Et la Communauté urbaine de Lyon fut : le début d'une dynamique collective

Et la Communauté urbaine de Lyon fut : le début d'une dynamique collective
Louis Pradel, premier président de la Courly - DR

En 1968 est née la Communauté urbaine de Lyon, ancêtre du Grand Lyon et aujourd'hui de la Métropole de Lyon. Une collectivité locale qui a profondément modifié la vie politique locale, et qui a permis de réaliser des équipements majeurs.

Depuis 1960, les communes de l'agglomération lyonnaise s'étaient réunies dans un syndicat à vocation multiple, présidé par le maire de Lyon Louis Pradel. Il n'y avait toutefois qu'une trentaine de villes dans le syndicat qui disposait alors d'un budget réduit, limitant son intervention à des problèmes de voirie et d'égouts.

Pour plusieurs acteurs de l'époque, il devenait essentiel de créer un organisme réunissant davantage de communes et ayant des compétences plus larges. D'autant plus qu'un fort exode rural était en cours avec une urbanisation massive autour de Lyon, notamment à l'Est avec Vaulx-en-Velin, Bron, Saint-Priest… Et sur ces territoires, il manquait cruellement d'équipements comme des collèges, des gymnases ou des transports en commun.

Il y avait également une situation jugée injuste : beaucoup d'habitants de l'agglomération travaillaient à Lyon, utilisaient les équipements de la ville mais seuls les Lyonnais finançaient ces structures avec leurs impôts locaux.

En 1966, le gouvernement du Premier ministre Georges Pompidou lança un projet de loi pour créer quatre Communautés urbaines : Bordeaux, Lille, Strasbourg et Lyon. L'objectif était de leur faire rattraper leur retard en terme d'infrastructures par rapport à Paris.

Si Louis Pradel et des élus lyonnais applaudissaient des deux mains, les conseillers municipaux des autres villes critiquaient la loi, de peur de perdre en autonomie et en pouvoir, au profit de l'édile lyonnais.

Par ailleurs, le projet de loi exigeait que les communes d'une communauté urbaine appartiennent toutes au même département. Or, 16 villes de la zone d'influence de Lyon se situaient alors dans l'Ain et l'Isère.

Logiquement, un certain nombre d'élus refusaient la création de la Communauté urbaine et préféraient agrandir l'actuel syndicat à vocation multiple. A leur tête, René Bayet, conseiller municipal lyonnais et président de l'association des maires du Rhône. Des maires de gauche comme Franck Sérusclat, premier magistrat de Saint-Fons, ne voulaient pas non plus entrer dans une collectivité qui serait forcément présidée par leur adversaire Louis Pradel.

Un coup politique réussi

Le maire de Lyon sera le grand artisan de la création de la Communauté urbaine, dont il sait qu'elle permettra d'obtenir plus facilement des aides de l'Etat pour financer de grands projets. Zizi Pradel, bâtisseur (ou bétonneur) dans l'âme, était aussi un habile politicien. Il avait ainsi négocié et décidé de confier la 1ère vice-présidence de la collectivité à Etienne Gagnaire, maire socialiste de Villeurbanne.

Un tandem détonnant pour l'agglomération : Pradel l'homme de contact et de terrain et Gagnaire, l'homme de dossiers un peu austère.

En décembre 1966, l'Assemblée nationale vota la loi sur la création des Communautés urbaines, avec des modifications réclamées par les élus lyonnais, essentiellement sur l'autonomie des communes. Ces dernières conservaient la gestion de leur patrimoine immobilier et étaient toutes représentées au conseil.

Louis Pradel avait réussi son pari, en convaincant la plupart des maires, y compris des réfractaires, à rejoindre le mouvement. On était très loin de la tentative ratée de Victor Augagneur, maire de Lyon au début du XXe siècle, qui avait échoué à mener la fusion de la capitale des Gaules avec une dizaine de communes périphériques comme Villeurbanne, Caluire ou Vaulx-en-Velin.

De plus, une loi de décembre 1967 permit également d'intégrer les 16 communes aindinoises et iséroises au Rhône, et donc à la Communauté urbaine. Parmi elles Jonage, Feyzin ou encore Meyzieu.

Résultat : en août 1968, 56 communes entrent dans la Courly, soit pratiquement un million d'habitants répartis sur 500 km2.

Et quelques mois plus tard, en décembre, les membres de l'exécutif sont élus et siègent au Palais des Congrès de la Foire de Lyon, située à l'emplacement de l'actuelle Cité Internationale. Ce n'est qu'en 1976 que le conseil s'installera rue du Lac, dans un bâtiment où siègent encore aujourd'hui les conseillers métropolitains.

Louis Pradel fut le premier président élu de la Courly, une victoire haut la main contre le maire PS de Saint-Fons Franck Sérusclat grâce au deal passé avec le socialiste Etienne Gagnaire, tout en conservant une majorité de droite.

Au total, douze vice-présidents sont également désignés : six Lyonnais et six issus des autres communes.

Les compétences de la Communauté urbaine étaient nombreuses : élaboration du plan d'urbanisme, transports en commune, lutte contre les incendies, création de ZAC, lycées et collèges, eau, espaces verts…

Il a donc fallu se doter de 4000 fonctionnaires et cinq organismes rattachés à la Courly : la Serl, société d'équipement de la région de Lyon, la Semali, société d'études pour la construction du métro, Lyon Parc Auto qui gérait les parkings, Sogeli qui s'occupait des marchés alimentaires et Icare, société qui s'occupait de l'organisation des communes et de leur système informatique.

A la différence des trois autres Communautés urbaines créées en France, celle de Lyon a tout de suite bien fonctionné. Et des projets importants ont pu être réalisés rapidement : le tunnel de Fourvière en 1971, l'aéroport de Satolas en 1975, le métro en 1978…

La raison de cette réussite ? Le pragmatisme de Louis Pradel, une association constante des "petits" maires aux décisions, mais aussi une osmose entre élus et fonctionnaires grâce au secrétaire général de la Courly, Etienne Meulet. C'est d'ailleurs lui qui trouva le nom de Courly, popularisé ensuite par la mascotte Courlyno.

Et ce modèle de gouvernance fut largement copié par Raymond Barre puis par Gérard Collomb, avant que ce dernier ne le brisât avec sa Métropole de Lyon, qui exclut dorénavant de nombreux maires du conseil métropolitain au profit d'une élection plus démocratique.

X
19 commentaires
Laisser un commentaire
avatar
municipale le 21/08/2024 à 19:36
kenso a écrit le 18/08/2024 à 19h18

a quel epoque facile critiquer
un exemple a l'epoque un mecano devais rentrer a la mairie et devine il a prefere rester au chomage iil gagnais plus

ah les mécanos de la municipale, à l embauche avant d enfiler le bleu,une bière , la suite c est un livre!!!

Signaler Répondre

avatar
Grand gognand le 19/08/2024 à 16:22

Entre les SYVU (syndicat à vocation unique ) les SYVOM (syndicat à vocation multiples), lescommunes ,les communautés urbaines, les départements, les régions et aujourd’hui chez nous la Métropole...les citoyens s'y perdent un peu...
Qui connaît les compétences de notre Métropole, collectivité territtoriale unique en France avec des compétences non seulement intercommunales mais qui engloble aussi celles du département ...?
Mais la France n'est elle pas le pays de la diversité...avec ses communes, ses communautés de communes,ses fromages, ses crus, ses clos ses climats...
Et ses élus..?!

Signaler Répondre

avatar
Tsointsoin le 19/08/2024 à 16:21

Est ce que quelqu'un a des nouvelles de notre pote Courlino la Courly ?

Signaler Répondre

avatar
roulette russe le 18/08/2024 à 23:26

@LyonMag :
Il s'agissait de la SemalY société d'études pour la construction du métro de LYON (d'où le "Y"),
...
et de SogelY (avec "Y" pour la même raison) qui s'occupait des marchés alimentaires

Signaler Répondre

avatar
Il n'y a pas que Perrache le 18/08/2024 à 21:15
🥴 a écrit le 18/08/2024 à 12h19

Pradel fin politicien peut-être, mais pas visionnaire en urbanisme, son héritage en atteste, cette horrible gare routière de Perrache.

Même si on a compris plus tard que c'était une erreur, Pradel a été visionnaire pour la Part-Dieu. A l'époque, l'urbanisme de dalle, séparant les flux par la verticale, étant considéré comme une avancée. Et sans lui, pas de métro.

Signaler Répondre

avatar
Rectification le 18/08/2024 à 21:09

La communauté urbaine n'était pas une collectivité mais un établissement public de coopération intercommunal. C'est la métropole de Lyon qui est une collectivité, la seule de France (les autres étant des EPCI) et la seule à absorber 100% des compétences du département sur son territoire (les autres n'intégrant pas le social). C'est d'ailleurs pour cette raison qu'on y vote.

Signaler Répondre

avatar
kenso le 18/08/2024 à 19:18
municipal a écrit le 18/08/2024 à 18h41

je suis à la retraite donc je peux témoigner; je ne foutais rien et je n étais pas le seul,, c est pour cela que le recrutement est si facile

a quel epoque facile critiquer
un exemple a l'epoque un mecano devais rentrer a la mairie et devine il a prefere rester au chomage iil gagnais plus

Signaler Répondre

avatar
municipal le 18/08/2024 à 18:41
kenso a écrit le 18/08/2024 à 16h20

j'ai ete employe municipal et a mon epoque dans les mairie tous les corps de metier etait representer et l'entretien des batiments etais fait par nos services et pas le prive
ps j'ai travaille 36ans en mairie

je suis à la retraite donc je peux témoigner; je ne foutais rien et je n étais pas le seul,, c est pour cela que le recrutement est si facile

Signaler Répondre

avatar
ïrma le 18/08/2024 à 18:34
delyon a écrit le 18/08/2024 à 13h38

aujourd'hui , gangrener par un champignon vert, qui Éradique tout sur son passage .
depuis sa creation ,jamais la Communauté urbaine de Lyon n'a été mal dirigée et gérer.
4 milliards d'euros on été dépenser sur des lieu ou il n'y pas de restorations en n'avait besoins ,
( des caniveaux ,trottoirs etc qui venais d'être refais depuis peut d'années ont été détruit volontairement. voila le déficit de la France et de Lyon )
56 sont Maires sont pour la dissolution de la Métropole et revenir Courly.

il doit bien en avoir quelqu un ( maire) pour: sinon c est la dictature

Signaler Répondre

avatar
kenso le 18/08/2024 à 18:33
privé a écrit le 18/08/2024 à 18h09

vous ne devez pas être fatigué et à l époque la retraite à 55

privémrs quand on sait pas on la ferme
non pas la retraite a 55ans mais 60ans cm tous le monde et 40ans de cotisation alors chut
ps ma retraite en 2010 renseigner vous avant de dire des erreur

Signaler Répondre

avatar
privé le 18/08/2024 à 18:09
kenso a écrit le 18/08/2024 à 16h20

j'ai ete employe municipal et a mon epoque dans les mairie tous les corps de metier etait representer et l'entretien des batiments etais fait par nos services et pas le prive
ps j'ai travaille 36ans en mairie

vous ne devez pas être fatigué et à l époque la retraite à 55

Signaler Répondre

avatar
nanard le 18/08/2024 à 16:36
kenso a écrit le 18/08/2024 à 16h20

j'ai ete employe municipal et a mon epoque dans les mairie tous les corps de metier etait representer et l'entretien des batiments etais fait par nos services et pas le prive
ps j'ai travaille 36ans en mairie

oui kenso moi aussi employer municipal plombier
et un prob dans un batiment c'est nous qui intervenions imediatement
et pas une bte prive qui doit couter bc plus cher
ps pour info nos salaire depasait tres peu le smic de l'epoque

Signaler Répondre

avatar
kenso le 18/08/2024 à 16:20
Et sutout a écrit le 18/08/2024 à 15h33

La création de nombreux fonctionnaires ou agents municipaux qui pour certains ne servent à rien

j'ai ete employe municipal et a mon epoque dans les mairie tous les corps de metier etait representer et l'entretien des batiments etais fait par nos services et pas le prive
ps j'ai travaille 36ans en mairie

Signaler Répondre

avatar
121212121212 le 18/08/2024 à 15:58

Logement social ou transports en commun, à gérer au niveau de la métropole. Si tout ceci sert à améliorer la qualité de vie au quotidien des habitants de la région lyonnaise, pourquoi pas ?

Signaler Répondre

avatar
Et sutout le 18/08/2024 à 15:33
kenso a écrit le 18/08/2024 à 13h15

oui une grosse cata pour les communes ou leurs elus ne peuvent rien gerer c'est la metropole qui decide mm contre les avis des habitants vite sortir de la metropole faites un referundum dans chaque villes et vous allez voir le resultat

La création de nombreux fonctionnaires ou agents municipaux qui pour certains ne servent à rien

Signaler Répondre

avatar
delyon le 18/08/2024 à 13:38

aujourd'hui , gangrener par un champignon vert, qui Éradique tout sur son passage .
depuis sa creation ,jamais la Communauté urbaine de Lyon n'a été mal dirigée et gérer.
4 milliards d'euros on été dépenser sur des lieu ou il n'y pas de restorations en n'avait besoins ,
( des caniveaux ,trottoirs etc qui venais d'être refais depuis peut d'années ont été détruit volontairement. voila le déficit de la France et de Lyon )
56 sont Maires sont pour la dissolution de la Métropole et revenir Courly.

Signaler Répondre

avatar
kenso le 18/08/2024 à 13:15

oui une grosse cata pour les communes ou leurs elus ne peuvent rien gerer c'est la metropole qui decide mm contre les avis des habitants vite sortir de la metropole faites un referundum dans chaque villes et vous allez voir le resultat

Signaler Répondre

avatar
fin politicien le 18/08/2024 à 12:59

C'est donc depuis cette époque qu'il faut payer des pots de vin dans les deux sens du terme pour avoir des contrats avec la ville...

Signaler Répondre

avatar
🥴 le 18/08/2024 à 12:19

Pradel fin politicien peut-être, mais pas visionnaire en urbanisme, son héritage en atteste, cette horrible gare routière de Perrache.

Signaler Répondre

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.
Les champs requis sont identifiés par une étoile *
Si vous avez un compte Lyon Mag, connectez-vous.
Nous ne vous enverrons pas d'email sans votre autorisation.

Le compte Lyon Mag est gratuit et facultatif. Il vous permet notamment de réserver votre pseudonyme pour les commentaires, afin que personne ne puisse utiliser le pseudo que vous avez enregistré.
Vous pouvez créer un compte gratuitement en cliquant ici.