A Lyon, en 1975, la moitié des prostituées sont des sans-papiers originaires du Maghreb. Elles travaillent sur le boulevard périphérique, pour éviter les contrôles des policiers plus fréquents en ville. Seules les Françaises tapinent dans Lyon, en particulier à Gerland près de la halle Tony-Garnier, ou en Presqu'île rue Pizay, rue Palais-Grillet, place des Célestins…
Les passes se font dans les voitures des clients, dans des hôtels ou des appartements clandestins où il faut reverser la moitié de l'argent gagné à la gérante, bien souvent une ex-prostituée. Les clients eux sont très souvent des hommes mariés. Des ouvriers, des hommes d'affaires, mais aussi des notables qui ont parfois des demandes plus perverses.
"On ne se sentait pas malheureuses, car on vivait dans une sorte de bulle, entre prostituées, et nos mecs étaient nos propres proxénètes", se souvenait pour LyonMag Marie-Claude Peyronnet, la célèbre Ulla.
La Lyonnaise et ses pairs subissent toutefois de plus en plus les arrestations des forces de l'ordre, qui n'hésitent pas à interpeller les prostituées plusieurs fois par semaine, avec au bout des amendes de 250 francs.
Le procureur du tribunal de police applique alors le décret sur la récidive : toute prostituée faisant l'objet de plus d'un procès-verbal dans la même région et la même année doit faire trois jours de prison. Et fin mai 1975, trois travailleuses du sexe sont incarcérées à la prison de Montluc. Ce qui a poussé à la révolte contre ce harcèlement policier, mais aussi social et fiscal.
C'est Ulla qui a eu l'idée d'occuper une église, où les prostituées savaient qu'elles ne seraient pas délogées. L'église Saint-Nizier est choisie car elle a une position centrale en Presqu'île, afin de donner plus d'impact au mouvement de protestation contre l'emprisonnement de prostituées, mais aussi contre la réouverture des maisons closes dont il était question à l'époque.
Une semaine de combat qui s'étend au reste du pays
Le 2 juin, une cinquantaine de femmes occupe l'église avec l'accord du père Beal, le curé de la paroisse. Carine est chargée de surveiller l'énorme porte du bâtiment en regardant par une petite lucarne afin de ne faire entrer que les journalistes et les prêtres. Deux autres prostituées ont pour mission de faire la tournée des restaurateurs qui soutenaient le mouvement pour récupérer des repas gratuits.
Dans l'église, les filles dorment à même le sol, dans des duvets, et écoutent la radio pour être informées de l'évolution de la situation. Ce qui leur a permis d'apprendre qu'elles étaient soutenues par des associations féministes comme le MLF, ainsi que par de nombreux Lyonnais les considérant comme des victimes.
Deux hommes jouent aussi un rôle important : Christian Delorme, pas encore prêtre et qui deviendra le fameux curé des Minguettes, et Louis Blanc, qui s'occupait de l'association catholique Le Nid, qui venait en aide aux prostituées.
"Quant à l'archevêque de Lyon, le cardinal Alexandre Renard, il avait un discours très faux-cul. D'un côté il affirmait qu'il fallait nous traiter comme des personnes humaines. De l'autre il disait qu'une église était un lieu de prière et pas une tribune publique. Même chose pour le maire Louis Pradel qui n'osait pas prendre position", raillait Ulla.
Les ministres sont également mal à l'aise : Françoise Giroud, secrétaire d'Etat à la Condition féminine, et Simone Veil, ministre de la Santé, ne s'emparent pas du sujet.
Les prostituées comprennent donc qu'il faut se battre. C'est pour ça que quelques jours après le début de l'occupation de Saint-Nizier, des filles de Grenoble, Saint-Etienne, Marseille et même Paris rejoignent Lyon. D'une cinquantaine, les occupantes de l'église passent à 200.
Et puis dans d'autres grandes villes, des bâtiments saints sont à leur tour occupés par des prostituées.
Cela prend une tournure nationale, voire internationale puisque des reporters américains et chinois se pressent à Saint-Nizier pour interviewer les manifestantes.
Le gouvernement resté muet
Après plus d'une semaine d'occupation de l'église lyonnaise, le ministre de l'Intérieur Michel Poniatowski a donné l'ordre aux policiers d'évacuer les lieux.
A Lyon, ça s'est passé très tôt le matin le 10 juin. Le prêtre Beal s'est présenté à la porte pour entrer. Le croyant seul, la prostituée lui a ouvert. Sauf que les forces de l'ordre s'étaient cachées derrière le curé. Aucune interpellation ne sera réalisée, tandis qu'Ulla finira à l'hôpital Edouard-Herriot après avoir reçu un coup de matraque derrière la tête.
"Cette évacuation a indigné beaucoup de gens parce que le gouvernement a utilisé la force alors qu'on voulait simplement engager un dialogue avec les pouvoirs publics. On a atteint en partie notre objectif puisque les trois prostituées verbalisées ne sont pas allées en prison", se félicitait Ulla.
Malgré tout, les travailleuses du sexe voulaient encore se battre. Début juillet, des états généraux de la prostitution ont été organisés à Lyon, à la Bourse du Travail. Et Ulla, jamais avare en idées tonitruantes, demanda aux participants de se rendre en car à la maison du Président de la République Valéry Giscard d'Estaing à Chanonat en Auvergne.
Plus de 500 personnes, journalistes compris, ont fait le voyage jusqu'à pénétrer dans le parc de la maison, avec des pancartes "Non aux maisons closes".
Ulla a ensuite arrêté de se prostituer en novembre 1975 pour diriger un bar à Cannes et écrire son autobiographie. Elle a également engagé des poursuites contre les créateurs du minitel rose 3615 Ulla qui se servaient de son nom sans autorisation dans les années 80.
l homme heureux n a pas de chemise(voltaire?)
Signaler Répondrepardon:brigitte bardot
Signaler RépondreVGE, c'était un chaud, il a pécho Lady di !
Signaler RépondreAujourd'hui la prostitution est légale ( et déclarée )
Signaler RépondreMais les clients peuvent être verbalisés!!!!
Bientôt le cannabis sera légalisé, mais tu ne pourras pas en acheté!!!!
Pauvre France
Vous affirmez 5 morts au collège Gabriel Rosset.
Signaler RépondreJ'ai fait des recherches, je n'ai rien trouvé.
Si vous avez un lien, merci.
Bon même si ici on reste sur de la "petite" Histoire.
Signaler RépondreInstructif !
5 morts au collège gabriel rosset à cause d'elles et d'un de leurs clients, sans parler de la fois où celles du dessous du pont ont tiré avec un flingue en direction de collégiens du 8ème rentrant chez eux.
Signaler RépondreLa police n'a jamais assuré une quelconque sécurité en dehors de passage en voiture à 130 km/h plusieurs fois par jour, au moins on les entendait à défaut de les voir bosser...
D'ailleurs y'a jamais eu de fait divers pour la mort de mes camarades mais à la même époque y'en a eu des tas pour une manif d'ultra cathos devant un s-shop sans vitrine qui eux ne sont pas connus pour avoir causé des morts...
A gabriel rosset y'avait les gosses des gendarmes de l'ex caserne de gerland, donc la police et le gouverneur militaire n'ont même pas eu une quelconque conscience pour au moins fournir une protection aux gosses de leurs collègues...
hors sujet
Signaler Répondrequel « état » ?
Signaler RépondreMaintenant on a Marie Charlotte qui dort dans une école pour demander des logements, dont son parti en est responsable d'une certaine façon...
Signaler RépondreIl y a aussi des abrutis qui jettent de la soupe dans les musées pour faire flancher Total ;-)
Crévindiou c'était mieux avant !
Tu fais une fixation sur l'extrême droite! Arrête de regarder yan barthès!!!!!
Signaler RépondreAux prochaines élections, tu vas nous faire une jaunisse!!!!!!
La même serai arrivé en 2024 on aura vu l'extrême droite sortir les gros titres grands remplacement et wokisme et islamogauchiste et oqtf et immigration et délinquance et la France chrétienne bref l'extrême droite fait un ravages dans la société avec un aide d'un pseudo état démocratique venu de l'étranger
Signaler RépondreEn ces temps lointain, ces femmes étaient des vraies féministes. Mais c était avant.
Signaler RépondreAh, Ulla aux actualités régionales télévisées de l'époque... Quel sujet !
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