Condate puis Lugdunum : les origines glorieuses et la naissance de Lyon

Condate puis Lugdunum : les origines glorieuses et la naissance de Lyon

Munatius Plancus a fondé Lugdunum sur la colline de Fourvière, à proximité du village gaulois de Condate. D'abord simple colonie abritant des vétérans chassés de Vienne, Lugdunum devient rapidement une cité prospère et un carrefour stratégique pour l'empire romain qui deviendra même la capitale des Gaules pendant 300 ans.

Des éléments archéologiques découverts à Vaise permettent d'établir qu'il y avait une présence humaine à Lyon à l'âge du bronze, voire l'âge du fer. C'est-à-dire près de 1000 ans avant Jésus-Christ.

C'est ainsi que lorsque les Romains fondent Lugdunum, il y a déjà une occupation gauloise, assez ancienne, à Vaise et dans la Presqu'île. Le village s'appelait Condate, ce qui signifie "confluent". Ses habitants, des pêcheurs, étaient probablement des Ségusiaves, l'un des nombreux peuples qui constituaient ce que l'on appelle aujourd'hui les Gaulois.

Le passé gaulois de Lyon est encore très secret, car les vestiges découverts par hasard sous l'Ancien Régime étaient romains. Et les fouilles méthodiques menées sous Edouard Herriot se sont intéressées uniquement à cet héritage romain.

Condate était un petit village, assez dynamique. Davantage une zone commerciale que d'habitations, à cause des risques d'inondation et d'invasions. Les Gaulois ne s'étaient pas installés sur la colline car il n'y avait pas d'eau. C'est d'ailleurs ce qui obligera ensuite les Romains à construire des aqueducs pour Lugdunum.

L'arrivée des légionnaires

Les Romains qui débarquent à Condate sont des vétérans de l'armée de César, chassés de Vienne en 44 avant J.-C. suite à un conflit politique. César venait d'être assassiné et il y avait une forte tension entre les partisans d'Octave et ceux d'Antoine. Plutôt que d'aller vers le sud comme le font toujours les bannis, les légionnaires quittèrent Vienne en partant vers le nord. Et découvrirent le site exceptionnel de Condate à la confluence entre le Rhône et la Saône.

Rome ordonne ensuite à Munatius Plancus de fonder une colonie sur ce carrefour, possédant une forteresse naturelle avec la colline de Fourvière.

Le gouverneur de la Gaule chevelue est un personnage important de son époque. C'est lui qui donne à Octave le titre d'Auguste. Il a environ 40 ans lorsqu'il fonde Lugdunum.

Sa réputation est toutefois effroyable : Munatius Plancus est un traître de première, quelqu'un sur lequel il ne faut pas compter. Avant la bataille d'Actium en 31 avant J.-C., il était passé in extremis dans le camp du vainqueur.

La fondation de Lugdunum débute par un simple camp de vétérans romains. Puis, comme pour chaque ville, le soleil levant est visé pour tracer le decumanus, l'axe est-ouest de la ville, et sa perpendiculaire, le cardo. Ce qui permet de déterminer les deux rues principales de Lugdunum. C'est ainsi que l'historien Amable Audin clame avoir fixé la date exacte de la création de la ville : le 9 octobre en 43 avant J.-C. Car ce jour-là, le soleil se lève dans l'axe de la rue Cleberg qui correspond au decumanus de Lugdunum.

Concernant l'origine même du nom Lugdunum, il n'y a là pas plus de consensus d'historiens que pour la date de création. Certains évoquent un nom d'origine gauloise, dunum signifiant montagne et lug le corbeau. Lugdunum serait la montagne des corbeaux. Tandis qu'en latin, lux signifie lumière. Ce serait alors plutôt la colline éclairée...

La colonie s'étendrait à l'époque de l'actuel quartier Saint-Just jusqu'au plateau de la Sarra. Plus tard, la ville s'étendra aux deux rives de la Saône et sur la Presqu'île. Le plateau concentre les autorités administratives, les boutiques, les temples et les théâtres, c'est la ville officielle.

Mais la vie se déroule en bas, tous les nouveaux venus s'installent au pied de la colline. Les riches Romains eux ne s'agglutinent pas à l'ombre de Fourvière, ils cherchaient déjà à fuir la ville, considérée comme un lieu trop chaud, bruyant et agité. C'est donc à l'extérieur de Lugdunum, dans le secteur de l'actuelle Vénissieux par exemple, qu'ils construisaient leurs villas.

S'il a fondé la ville, Munatius Plancus ne la dirige pas. Un légat a été nommé par le sénat romain et fait office de gouverneur, assisté par une cohorte urbaine, une garnison qui veille à l'ordre public. Les prêtres des différents cultes participent aussi à la gestion de la ville, ainsi que la grande bourgeoisie romaine qui conseille le légat.

La montée en puissance

Sur décision de l'empereur Auguste, Lugdunum prend du galon en 13 avant J.-C. D'importantes administrations y sont établies, dont l'atelier monétaire qui fournissait la monnaie aux trois provinces gauloises : la Belgique, l'Aquitaine et la Lyonnaise.

Agrippa, avec son développement du réseau routier, permettra à Lugdunum de devenir un véritable pôle commercial, un carrefour continental. Toutes les routes mènent alors à Lyon ! La route d'Auvergne, la route du Rhin jusqu'à Trèves, la route de Bretagne et la route d'Italie...

Toutes sortes de commerces se développent à Lugdunum, mais essentiellement le vin et la poterie, ainsi que tout ce qui est lié à la guerre. A partir du Ier siècle, les barbares pénètrent dans l'Empire par le Rhin et le Danube, forçant les Romains à faire de Lyon leur grande base arrière. Du coup, tout l'approvisionnement de l'armée passe par la ville : l'huile d'olive, le vin, le blé... Ce qui crée un important trafic de marchandises et permet à de nombreux commerçants de s'enrichir.

La société lyonnaise est très hiérarchisée, avec des catégories sociales compartimentées. Les riches commerçants travaillent peu et gagnent énormément d'argent. Ils passent l'essentiel de leur temps au théâtre et dans les thermes. Leurs femmes font les boutiques, se maquillent.

Et puis il y a le reste du monde : les esclaves, les petits artisans qui se tuent à la tâche dans leur atelier. Leurs logements sont insalubres, la mortalité est forte. Entre les deux univers, on retrouve les esclaves affranchis, qui sont souvent très entreprenants.

Lugdunum est alors une ville d'immigrants très cosmopolite, accueillante. La violence est présente, mais elle se cantonne à la rue, souvent exacerbée par le vin. Ce n'est pas une violence xénophobe.

Très active sur le plan culturel, Lyon disposait d'un odéon de 500 places réservées à l'élite pour des concerts, un théâtre et surtout le grand amphithéâtre où se déroulaient courses de chars et combats de gladiateurs.

A son apogée au IIe siècle, Lugdunum comptait entre 50 000 et 100 000 habitants.

Pourquoi parle-t-on presque exclusivement de Lugdunum et non de Condate pour évoquer la naissance de Lyon ? Le site était pourtant bien occupé par les Gaulois, mais l'arrivée des Romains va clairement donner une identité commerciale et une personnalité politique à la ville. Une période glorieuse, qui rend encore aujourd'hui les Lyonnais fiers du rayonnement passé et du refus d'être une simple ville de province dans l'ombre parisienne.

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12 commentaires
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Hamissia le 04/08/2024 à 13:10
Arendil a écrit le 03/08/2024 à 21h49

Article bourré d'imprécisions, d'erreurs, de clichés et de vieilles théories du milieu du XXe...
Ex : l'atelier monétaire ouvert en 15 av. (et non 13 av.) est un atelier impérial : il ne fournit pas seulement les 3 provinces gauloises mais l'ensemble de l'Empire romain puisque la frappe de l'or et de l'argent est retirée de Rome pour être attribuée à Lyon. La petite anecdote : les monnaies évoquées dans la Bible "rendez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu" (Luc, 20:25) évoquent des deniers frappés au nom du césar du moment, soit Tibère. Et les deniers au nom de Tibère ont été frappés seulement à Lyon au type de la Pax PONTIF MAXIM.
Ex : les courses de char n'ont jamais eu lieu dans l'amphithéâtre, trop petit, mais au circus maximus construit sur le plateau de la Sarra, à l'emplacement actuel du stade de la Sarra, le long du plateau. D'ailleurs, l'amphithéâtre de Lyon a été construit comme lieu de réunion pour les élites gauloises venues prendre des décisions et non comme lieu de spectacle. Il était relié directement au sanctuaire des Trois Gaules construit sur la colline de Croix Rousse (pourquoi aucun mot sur ce sanctuaire inauguré le 1er août 10 av. J.-C., alors que c'est le plus important des Gaules ?)
Ex : les parties basses de la ville, sauf Vaise, ont été colonisées que tardivement, progressivement à partir de la fin du Ier s. apr. J.-C. Ces quartiers n'étaient pas réservés aux pauvres, on a retrouvé sur la presqu'île et sur le vieux Lyon de riches domus urbaines avec mosaïques par exemple. Des personnes modestes habitaient sur la colline de Fourvière et sur le plateau de Sarra et côtoyaient de riches domus.
Ex : dans les voies arrivant à Lyon, je suppose que celle de l'Italie est la voie passant par Aoste et les cols. Il manque donc une des principales voies, la Narbonnaise, qui descend au sud le long du Rhône.

Une petite relecture par un archéologue régional comme Matthieu Poux ou Armand Desbat aurait probablement évité ces quelques exemples d'erreurs et ceux que je ne cite pas. Une remise en question de la méthodologie de l'auteur de cet article est nécessaire...

Mille mercis, l'érudit, pour ces précisions.

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Arendil le 03/08/2024 à 21:49

Article bourré d'imprécisions, d'erreurs, de clichés et de vieilles théories du milieu du XXe...
Ex : l'atelier monétaire ouvert en 15 av. (et non 13 av.) est un atelier impérial : il ne fournit pas seulement les 3 provinces gauloises mais l'ensemble de l'Empire romain puisque la frappe de l'or et de l'argent est retirée de Rome pour être attribuée à Lyon. La petite anecdote : les monnaies évoquées dans la Bible "rendez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu" (Luc, 20:25) évoquent des deniers frappés au nom du césar du moment, soit Tibère. Et les deniers au nom de Tibère ont été frappés seulement à Lyon au type de la Pax PONTIF MAXIM.
Ex : les courses de char n'ont jamais eu lieu dans l'amphithéâtre, trop petit, mais au circus maximus construit sur le plateau de la Sarra, à l'emplacement actuel du stade de la Sarra, le long du plateau. D'ailleurs, l'amphithéâtre de Lyon a été construit comme lieu de réunion pour les élites gauloises venues prendre des décisions et non comme lieu de spectacle. Il était relié directement au sanctuaire des Trois Gaules construit sur la colline de Croix Rousse (pourquoi aucun mot sur ce sanctuaire inauguré le 1er août 10 av. J.-C., alors que c'est le plus important des Gaules ?)
Ex : les parties basses de la ville, sauf Vaise, ont été colonisées que tardivement, progressivement à partir de la fin du Ier s. apr. J.-C. Ces quartiers n'étaient pas réservés aux pauvres, on a retrouvé sur la presqu'île et sur le vieux Lyon de riches domus urbaines avec mosaïques par exemple. Des personnes modestes habitaient sur la colline de Fourvière et sur le plateau de Sarra et côtoyaient de riches domus.
Ex : dans les voies arrivant à Lyon, je suppose que celle de l'Italie est la voie passant par Aoste et les cols. Il manque donc une des principales voies, la Narbonnaise, qui descend au sud le long du Rhône.

Une petite relecture par un archéologue régional comme Matthieu Poux ou Armand Desbat aurait probablement évité ces quelques exemples d'erreurs et ceux que je ne cite pas. Une remise en question de la méthodologie de l'auteur de cet article est nécessaire...

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Mouai mouai le 03/08/2024 à 16:47
Mouai a écrit le 02/08/2024 à 12h49

Je suis pas sur que les romains aurait été contres le wokisme, eux qui aimait pratiquer les pires orgies.

Je ne suis pas sûr que tu aurais apprécié le système romain qui semble tant te plaire. Tu sais combien de temps de ta vie tu devais à Rome ? Et si ça gueulait un peu trop dans les rangs, une petite décimation avait vite fait de calmer les récalcitrants.
Je te laisse le soin de vérifier ce qu'était la décimation, tu verras comme c'était sympa la vie dans cette époque bénie.

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Grande découverte le 03/08/2024 à 16:35
Dubs a écrit le 02/08/2024 à 07h51

Merci pour cet éclairage instructif.
Certaines choses comme la hiérarchisation de la société civile n'ont hélas pas changé... les riches commerçants et les petits artisans...

Du coup, c'est pas de la faute de Macron le banquier ? Les gauchos nous auraient menti ?

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123456 le 03/08/2024 à 09:35

Un point de rendez vous de commerçants venus d'un peu partout. Un grand entrepôt. Une ville cosmopolite avec des habitants en mouvement permanent.

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Mouai le 02/08/2024 à 12:49
je dis pas bravo ... a écrit le 02/08/2024 à 09h20

S'il voyait ce que c'est devenu aujourd'hui, un fief de gauchiste écolo et wokiste. Il peut se retourner dans sa tombe, quoi comme les bonnes idées sur le moment peuvent être interprétées comme des catastrophes des millénaires plus tard

Je suis pas sur que les romains aurait été contres le wokisme, eux qui aimait pratiquer les pires orgies.

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Gemarône le 02/08/2024 à 12:13

Sur le site de Lyon, 600 ans avant notre ère, deux bourgades existaient l’une Condate, l’autre Canabae. Ces noms étaient couramment utilisés pour nommer des « villes ».

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Hamissia le 02/08/2024 à 12:04

Il y avait une sculpture de la tête de Muniatus Plancus dans une allée jouxtant l'hôtel de Fourvière dans le 5ème arrondissement.
Qui pourrait me dire où a été déplacée cette sculpture?

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Tatin le 02/08/2024 à 10:58

"Les riches commerçants travaillent peu et gagnent énormément d'argent" : de nos jours aucun changements !
"ville de province dans l'ombre parisienne" : Lutèce (Paris) était une ville naine avec 2000 habitants seulement, quand dans la même période, Vienne était peuplée de 30 000 habitants !

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J6 le 02/08/2024 à 10:15

Il me semble que Rennes s'appelait aussi Condate...cela signifie confluent merci de votre éclairage

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je dis pas bravo ... le 02/08/2024 à 09:20

S'il voyait ce que c'est devenu aujourd'hui, un fief de gauchiste écolo et wokiste. Il peut se retourner dans sa tombe, quoi comme les bonnes idées sur le moment peuvent être interprétées comme des catastrophes des millénaires plus tard

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Dubs le 02/08/2024 à 07:51

Merci pour cet éclairage instructif.
Certaines choses comme la hiérarchisation de la société civile n'ont hélas pas changé... les riches commerçants et les petits artisans...

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