Né le 2 novembre 1729 rue Longue à Lyon, Jacques Imbert-Colomès est le fils de René Imbert, riche négociant en soie. Il reçoit une éducation traditionnelle et est élève au collège des Jésuites où il apprend le dessin, la comptabilité… Dans le magasin de son père, il s'initie au métier de négociant en soie.
Mais au décès de René Imbert, c'est toutefois son frère aîné qui prend la tête de l'entreprise.
Ce n'est qu'à la mort de ce dernier en 1779 que Jacques récupère la "Maison Imbert", lui permettant de prendre une certaine importance à Lyon.
Avant cela, il avait suivi le parcours classique du bourgeois lyonnais, prudent, sans histoire. Il a été recteur de l'aumônerie générale et de l'hôpital de la Charité en 1768, puis membre du tribunal de la conservation, le tribunal de commerce de l'époque.
Grâce aux affaires florissantes de la Maison Imbert, il devient troisième échevin en 1786, ce qui fait de lui la quatrième personnalité politique la plus puissante de la capitale des Gaules.
Car si le roi a toute autorité sur Lyon, l'édit de Chauny de 1595 octroie une certaine autonomie à la ville, gérée par un prévôt des marchands entouré de trois échevins qui s'occupent essentiellement de la police et de l'approvisionnement.
Jacques Imbert est un homme marié et père de quatre enfants. Il a épousé en 1764 Catherine Victoire Colomès qui, comme lui, est issue d'une famille bourgeoise. Ils vivent dans un bel appartement de la rue Sainte-Catherine et se rendent souvent dans la propriété familiale de Mions. C'est un collectionneur, il a des tableaux, une immense bibliothèque et un cabinet de botanique.
Sa vie paisible est bouleversée par la mort de sa femme en 1780. Pour lui rendre hommage, il rajoute alors le nom de cette dernière à son patronyme : Imbert-Colomès.
Il gravit les échelons jusqu'à devenir premier échevin de Lyon en 1788. Sans être particulièrement brillant et sans faire de vagues, le voilà promis au saint-Graal : le titre de prévôt des marchands, qui lui permettrait d'être anobli, un grand fantasme de la plupart des bourgeois. Désormais sexagénaire, il y pense tellement qu'il annonce qu'une fois anobli, il se fera appeler Imbert de Colomès.
Mais la Révolution brise son rêve, créant une grande frustration chez lui.
Le discret devenu radical
Alors que Tolozan de Montfort fuit Lyon en 1789, c'est Jacques Imbert-Colomès qui assume le rôle de prévôt des marchands et est confronté aux fameuses émeutes de juillet.
Devenu ultraroyaliste, il réprime durement les révoltes en armant une milice de jeunes bourgeois appelés les Muscadins parce qu'ils se parfumaient au musc. Puis il va tout faire pour retarder l'arrivée de la Révolution à Lyon, notamment en bloquant la mise en place des listes électorales qui devaient permettre d'élire démocratiquement le premier maire de la ville.
Excédés par son comportement, les Lyonnais se soulèvent le 6 février 1790 et s'emparent des armes de l'arsenal des quais de Saône, puis marchent sur la maison d'Imbert-Colomès. Ce dernier est obligé de fuir la ville sous peine d'être pendu.
On pense qu'il se rend dans sa propriété de Mions ou dans l'Ain, ce qui lui permet de revenir plusieurs fois et discrètement à Lyon pour continuer à gérer ses affaires professionnelles. Mais en avril 1793, Jacques Imbert-Colomès est inscrit sur la liste des émigrés et devient officiellement un ennemi de la République proclamée le 22 septembre 1792. Ses biens sont alors confisqués par les révolutionnaires lyonnais.
Si la plupart des Lyonnais sont des Girondins, des républicains modérés, et réclament l'arrêt de la Révolution pour permettre la reprise des affaires, les Montagnards cherchent plutôt davantage de radicalité. A l'instar du révolutionnaire Joseph Chalier et du maire Antoine-Marie Bertrand, qui font régner la Terreur.
Mais tout bascule le 29 mai 1793. Lyon se soulève contre ceux qu'on appelle les "exagérés". Le pouvoir est déchu et Joseph Chalier est jeté en prison. Les royalistes y voient une opportunité et tentent de profiter du soulèvement lyonnais pour restaurer la monarchie.
L'Eglise, très présente et puissante à Lyon, va jouer un rôle-clé dans la réaction locale. Et Jacques Imbert-Colomès va devenir l'un des leaders de la contre-révolution française.
L'une de ses premières actions fortes sera de convaincre qu'il faut faire guillotiner Joseph Chalier le 16 juillet 1793 sur la place des Terreaux.
Pour Paris, c'est le signe que Lyon est devenue une deuxième Vendée. Logiquement, le siège de la capitale des Gaules est décrété le 7 août 1793 et s'achève le 9 octobre par la prise de Lyon. La répression fait 2000 morts, mais c'est un moment fondateur de l'identité lyonnaise.
Au service secret de sa Majesté
Exilé à Turin en Italie, Jacques Imbert-Colomès rejoint le frère de Louis XVI, comte de Provence et futur Louis XVIII. Dans une Europe qui se coalise contre la Révolution française, le Lyonnais devient un personnage de premier plan.
Sorte de messager du royalisme, il essaie de créer des réseaux, de lever de l'argent… En 1794, il se rend par exemple en Russie à Saint-Pétersbourg auprès de Catherine II. Un véritable agent secret au service de sa Majesté qui ne l'est pas encore.
Et en 1795, après la chute de Robespierre, il rentre dans sa ville natale pour devenir, deux ans plus tard sous le Directoire, député de Lyon.
Siégeant désormais à l'Assemblée des Anciens, le Sénat de l'époque, il a pour objectif de rétablir la monarchie le plus tôt possible. Après la Terreur, il y a un retour de balancier en faveur des royalistes qui représentent le tiers des députés à l'Assemblée.
Mais en septembre 1797, le comte d'Antraygues est arrêté par les républicains du Directoire qui découvrent dans ses papiers que certains élus royalistes préparent un complot. Le nom d'Imbert-Colomès y est cité.
Le Lyonnais réussit toutefois à s'enfuir pour ne pas être arrêté à son tour. C'est donc dans la clandestinité qu'il voit ses collègues parlementaires royalistes être appréhendés et déportés en Guyane.
Jacques Imbert-Colomès s'établit en Suisse, d'où il continue son combat pour la monarchie. Il participe ainsi au financement des Compagnons de Jésus, une milice de jeunes royalistes qui s'attaque aux Jacobins dans le Sud-Est de la France. C'est ce qu'on appelle la Terreur blanche.
Jacques Imbert-Colomès ne reviendra jamais à Lyon. Après avoir été arrêté par les forces prussiennes en Allemagne et emprisonné, il part s'installer à Bath en Angleterre pour y retrouver le comte de Provence.
A nouveau, ses rêves de rétablissement de la monarchie sont annihilés. Cette fois par Bonaparte, qui lance sa police aux trousses des royalistes. Là encore, des lettres sont interceptées, et la correspondance, notamment d'Imbert-Colomès, leur apprend qu'un nouveau complot se prépare. Le duc d'Enghien est arrêté et exécuté, ce qui fait comprendre au Lyonnais qu'il aurait droit au même sort s'il osait revenir en France.
C'est donc à Bath qu'il décède en 1808, à l'âge de 79 ans. Il fut un vrai homme de l'ombre dans une époque assez trouble du pays, l'un des premiers agents de renseignements modernes, se révélant à la fois discret et efficace pour soutenir la contre-révolution.
Jacques Imbert-Colomès, qui a aujourd'hui' une rue à son nom dans le 1er arrondissement, ne vivra pas assez longtemps pour voir Louis XVIII monter sur le trône de France en 1814.
Un bien bel article pour l'homme de l'ombre. Archétype de ces faiseurs de rois, ou de présidents de la République...Pour faire bref : ceux qui ont peur des Peuples et préfèrent tirer les ficelles, loin de la Mère Patrie, quand ils en ont les opportunités.
Signaler RépondreQuelqu'un peut me dire pourquoi il y a le logo soleil sur un des immeubles de la rue Albert colomès au 1 de cette rue merci
Signaler RépondreIl y a eu beaucoup de personnes qui ont été brisées dans leur parcours d'anoblissement par la révolution française. Tous n'ont pas fui à l'étranger, et ont accepté le déclassement, parce qu'ils étaient sincèrement fidèles à leur nation.
Signaler RépondreOups ! Monseigneur vous nous gâtez ! Et l'humour n'est pas votre tasse de thé. Brisons là voulez-vous ?
Signaler RépondreSous Imbert- Colomès et suite aux émeutes de 1793..."Lyon n'est plus"...
Signaler Répondremerci pour cet article sur cet antique Prévôt des marchands
Je suis moins méchant que vous ne le dites. Je me suis abstenu, par exemple, de signaler qu'il n'existait pas "d'aumônerie générale", mais une "aumône générale" dont l'hôpital de la Charité était le fleuron. Je n'ai pas non plus souligné que les faits ne disent rien par eux-mêmes et demandent à être conceptualisés : il ne sert à rien de citer le passage par les fonctions rectorales si l'on ne sait pas que l'accomplissement de ce service était la condition sine qua non pour être nommé échevin par le duc de Villeroy.
Signaler RépondreSur un simple plan de capacité littéraire, je serais parfaitement en mesure de résumer des ouvrages d'astrophysique, de technique de tissage ou d'imagerie médicale. Mais cela ne me vient pas à l'idée, car je ne suis en rien qualifié dans ces domaines, et le résultat ne pourrait être, au mieux, qu'une perception naïve et superficielle, et, plus probablement, qu'un tissu d'inepties. Et l'histoire est une science, avec des règles strictes. Je sais bien qu'un journaliste doit aborder beaucoup de sujets différents et qu'il ne peut être compétent dans plusieurs domaines. Mais le respect dû aux lecteurs lui commande en pareil cas de s'appuyer sur des avis de spécialistes. À bonne source, bon article…
oh que oui ! la France ira bien mieux.
Signaler RépondreUn suce vier royal en Fait ? Des personnages qui ont un complexe de supériorité mais qui ne sont que parasites 🦠 démoniaques 😈 aux services des forces du mal.
Signaler RépondreTrès intéressant
Signaler RépondreMerci.
Je ne sais pas qui était Jacquot, mais je sais que Bidochon est le porte parole d'Ali Khamenei puisque tous ses tweets sont directement traduits en iranien et qu'il est vénéré en Iran (de même qu'Hassan et les autres antisémites de LFI)...
Signaler RépondreJ'espère que vous êtes accessible à l'humour de bon ton, monsieur Nasier ...
Signaler RépondreMerci pour les corrections, qui ont cependant un ton un peu agressif. Vous pouvez faire la même démarche en disant "je me permets d'apporter les précisions suivantes", et sans les numéroter comme "erreurs", ce qui est juste mais inutilement stigmatisant.
Signaler RépondreVous semblez érudit : pourquoi ne pas proposer à Lm de produire des articles similaires ? Je me ferais un plaisir de vous corriger aimablement si nécessaire 😉
Beaucoup d'erreurs cette fois-ci.
Signaler RépondreIl existait deux grands types d'apprentissages : le marchand, qui s'apprenait d'abord en famille puis par échanges grâce aux réseaux commerciaux, et le "classique", chez les Jésuites du collège de la Trinité, fait de latin et d'humanités, mais où, en aucun cas, n'était enseignée la comptabilité.
Non, l'édit de Chauny n'a laissé aucune autonomie à la ville, c'est un contresens. Tout, jusque dans les plus petites affaires, était contrôlé par la famille des gouverneurs de Villeroy et, sous Louis XVI, par l'intendant et un secrétaire d'état.
Troisième erreur : passer de "troisième" échevin à "premier" échevin ne marque en rien une promotion. C'est le déroulement normal d'un consulat de deux années où les échevins se renouvellent par moitié.
Quatrième erreur : Lyon n'avait pas trois échevins, mais quatre
Cinquième erreur : si la fonction d'échevin était effectivement anoblissante, celle de prévôt des marchands ne pouvait pas l'être pour la simple raison que la possession de la noblesse était obligatoire pour être revêtu.
À mauvaise source, mauvais article…
Ultraroyaliste, antirévolutionnaire.... Vite une pétition et une manifestation pour débaptiser les rues qui portent son nom !
Signaler RépondreOublions toutes les autres actions de sa vie. Effaçons-le du paysage woke.
Qu'on appelait aussi Bond, Jacques Bond
Signaler RépondreDéjà royaliste, on a compris à qui on a affaire, ensuite ultra. Bref un beau Prix Nobel de la politique pour les Nuls.
Signaler RépondreAu fait, ton roi, de droit divin, je suppose ?
Étonnant que nos ecolo-revisionnistes ne demandent pas de débaptiser la rue.....
Signaler RépondreUn modèle pour notre jeunesse. Vive le Roi !
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