La décision de supprimer l'autonomie de Lyon en 1852 s'explique par la réputation de la ville. A Paris, on craint ses habitants et le danger de leurs soulèvements. Il y a eu le siège de Lyon par l'armée révolutionnaire en 1793, les deux révoltes des Canuts en 1831 et 1834, et celles des Voraces en 1848 et 1849.
La ville rebelle inquiète Louis Napoléon Bonaparte, qui vient alors de réaliser un coup d'Etat le 2 décembre 1851 et entend faire régner l'ordre. D'autant plus qu'il s'était rendu compte à l'occasion d'une visite à Lyon à l'été 1851 que la violence y régnait encore, ainsi que dans ses faubourgs.
Le 16 août 1851, Louis Napoléon Bonaparte avait visité les ateliers des canuts de la Croix-Rousse et avait été accueilli par des huées et même des jets de pierres. Pour les canuts, il était responsable de la mort d'une cinquantaine de Voraces au cours de la révolte de 1849. Et son gouvernement avait limité le suffrage universel pour les ouvriers, obligés d'habiter une commune depuis plus de six mois pour pouvoir y voter.
Le soir-même, lors de son discours à la Chambre de commerce de Lyon, Louis Napoléon Bonaparte avait alors affirmé "Lyonnais, aimez-moi". Une allusion à la déclaration de son oncle Napoléon Bonaparte en 1815, "Lyonnais, je vous aime". De quoi prouver qu'il savait que son autorité n'était pas assurée entre Rhône et Saône.
Après son coup d'Etat donc, Louis Napoléon Bonaparte prend un décret le 24 mars 1852 qui supprime la mairie centrale de Lyon et intègre à la ville les faubourgs jusqu'à présent indépendants de la Guillotière, de Vaise et de la Croix-Rousse. Une décision stratégique car ces faubourgs étaient majoritairement ouvriers, sources de révoltes.
Lyon se retrouve alors constituée de cinq arrondissements, avec la division de la Presqu'île en deux. Et passe de 160 000 à 250 000 habitants. Ce qui représente une augmentation des recettes fiscales car avant leur rattachement, les faubourgs ne payaient pas d'octrois, c'est-à-dire des taxes sur l'entrée de produits comme le vin, le blé ou la viande. La ville perdait un certain nombre de ces recettes fiscales car les Lyonnais allaient consommer dans les faubourgs, considérées comme des zones franches.
Un préfet tout-puissant
C'est le préfet qui récupère les pouvoirs du maire, et dispose des pouvoirs de police, de voirie, de santé publique ou encore d'éducation. Un poste nommé par le gouvernement, à l'instar des maires des cinq arrondissements et de leurs adjoints...
La situation est anti-démocratique, avec une commission municipale de 30 membres autour du préfet, tous nommés également par le gouvernement, et dont l'avis est consultatif.
L'opposition est faible, voire inexistante. Même les journaux ne peuvent jouer le rôle de contre-pouvoir, faisant face à la censure. Beaucoup de journaux populaires disparaissent alors, comme Le Peuple Souverain ou L'Echo de la Fabrique.
Quid des ouvriers des faubourgs intégrés à Lyon ? Ils se retrouvent désorganisés car sans leader. Le 2 décembre 1851, le maréchal de Castellane, gouverneur de Lyon et partisan de Louis Napoléon Bonaparte, avait fait arrêter une cinquanaine de personnes jugées dangereuses. Et parmi elles, les principaux responsables ouvriers et républicains.
Quant aux bourgeois lyonnais, ils vont vite le deuil de la disparition de la mairie centrale car la sécurité revient et avec elle, la relance du commerce. De plus, le gouvernement leur fait un cadeau inespéré avec l'élargissement du Rhône à des communes iséroises comme Villeurbanne ou Vaulx-en-Velin. Pour les bourgeois, c'est la promesse d'une nouvelle main d'oeuvre abordable et la possibilité d'y installer leurs ateliers.
Lyon est totalement soumise.
Et lorsque Louis Napoléon Bonaparte y revient le 19 septembre 1852 pour inaugrer une statue en bronze de Napoléon 1er sur la place Perrache, devenue aujourd'hui place Carnot, il fait face à une foule réunie par le préfet qui crie "Vive Napoléon, vive la France, vive l'empereur !". Un statut d'empereur qu'il n'avait pas encore car il prévoyait son couronnement pour le 2 décembre suivant.
Le symbole est fort, d'autant que la statue de Napoléon 1er remplaçait une statue en argile représentant le peuple écrasant la monarchie, érigée par les Voraces en avril 1848.
Les grands chantiers de Vaïsse
C'est dans ce contexte que Lyon va célébrer pour la première fois le 8 décembre avec la fête de la vierge Marie. Pour inaugurer la statue de la vierge placée sur le clocher de la chapelle de Fourvière, le cardinal de Bonald avait demandé aux Lyonnais de poser un lampion sur leur fenêtre. Un vrai recul du républicanisme, historiquement hostile au clergé, et un retour en force des catholiques qui soutiennent Louis Napoléon Bonaparte.
Un préfet de Lyon va transformer le visage de la ville. Nommé au printemps 1853, Claude-Marius Vaïsse lance un programme de grands travaux d'urbanisme en construisant d'importantes artères pour assainir le centre-ville, composé alors de petites ruelles malsaines, où l'on pouvait facilement installer des barricades.
La rue Impériale, aujourd'hui la rue de la République, est percée dès 1853 pour relier Bellecour à l'Hôtel de Ville. Puis vient le tour de la rue de l'Impératrice, future rue Edouard-Herriot. Les immeubles construits ont des entrées très sobres, de belles façades et de grandes fenêtres. Les salons donnent sur la rue, les chambres des domestiques et les cuisines sur les cours.
L'Hôtel de Ville est également restauré par Tony Desjardins.
En 1857, le préfet lance aussi la construction du palais de la Bourse, du parc de la Tête d'Or, des halles aux Cordeliers et de la gare de Perrache. La plupart des travaux sont achevés à la mort de Vaïsse, en 1864.
Ces grands chantiers auront pour conséquence la fin de la mixité sociale à Lyon. Avant 1852, la ségrégation sociale était verticale puisque les bourgeois habitaient aux premiers étages des immeubles et les ouvriers sous les toits. Après 1852, elle devient horizontale avec le départ des ouvriers, incapables de payer les loyers devenus trop chers en Presqu'île.
Les bourgeois vivent près des lieux de pouvoir, entre Ainay et les Terreaux. Les classes moyennes privilégient la Croix-Rousse. Et les ouvriers se retrouvent relégués à la Guillotière ou à Vaise, qui prennent des airs de cour des miracles avec de nombreux mendiants et de la prostitution.
Par ailleurs, les constructions se font à l'époque sans permis de construire. Et les Hospices Civils de Lyon, propriétaires de nombreux terrains, refusent de vendre. Les lotisseurs réalisent donc des taudis dans lesquels s'empilent les ouvriers et leurs familles.
Lyon ne retrouvera son autonomie qu'en 1881, avec la loi municipale qui permettra au conseil municipal de pouvoir à nouveau élire un maire.
Qu'est-ce que vous aimez en Louis Napoléon Bonaparte ?
Signaler RépondreLouis Napoléon Bonaparte REVIENS.......................................
Signaler RépondrePourquoi devrais je penser que votre avis lapidaire est plus juste que les articles d'encyclopédies utilisant ce terme d'Empire en ce qui concerne le pouvoir tibetain aux 7ème_8ème _ 9ème siècles ?
Signaler RépondreVous pigez que vous êtes repris uniquement sur l'adjectif "impérial", non ?
Signaler Répondrequi voulait interdire l entree des chars avec une ZFE...
Signaler RépondrePas de doûte, c'était bien des lyonnais
Signaler RépondreJe n'ai jamais écrit que l'empereur du Tibet était le plus puissant du monde, mais que son trône avait des probabilités d'être le plus haut ...
Signaler RépondreVous pigez la nuance ? Non ?
Claude c'est bien celui qui a fait exécuter ses enfants ? Et Caracalla celui qui a trancher la gorge de son frère, tout ça pour régner encore moins longtemps queValéry Giscard d'Estaing ?
Signaler RépondreCa se dit lyonnais alors que deux empereurs romains sont né à Lyon Claude et Caracalla avec un gigantesque empire
Signaler RépondreMême si le Tibet a pu avoir cette appelation par les historiens, le Tibet n'a néanmoins jamais eu les caractéristiques d'un Empire selon la définition de ce mot. En ce sens, on ne peut pas dire que l'empereur Tibétain était le plus puissant du monde
Signaler RépondreFaites juste une recherche internet sur les mots "empereur du Tibet" et vous verrez que OUI, il y en a eu...
Signaler RépondreDans les archives de l'état civil de Lyon c'est ce qui s'appelle la "mairie unique" .
Signaler RépondreTous ceux qui font de la généalogie le savent .
Avant il y avait "Lyon mairie unique" , "La Guillotière" , "La Croix-Rousse" , "Lyon Vaise" .. etc ....
Napoléon 1er était le plus grand Empereur, du monde je ne sais pas, mais de France, et d'Europe.
Signaler RépondreNapoléon 3 lui, n'était qu'un empereur d'un empire égal à un royaume...
Et donc, l'article parle du quel, monsieur qui veut faire l'intéréssant ?
Lyon dangereuse en au 19e Siècle ? Encore la faute des étrangers c'est certain 😅
Signaler RépondreEt GD nous ferait pas chier..
Signaler Répondreil n’y a jamais eu d’empereur du Tibet.
Signaler RépondreIl y a de fortes probabilités que le trône impérial le plus haut du monde ait été celui de l'empereur du Tibet, ou celui de l'Inca ?
Signaler RépondreLes gouvernements de la 3ème République auront quand même attendu 1881, une dizaine d'années après la chute du Second Empire, pour permettre l'élection des maires de Lyon par les habitants.
Signaler RépondreQuitte à retourner a l'école, apprenez que les guerres révolutionnaires duraient depuis dix ans quand Bonaparte est arrivé au pouvoir. Les anglais ont financé sept coalitions pour avoir sa peau, alors n'allez pas lui imputer ces millions de morts
Signaler RépondreIl y a eu qu'un seul Empereur en France ?
Signaler RépondreDoucet et sa clique c'est l'idéologie hors sol de son parti avec les ordres données depuis la région de Paris. Doucet ce ne sera jamais Lyon : c'est une infamie de le penser, ce militant ne montre aucune passion pour Lyon, il ne cherche qu'à imposer les dogmes de son parti, mais Lyon déteste la soumission que nous impose sa région d'origine qui nous vassalise depuis trop longtemps.
Signaler Répondre"Gérard Collomb c'était Lyon, et Lyon c'est quelque chose". On ne pourra jamais dire que Doucet, c'est Lyon.
Signaler RépondrePardon mais l'Empereur...
Signaler RépondreLe plus haut trône du monde.
Le gueux vous salut bien bas petit bobo écolo,
Signaler Répondremerci pour cet intéressant rappel de l'histoire des quartiers. lire les chambres des domestiques et cuisine donnaient sur les coures intérieures qui ne voyaient jamais le soleil et étaient très sombres. Pour avoir eu l'occasion de me rendre dans ce genre d'appartement la cuisine était éloignée des pièces principales, car considérée trop commune... Une autre époque
Signaler RépondreLe ton est donné, réécrivons l'histoire dans cet article sans aucune neutralité.
Signaler RépondrePour Villeurbanne, ce sont les habitants qui ont fortement demandé à être rattaché à Lyon pour des raisons pratiques administratives !
"Pour les bourgeois, c'est la promesse d'une nouvelle main d'oeuvre abordable", selon les chiffres de l'époque il y a eu peu d'effet sur l'augmentation de la population sur les communes extérieures à Lyon, et notamment Villeurbanne qui est restée une commune très rurale jusqu'à la fin du XIXe siècle....
Vous, vous n'avez pas lu l'article. D'ailleurs de quel Napoléon fait-il référence ?
Signaler RépondreÇa dépend pour qui ! Moi, j'étais incarné en bourgeois, donc avec mes privilèges très "Ancien Régime". Mais vous, si vous étiez un gueux dans cette vie-là, vous avez présentement le syndrome de Stockholm.
Signaler RépondreNapoléon III a fait beaucoup de gestes pour se faire aimer des catholiques. Pourtant, ses convictions religieuses étaient très floues. Mélanie de la Salette avait transmis une prophétie très inquiétante sur celui qui voulait à la fois faire l'Empereur et le Pape ("l'aigle tombera sur des piques"). Les travaux du préfet ont sans doute, comme avec Haussmann à Paris, étaient l'occasion de bons enrichissements pour quelques spéculateurs et l'occasion d'une épuration sociale, en chassant les ouvriers vers les périphéries. Les classes dangereuses direction la banlieue.
Signaler RépondreA Paris on craignait ses habitants et le danger de leurs soulèvements en 1852, mais en 2024 c'est exactement pareil avec la gauche lfiste sur Lyon ;-)
Signaler RépondreNapoleon est un diable qui a fait tuer des millions d'innocents. Poutine est un ange à côte de napoleon
Signaler RépondreEtre occupé par un Etat jacobin a toujours été une entrave pour Lyon.
Signaler RépondreMerci d'au moins aborder le sujet par un survol assez loyal, mais pas exhaustif pour autant.
Signaler RépondreLyon est bourgeois, et pour un bourgeois il faut mille pauvres.
Pour la messe d'enterrement de l'ex maire, Edouard Philippe a bien résumé la situation. "Gérard Collomb c'était Lyon, et Lyon c'est quelque chose" CQFD !
Signaler Répondre"A Paris, on craint ses habitants et le danger de leurs soulèvements. Il y a eu le siège de Lyon par l'armée révolutionnaire en 1793, les deux révoltes des Canuts en 1831 et 1834, et celles des Voraces en 1848 et 1849". En effet Paris n'est que la capitale de la région IDF et de ses 11 millions d'habitants. Elle n'est que le siège administratif pour les 56 millions autres !
Signaler RépondreQuelle belle époque, vive Napoleon
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