l’avis des trois gérants est unanime : “Après le Covid, les chiffres n’ont jamais été aussi bons”, confie Iouri Kotov. Tandis que Benjamin Lavorel complète : “Il y a eu une grosse vague pendant les quatre mois post-covid (septembre 2021, ndlr) et après, ça s’est un peu calmé.” Romain Cartier, lui, s’appuie sur les chiffres officiels : “On a commencé à ressentir un contrecoup sur la fin 2022. L’année 2023 a été un peu plus terne, avec une baisse d‘activité du secteur de 20 %.”
"Une nouvelle façon de consommer"
L’envie de liberté post-Covid des 18-25 ans dépassée, le soufflé est retombé. Pour l’expliquer, divers facteurs entrent en ligne de compte : “L’insécurité, le pouvoir d’achat”, selon le patron des Poupées, mais aussi “la circulation plus compliquée, avec les grands axes fermés pour aller à l’extérieur du centre lyonnais”, d’après celui du Azar et, surtout, “une nouvelle façon de consommer”.
Romain Cartier (Ayers Rock) explique que “la nouvelle génération se réserve davantage pour le week-end et quand elle sort, elle est moins consommatrice : elle jouit de l’ambiance plus que de la consommation d’alcool.” Iouri Kotov analyse : “Les jeunes consomment beaucoup moins d’alcool, et surtout ils le consomment plus intelligemment. Avant, on observait une consommation d’excès pour être saoul. Aujourd’hui, ils ont un rythme de soirée plus posé, ils commencent avec des apéritifs, et après ils enchaînent sur des alcools forts plus tard.”
Mais comment s’adapter alors, face à une clientèle en recherche d’expériences nouvelles ? “Il y a beaucoup de concurrence et par rapport à la sortie du Covid où les jeunes sortaient et les soirées se remplissaient seules, aujourd’hui il faut trouver des thèmes, des animations, des soirées pour les clients, investir en permanence”, explique le propriétaire du Azar avant de compléter : “Ça demande un peu plus de temps, de créativité, de nouveauté.”
Du côté de l’Ayers Rock, la stratégie de la direction a porté ses fruits : “On en a ressenti les effets du changement de comportement de la clientèle, mais on s’est remis en question et on a modifié certains aspects : on a mis l’accent sur la communication, le digital, l'évènementiel pour relancer l’activité. On est assez satisfaits des résultats.”
"Les gens veulent de la magie"
Selon Iouri Kotov, ce changement de consommation est en lien direct avec les réseaux sociaux, responsables d’un nouvel état d’esprit vis à vis des bars et discothèques : ”Aujourd’hui, les gens se voient beaucoup moins que nous on se voyait à l’époque, parce qu’ils ont l’impression de se côtoyer par message. Ce lien social a été coupé par les réseaux sociaux, et on a l’impression de toujours être entouré. Les générations changent, il faut juste qu’on s’adapte.”
Sentant un choc générationnel avec sa clientèle, ce dernier a délégué la gestion du bar en soirée à son équipe, alors qu’il supervisait auparavant le fonctionnement du bar toutes les nuits : “Moi, qui suis de la génération 90/91, on n’avait pas toutes les applications pour rencontrer les gens. On allait en boîte ou au bar pour socialiser, en discutant. Aujourd’hui, on a beaucoup moins ce réflexe de sortir pour rencontrer des nouvelles personnes, les jeunes restent entre eux et la discussion est alors plus difficile”.
Une génération, selon le gérant des Poupées, qui est davantage dans le paraître et veut contrôler son image via les réseaux : “Beaucoup de gens viennent, font juste une photo du bar et repartent sans même consommer. Les gens veulent de la magie, ils veulent Disney : le trash marche beaucoup moins qu’avant."
De son côté, Benjamin Lavorel déplore une concurrence qui se développe, compensée par un renouvellement plus régulier : “Il y a beaucoup d’établissements qui ont fleuri, en périphérie ou pas, et l’offre est beaucoup plus grande qu’avant le Covid avec en face une demande qui a un peu baissé, il faut s’en remettre. Le problème à Lyon, c’est que dès qu’on trouve un thème qui marche bien, les gens copient. C’est un travail sans arrêt, avec des concepts qui doivent se renouveler en permanence.” Iouri Kotov complète : “Aujourd’hui, tu peux sortir dans tous les arrondissements de Lyon, même à Confluence et dans le 7e. Avant c’était plus restreint sur le 1er, le 2e et le 6e. La clientèle se concentrait en centre-ville. Désormais, on doit se partager les parts du gâteau, c’est normal.”
Le monde de la nuit lyonnaise n’est donc pas mort, il est seulement un miroir du changement d’état d’esprit d’une génération tournée davantage vers la qualité, plutôt que la quantité.
Ils ne pensent qu'à la fête...
Signaler Répondre...Bah. Il faut s'adapter.
Signaler RépondreFût un temps j'allais au Monde à l'Envers sur les Pentes avec, du bon son Goa Trance.
Du bon Wu Tang Clan aussi.
L'écologie politique, telle que nous la vivons à Lyon, est une ineptie, une injure au vivre ensemble :
- Qui n'as pas vécu une guerre entre vélo et camion de livraison ?
Il reste combien de jours avant de la libération ?
Chihi a la solution l'an dernier il a organisé un concert à l'hôtel de ville.... visiblement il a encore du boulot.....
Signaler RépondreLe temps des discothèques est révolu. On continue à en fermer. Rien ne vaut une bonne soirée à plusieurs autour d'un plat de pâtes au thon, arrosé de quelques bons vins.
Signaler RépondreInsécurité et baisse des revenus… Pas la peine de chercher plus loin.
Signaler RépondreLes jeunes préfèrent les festivals sur plusieurs jours où ils sont sur de passer un bon moment.
Merci au petit Gregory d’aider à tuer notre ville à petit feu.
Ok boomer !
Signaler Répondre".... une génération tournée davantage vers la qualité, plutôt que la quantité."
Signaler RépondreLa qualité, vraiment ? ah bah bien sûr, cette société 'moderne' et cette civilisation claquée est vraiment de qualité c'est évident. 😂😂
Faut prendre en compte aussi que les goûts musicaux sont aussi de plus en plus individualisés. Accès streaming et écouteurs vissés sur les oreilles, on peut avoir des goûts complètement différents de ses amis, donc aller écouter la même chose devient plus compliqué, tandis qu'un pub ou un bar mettent moins l'accent sur la danse et la musique qui passent un peu plus au second plan.
Signaler RépondreEn parallèle, les concerts font le plein comme jamais, mais à des prix pharaoniques, forcément ça remplace autre chose dans les budgets, donc les autres loisirs.
L'univers de la nuit a commencé à changer bien avant la période Covid, ça a juste fini d'enterrer l'ancien monde.
Ça c'est vrai mais c'est vrai aussi que passé la trentaine, rien de tel qu'une petite soirée en appart entre potes/amis qu'une beuverie en boîte ou pub,juste mon point de vue..
Signaler RépondreDéjà vu cet article... Et récemment. Je ne sais pas si c'est LM ou ailleurs. Avec Disney aussi en comparaison.
Signaler RépondreOui, moins de pognon, l'insécurité sur Lyon, les déplacements en voiture (pour la sécurité) fortement compromis à cause des pastèques, les réseaux qui leur broie la cervelle, la musique actuelle ultra formatée, c'est certain que ce n'est plus comme avant les soirées sur Lyon avec les jeunes...
Par contre penser qu'ils boivent plus "intelligemment" c'est juste qu'il n'ont pas l'argent, surtout avec les prix monstrueux maintenant pratiqués dans ces établissements, c'était déjà cher depuis des décennies mais là... Sinon ce serait beuverie à gogo ;-)
La nouvelle génération est tellement stupide avec leurs réseaux sociaux, vaut mieux faire des boites à destination des anciens.
Signaler RépondreNB. C'est prouvé scientifiquement que les écrans et les réseaux sociaux réduisaient la taille du cortex, pour ceux qui vont s'offusquer
Le covid a mis au bercail une floppée de trentenaires/quarantenaires.
Signaler RépondreTous ne sont pas ressortis, c'est vrai. C'est qu'ils y trouvent leur compte aussi.
trop d insecurite pour les filles et trop de barbares en liberte
Signaler RépondreLa bobo-écolo-bien-pensance est passée par là ?
Signaler RépondreRien de mieux qu'une soirée netflix avec des popcorns
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