Et Lyon a perdu tout son prestige politique et économique après avoir parié sur le mauvais général. Ce qui marquera le début d'un irrésistible déclin jusqu'à l'arrivée des barbares au Ve siècle, Lyon n'était alors plus qu'un gros village.
L'origine de la décadence de Lugdunum, c'est la mort de l'empereur romain Commode, assassiné en 192 après J.-C., qui ouvre une longue crise de succession. Plusieurs généraux s'affrontent pour prendre le pouvoir à Rome. Et Lyon décide de prendre parti pour Clodius Albinus.
Sauf qu'en 197, c'est l'ancien gouverneur de Lyon Septime Sévère, à la tête des légions du Danube, qui l'emporte. Et il fera payer cher aux Lyonnais leur choix malheureux.
En 197, Lyon est encore une grande et belle ville riche, avec de nombreux commerces sur la Presqu'île, et des monuments et villas sur la colline de Fourvière. Malgré ce statut, la cité n'est pas fortifiée.
Albinus est le candidat de Lyon, mais aussi du Sénat et de tous les Gaulois. Mais le reste de l'empire romain préfère Septime Sévère, qui va entrer en guerre contre son rival.
Deux défaites décisives ont lieu pour Clodius Albinus en février 197.
La première à Tournus en Saône-et-Loire. Et la seconde dans les Monts d'Or, aux portes de Lugdunum. Cette dernière bataille marque son époque, certains historiens évoquent 100 000 hommes impliqués. Et elle met fin à la dynastie des Antonins qui régnait sur Rome depuis un siècle.
A cause de ce revers, Albinus se suicide. Son corps est retrouvé, décapité et jeté dans le Rhône. Sa tête part à Rome pour l'exemple, et Lyon se retrouve dans l'inconfortable situation d'une ville qui a misé sur le mauvais cheval.
Sévère ne pardonne pas à Lyon d'avoir soutenu son adversaire. Il a beau avoir administré la ville par le passé, il n'éprouve aucun remord à envoyer ses troupes la piller.
Nouvel empereur de Rome, il décide de faire fermer l'important atelier monétaire lyonnais, qui était un élément déterminant de pouvoir sur le continent, car très peu de cités avaient le droit de battre monnaie. Sévère retire aussi à Lyon sa cohorte urbaine, c'est-à-dire sa milice civile chargée de maintenir l'ordre.
N'étant plus une ville stratégique pour l'Empire, Lyon perd très vite de sa superbe pour redevenir une simple cité de province.
Malgré la perte du pouvoir militaire et administratif, les habitants conservent tout de même un train de vie plutôt positif dans l'immédiat. Ville de passage, Lyon continue de prospérer grâce au commerce. Et la bourgeoisie ne s'en plaint pas.
Lyon aura finalement anticipé la décadence de l'empire romain avec cette défaite d'Albinus en 197.
Un déclin et l'arrivée des Burgondes
Mais au cours des siècles qui suivent, le déclin de Lyon va s'accélérer. A partir du IIIe siècle ont lieu des incursions barbares qui nécessitent un renforcement des frontières. Au Ve siècle, les grandes invasions des Alamans, Vandales, Wisigoths, Burgondes, Francs renversent l'Empire romain d'Occident. Et chaque fois, Lyon subit d'importants dégâts.
Le plus marquant fut la destruction des aqueducs qui rendait très difficile l'approvisionnement en eau de la colline de Fourvière et des pentes de la Croix-Rousse. Ce qui poussa les habitants à se regrouper sur la Presqu'île et le Confluent.
Les routes n'étant plus sûres, l'activité commerciale ralentit fortement. Et les échanges avec Rome, la Rhénanie ou même l'Angleterre deviennent de plus en plus difficiles.
Le tournant pour Lyon, c'est l'arrivée des Burgondes qui s'y installent en 461 pour en faire la capitale de la Burgondie, s'étendant alors de la Provence à la Bourgogne. Ces barbares originaires de Germanie sont installés dans le Jura depuis 443. On les dit assez civilisés, mais restent des soldats vivant de pillages. Un peuple qui n'a ni le temps, ni le goût de se sédentariser.
A Lyon, les Burgondes s'intègrent assez bien. Disciples d'Arius, un opposant à la doctrine officielle, ils laissent pourtant les évêques lyonnais exercer leur magistère. Ce qui rassure les habitants, majoritairement chrétiens.
Lyon est alors une ville de 10 000 habitants, très loin des 100 000 âmes recensées à l'apogée de l'Empire romain au IIe siècle.
Sur impulsion des Burgondes, la colline de Fourvière est totalement délaissée et les vestiges de l'Empire comme l’amphithéâtre tombent en ruines. La ville se déplace en bord de Saône, où se regroupe l'essentiel de la population. Les Burgondes n'étant pas des bâtisseurs, ni de grands administrateurs, ils se contentèrent de peu, sans volonté de laisser un héritage.
Où sont passés les Lyonnais de l'époque romaine ? Progressivement, ils ont rejoint la campagne où il était plus simple de subvenir par soi-même aux besoins de sa famille. L'approvisionnement des villes était devenu trop aléatoire et difficile. La fin de l'Empire avait ainsi provoqué un retour à la ruralité.
La défaite d'Albinus a visiblement façonné les Lyonnais, devenus modérés politiquement. Comme si elle était restée présente dans l'inconscient de la mémoire locale.
Du coup, jusqu'à la Révolution française, Lyon évitera toujours de prendre position, et se ralliera sagement au pouvoir dominant, que ce soit les Burgondes puis les rois de France.
Doucet, c'est Sévère, César, c'est Wauquiez et Néron, celui qui a épousé son cheval, c'est Lemaire qui fuit en Suisse pour échapper à la ruine économique où il a conduit la France. Et Jésus, il est où alors ?
Signaler RépondreNon mais sérieusement, tu compares les deux ?
Signaler Répondreje suis mort de rire.
Mais qu'est-ce que tu racontes comme bêtise ?
Signaler RépondreComparer le saccage d'un empereur romain avec un maire écolo...il faut oser mon pauvre.
Article très intéressant. Merci!
Signaler RépondreEt avec les mêmes conséquences auxquelles on assiste impuissant, à petit feu......
Signaler RépondreComme dit dans l'article, tant que la bourgeoisie locale arrive encore à trouver son compte, elle ne réagit pas, elle ne comprend pas...
Le Youtuber "Nota bene" avait fait un épisode sur ce sujet :
Signaler RépondreMiser sur le mauvais cheval, ça signifie sur le perdant! Vous avez du mal avec le réel, on dirait.
Signaler RépondreHe oui les lyonnais ont encore misés sur le mauvais cheval comme dans un passé très très lointain, rien à changé la mentalité idem ..Rien de nouveau sous le soleil hélas, !
Signaler Répondre" L'approvisionnement des villes était devenu trop aléatoire et difficile": tout est dit! pas d’accès pour les commerces,pas d'activité économique......
Signaler RépondreOn passe de la haine à Napoléon III aux "barbares" burgondes ! Je vois que la 3ème république a encore ses adorateurs ! Ou l'historien n'a pas renouvelé ses livres depuis 100 ans !
Signaler RépondreLes burgondes avaient la Loi Gombette et la lex romana Burgundionum qui sont des exemples de l'intégration de l'autre, d'humanité, de l’hospitalité et de la femme surtout à l'époque..... Des burgondes qui sont manifestement très très loin du caractère "barbare" dépeint dans cet article !
L'histoire est un éternel recommencement on dirait entre Rhône et Saône.
Signaler RépondreSévère et Doucet meme combat.
Mauvais choix lyonnais apparemment c'est une longue tradition !
Signaler RépondreCet 'Empereur Septime a été très Sévère envers les Lyonnais.
Signaler RépondreAndrea Kotarac en a révé, l'Empereur Sévère l'a fait: fouetter les Lyonnais jusqu'ay sang pour leur apprendre a ne pas être des bobos, et raser les immeubles des récalcitrants.
A l'époque les politiques savaient tenir les Lyonnais d'une main de fer dans de gant de fer.
Juste après l'article sur BB ouarf ouarf ;-)
Signaler RépondreComme ne pas faire un parallèle...