Qu’a-t-on fait mieux que les autres ici ? Est-on vraiment cette capitale de la Résistance que la majorité vantait - la gorge serrée et le visage fermé – dimanche 30 juin quand les chiffres du premier tour tombaient ?
Dimanche soir, debout les bras croisés, entre Margaux Vidal (PS) à gauche Anaïs Belaoussa-Chérifi (LFI) à droite et devant Boris Tavernier (Vert ?), Grégory Doucet grimace en expirant quand l’écran géant affiche le résultat de Bardella.
Il a une bonne capacité à encaisser, il a dû se reprendre très vite, je ne l’ai pas revu ensuite dans les salons de la préfecture, mais à ce qu’on m’a dit ce n’était pas la franche rigolade. Malgré la réélection de Marie-Charlotte Garin au premier tour.
A Lyon, les législatives ce sont donc 38 500 voix pour l’extrême droite dimanche dernier (à 94% des voix du RN, Reconquête n’a fait que 2021 voix, année de sa création d’ailleurs). La majorité NFP a fait 100 000 voix en tout.
Mais pour arriver à ce score municipal il faut additionner le score d’électeurs de 4 partis rassemblés dans le NFP. Si on regarde le score de la seule Mairie Toussaint, candidate écologiste, juste trois semaines auparavant, aux européennes du 9 juin, ce ne sont pas plus de 20 000 voix. Bardella en a réuni 25 000 à Lyon à ces mêmes européennes.
A qui demander des comptes pour cette soi-disant résistance qui fuit de partout ?
Il faudrait le 06 du PR. Il y a bien Anne Brugnera qui a été élue députée LREM en 2017 et qui doit l’avoir, comme Thomas Rudigoz (4e et 1ère circo). Mais tous les deux sont en position difficile, devancés par Anaïs Belouassa et Sandrine Runel, ce n’est sans doute pas le moment de leur demander.
Loïc Terrenes est en campagne pour devenir député : il est plus abordable. Et il est tenace. On ne peut pas lui enlever ça : "Je n’ai jamais autant fait de pas dans une journée que pendant cette campagne, mon smartphone est formel", plaisante-t-il à moitié ce mardi 2 juillet devant les journalistes qu’il a réuni après le 1er tour.
Les thèmes sont les mêmes qu’avant le 1er : l’optimisme dans la campagne : "Tout est possible, j’ai fait 2000 voix de plus au premier tour 2024 qu’en 2022" ; la justification de la dissolution : "il fallait retourner au peuple" ; la volonté de trouver un équilibre entre les extrême : "construire une alternative si le RN n’a pas le pouvoir" ; le travail accompli par la majorité (sortante) : "On a rénové le commissariat du 2e arrondissement pour 3,5 millions d’euros, mais qui le sait ?". Bref, pour lui, si on en est là, c’est par manque de communication autour des projets : "On n’a pas su faire savoir".
Intuitivement je sens bien que c’est un peu léger. Aux législatives de 2017, le RN (qui s’appelait le FN), avait fait 9000 voix à Lyon. 9000 ! Dit autrement, en 7 ans, son score a été multiplié par 4, de législatives à législatives, un peu comme si tous les jours, pendant 7 ans, 15 Lyonnais s’étaient convertis au RN, y compris pendant les grandes vacances. Une sorte d’épidémie lente, de marée inéluctable, qui atteindra bientôt le nez.
Quand ça va vraiment mal, inutile d’appeler Grégory Doucet (dont je n’ai pas le numéro) : il me dira qu’il n’est pas responsable car il n’est là que depuis 2020, pas 2017.
Donc, quand ça va très mal, je ne fais pas comme vous qui restez à vous faire du mal dans le secret de vos âmes : j’appelle médecins et juristes.
Georges
En premier : Georges Képénékian, après 3 SMS de supplication. Je tombe assez mal, je l’entends qui fulmine encore, la voix un demi ton trop basse, au souvenir de son expérience récente du conseil municipal du 27 juin. Il a cité Rabelais (qui n’y est sans doute pour rien) pour rappeler à la majorité verte de Lyon combien il voulait essayer de discuter avec eux : "C’était aussi utile que de pisser dans un violon". Il y a eu des rires, ce qui a encore plus énervé l'ancien édile. Tout en reconnaissant que "(sa) pensée est complexe" (i.e : "vous n’allez rien comprendre, essayez au moins de répéter convenablement") il développe au téléphone, en quelques phrases lapidaires parsemées de références historiques, ses idées.
La logique majoritaire (législative) est renforcée au niveau municipal par la règle qui rajoute 50% des sièges à celui arrivé premier. Rapidement au cours du temps, la liste numéro 1, peuplée de gens avec qui individuellement il est possible de discuter "bugne à bugne" se transforme en clan, et ne pense qu’à écraser la minorité désignée par les urnes en lui imposant ses options politiques. Cette logique est celle du conseil municipal, comme de l’Assemblée nationale. Si la situation est mauvaise aujourd’hui c’est parce que "contrairement à l’Allemagne on ne sait pas faire des coalitions".
Dominique
Passons à Dominique Nachury. Elle est juriste de formation, ancienne députée de la 4e circo et elle a des idées aussi sur comment fabriquer de bons députés. Répondant depuis 10 ans à mes SMS de demande de rendez-vous par un invariable "A qui ai-je l’honneur ?", elle est souvent disponible et je peux la voir. Dans un café du 6e, elle explique : la suppression de la réserve parlementaire et la loi contre le cumul des mandats ont coupé le lien entre le député et son terrain. Il fallait maintenir la possibilité qu’avait le député d’aider financièrement les associations de sa circonscription, et permettre à ce même député de garder un mandat local si la ville n’était pas trop grosse. C’est fini. Plus personne ne connait son député, le scrutin majoritaire devient une sorte de proportionnelle mal fabriquée.
Je me rends bien compte que pour le 7 juillet c’est trop tard : la fonction freeze ne peut plus être activée. Comment en est-on arrivé là ? "Des gens qu’on a oublié, à qui on a fait des réponses macro", résume Georges Képénékian, qui en plus d’être médecin, est ancien maire de Lyon (2017-2018).
"Macro" à comprendre d’abord au sens de macroéconomie : "J’ai des proches qui m’expliquent que du point de vue économique on ne peut rien reprocher à Macron, insiste Dominique Nachury, mais l’économie ce n’est pas tout".
"Macro" ensuite au sens de politiques trop générales dans les principes, et trop détaillées dans leurs applications, les rendant impossible à expliquer aux Français. Dominique Nachury illustre, comme si les deux s’étaient entendus avant que je les appelle séparément : "Je siège à la commission d’attribution des logements sociaux. Vous entendrez partout des gens qui vous disent qu’ils votent RN parce qu’ils en ont marre que les autres aient tout gratuitement et qu’eux ne reçoivent rien alors qu’ils travaillent et paient leurs impôts".
Il faudrait montrer combien l’attribution de logements sociaux n’illustre en rien ce fantasme numéro 1 du vote RN. L’ancienne maire du 6ème développe : "Vous avez des dizaines de dispositifs différents, tous prioritaires, qui entrent en compétition avec les personnes qui ont fait un dossier DALO à la préfecture, la préfecture fabricant ses dossiers on ne sait comment, et pour qu’au final, la commission d’attribution rencontre avec un nombre de refus considérable de la part de gens à qui on a attribué ces logements".
N’ai-je pas bien fait de vous parler de mes rencontres avec Georges et Dominique ? C’est un beau programme pour la suite (s’il y a une suite) : faire des politiques moins détaillées, qu’on puisse décrire à tout le monde (même si elles sont moins taillées pour moins de cas particuliers), et qui soient le produit d’autre chose que d’une majorité qui veut écraser la minorité.
Votez bien.
Romain Meltz
Voter bien ? Ca veut dire quoi voter bien ? Voter pour le NFP c'est ca ?
Signaler RépondreBen desolé mais non, quand je vois au NFP des partis antisemites, islamistes, des militants eco terroristes qui tentent de tuer des gendarmes ou policiers sur l'A67 ou à Sainte Solline avec la benediction de EELV qui invitent à leur université d'été Medine qui balance des tweets antisemites sur X. On peut parler aussi du PCF qui prenait ses ordres dans un pays etranger à Moscou (ca s'appele de la traitrise non ?) et du bilan humain catastrophique du communisme (des dizaines de millions de morts et une alliance avec Hiler), donc on a tout ce petit cirque qui s'allie les uns aux autres et nous disent "nous on est le camp du bien" ? Et on ose parler des origines du RN ? La belle blague.
Si c'est ca voter "bien" alors non merci moi ce sera RN tous les jours.
En fait plus vous ouvrez votre bouche moins j'ai envie de voter pour vous, vous etes la gauche la plus minable au monde, encore ce serait une gauche comme au Danemark qui prend des mesures fortes contre l'immigration ou l'insecurité je dis pas je pourrais voter ainsi, mais vous c'est circulez y a rien n'a voir c'est un non sujet.
Toujours la censure alors qu'on lit ou évoque la constitution pour la question du loge... je vous signale que le smic est à géométrie variable en fonction des territoires aussi ainsi que de nombreux droits dans les dom-tom...
Signaler RépondreAh !
Signaler RépondreMerci de m'avoir prévenu
Nombre considérable de refus d'HLM : faut voir les quartiers proposés.
Signaler Répondrepolitique?
Signaler Répondre" ce n’était pas la franche rigolade" Vivement 2026!
Signaler RépondreCe galimatias est bien parti pour le Pulitzer
Signaler RépondreAu cas où l’auteur de l’article se demande pourquoi si peu de commentaires, c’est parce qu’il y a un prix Nobel à la modération : au-delà d’une ligne et s’il y a un minimum d’argumentation rationnelle, il bug.
Signaler RépondreDéjà qu'ils essaient de résister à la connerie....
Signaler RépondreMais quelle résistance ? à qui ? à quoi ?
Signaler Répondre