Lyon : un bidonville dans l'ombre du pont de la gare Jean Macé

Lyon : un bidonville dans l'ombre du pont de la gare Jean Macé
Lyon Mag

Depuis plus de trois ans, la situation sous le pont de la gare Jean Macé dans le 7e arrondissement de Lyon se détériore. Les membres du Comité d'Intérêt Local (CIL) tirent à nouveau la sonnette d'alarme face à une réalité qui contraste avec les discours humanitaires des pouvoirs publics locaux.

Un mercredi après-midi d’été, un groupe de quatre personnes discute et rigole autour d’une table de fortune, tandis que d'autres se changent entre deux voitures ou se brossent les dents dans les plantes voisines. C'est le triste tableau qui se dessine sous la gare Jean Macé, où de nombreuses personnes sans-abri ont trouvé un refuge précaire.

Ces personnes vivent parmi les échappements de voitures, les détritus et les toilettes de chantier. En plein cœur du 7e arrondissement de Lyon, ce lieu voit chaque jour se croiser travailleurs, étudiants, habitants du quartier et sans-abri dont le nombre continue de croître.

"On a baissé les bras", confie un membre du CIL. Il faut dire que la situation ne date pas d’hier. En mai 2021, le CIL du 7e arrondissement a adressé un premier courrier à Grégory Doucet, maire de Lyon, pour signaler la présence de quelques tentes sous le pont. Ce courrier, resté sans réponse, était également adressé à plusieurs responsables municipaux.  Il y a trois ans, le nombre de tentes se comptait sur les doigts d’une main. Aujourd’hui, il y en a plus de 70, ces habitations de fortune se multiplient et la situation ne cesse de se dégrader. 

En octobre 2021, un courrier est adressé à Pascal Mailhos, préfet de région de l’époque. La préfecture confirmait qu’il s’agissait d’ "une occupation du domaine public". Une procédure d'expulsion a été engagée par la métropole de Lyon, mais aucune action concrète n'a suivi. 

Pour le CIL, les autorités locales manquent de volonté. "Ça ne dérange pas la mairie du 7e, car ce n’est pas dans leur angle de vue", déclare Danielle Grobelle, secrétaire du comité. Cette affirmation reflète le sentiment de négligence ressenti par les habitants du quartier. Malgré des installations de douches et de toilettes en juillet 2022, les problèmes persistent.

"Ils ont mis des poubelles, des toilettes, un point d'eau. Ce n’est pas négatif, cela apporte un minimum d'hygiène", reconnaît Gilles Querrien, président du CIL. Cependant, d’autres personnes ont profité de la situation pour y jeter leurs déchets. Le site est ainsi devenu une "minidécharge" publique, aggravant les conditions de vie des occupants.

La ville de Lyon et la préfecture indiquent que des acteurs locaux, tels que la Pass Mobile, la Maraude Mixte, le CCAS de Lyon, la Croix-Rouge et le Samu social, interviennent régulièrement pour apporter un soutien aux sans-abri. Malgré ces efforts, les conditions de vie restent très difficiles. 

Selon le CIL, il s’agit principalement d'hommes isolés en situation de demande d’asile. La préfecture précise que les types de personnes vivant ici sont en réalité assez hétérogènes. "Il s’agit essentiellement d'hommes isolés avec des situations complexes", précise l’administration. La ville de Lyon ajoute que l’augmentation des habitants de ce campement a créé une mixité des publics (âges, statuts, typologies familiales).

La préfecture explique également avoir identifié des risques d'incendie, notamment en raison de la proximité avec la gare. Elle précise aussi que le CCAS a signalé des problématiques de violence, de pratiques addictives et de problématiques de santé.

Bien qu'à notre connaissance, les habitants du quartier n’ont pas eu de réelles altercations avec les occupants, ils nous confient avoir déjà assisté à de violentes bagarres, "mais entre eux". "Cela crée pour certains un sentiment d'insécurité", confie Marc Pertosa, trésorier du comité. "Quand je reviens tard le soir, je ne passe pas par là à pied tout seul", ajoute-t-il.

La sécurité de cette zone, à deux pas du nouveau campus d'EM Lyon, reste une question. Les incidents violents se multiplient dans le campement. En juin 2023, un sans-abri a été poignardé devant la gare. Le 21 juillet 2024, un autre homme a été grièvement blessé lors d'une altercation.

Dans son plan d’action "Lyon ville hospitalière" 2022-2026, la ville de Lyon affirme que l'accueil des migrants est une priorité, en insistant sur des conditions de vie dignes et leur intégration. "Pour nous, élus de la ville de Lyon, la question des migrations amène celle de l’accueil et de la place faite aux personnes venues d’autres pays [...]. Notre engagement pour l’hospitalité s’est traduit en décembre 2020 par l’adhésion à l’Association Nationale des Villes et Territoires Accueillants (ANVITA)".

La ville continue de mobiliser son patrimoine vacant pour aider à la mise à l’abri des familles et des mineurs, notamment dans le cadre du Plan "Zéro enfant à la rue". Cet engagement va au-delà de ses compétences, car c’est la préfecture qui est responsable de l’hébergement d’urgence, sauf pour certaines catégories spécifiques comme les femmes isolées et enceintes de moins de huit mois et les mères isolées d’enfants de moins de trois ans, qui doivent être hébergés par la Métropole de Lyon.

En juillet dernier, la Métropole, présidée par l'écologiste Bruno Bernard, aurait demandé à ses équipes et aux travailleurs sociaux de cesser les nouvelles admissions dans le dispositif des nuitées d'hôtel. Cela signifie que des personnes resteront sans abri, et que d'autres pourraient y retourner à court terme. Comme expliqué précédemment, la Métropole de Lyon a deux compétences : les mineurs non accompagnés et les mères isolées avec bébé. Pour ces dernières, en plus des nuitées d'hôtel, la collectivité avait déployé des Tiny Houses dans l'agglomération pour les héberger.

Ces compétences n'empêchent pas la Métropole de prendre en charge davantage de personnes, même en dehors des critères habituels. Mais pourquoi cet arrêt brutal en plein été ? Comme son homologue de la Ville de Lyon, Bruno Bernard critique le manque de moyens de l'État via la préfecture du Rhône, notamment pour la création de places d'hébergement d'urgence. À l'instar de Grégory Doucet, il déplore que la préfecture ne prenne pas systématiquement le relais des initiatives de la Métropole, rendant ces efforts inefficaces face à l'urgence.

Pendant que subsiste une absence de coordination et de réelle entente entre la Métropole, la préfecture et la Ville, la situation des sans-abris, particulièrement sous le pont de Jean Macé, montre un contraste frappant avec les belles intentions et la réalité.

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27 commentaires
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Lolotooooooooooooooooooo le 13/10/2024 à 13:06
Les pastèques dans leur splendeur a écrit le 13/10/2024 à 12h39

La dette de la France est insoutenable et il n’y à meme plus d’argent pour payer les services publics de base. Pendant ce temps là les pastèques annoncent fièrement un budget de 25 millions pour “pietoniser et vegatalier” la métropole apaisée. Et ils demandent encore plus d’argent pour loger gracieusement tous les migrants et autres chances pour la France qui font exploser l’insécurité dans la ville. Pauvre France.

Et bientôt ils vont envoyer un courrier à l'Etat !!!!!

Ils aiment bien les courriers les écolos d'extrême gauche .....

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Les pastèques dans leur splendeur le 13/10/2024 à 12:39

La dette de la France est insoutenable et il n’y à meme plus d’argent pour payer les services publics de base. Pendant ce temps là les pastèques annoncent fièrement un budget de 25 millions pour “pietoniser et vegatalier” la métropole apaisée. Et ils demandent encore plus d’argent pour loger gracieusement tous les migrants et autres chances pour la France qui font exploser l’insécurité dans la ville. Pauvre France.

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didididid990 le 13/10/2024 à 12:27

La municipalité fait preuve d’ouverture, et l’on constate des installations de tentes un peu partout. Il suffit de se rendre au parc des Berges pour comprendre l’ampleur du phénomène. Nous nous dirigeons vers un modèle de ville à l’américaine, où chacun quittera Lyon pour s’installer en périphérie, ne revenant en ville que pour travailler avant de repartir faire des barbecues avec ses voisins. L’immigration ne va pas ralentir, pas plus que la montée des inégalités. Mais au lieu d’agir, on préfère blâmer l’État, alors que ce problème exige une action de proximité. Ceux qui occupent une partie de l’espace public doivent en partir, car cette situation ne fera que s’amplifier et devenir de plus en plus difficile à gérer pour la majorité. Sous prétexte de bonnes intentions, on laisse se dégrader le vivre-ensemble et l’esprit de convivialité urbaine, au profit d’une ville marquée par des squats disséminés un peu partout, générant inévitablement rejet et tensions politiques. Comme on dit, l’enfer est pavé de bonnes intentions.

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Le coin le 13/10/2024 à 12:27

Cette situation dure depuis 4 ans.j'zi écrit au préfet mais rien n'a été fait. Merci les écolos de transformer cette ville en bidon ville et en chaos sur les routes.

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mauvaise haleine ,fetidite des pieds,combustion de palettes ,defecations malodorantes et casses improvisees le 13/10/2024 à 12:18
également a écrit le 13/10/2024 à 11h59

le long de La Doua ,zone en devenir

c est plutot genant :travaillant à l insa,et en tant qu usager du parking tolere le long du boulevard ,j hesite dorenavant à garer mon carosse à proximite de ces jacquouilles ,tant ils sont repoussants...d autant qu on trouve au sol beaucoup de verres brises de vitres d automobiles..c est bien dommageable...

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Mince alors le 13/10/2024 à 12:15
Ton aide soignante. a écrit le 13/10/2024 à 11h44

Au fait , à midi , ont mange quoi dans Ton EPHAD ? Attention de pas te faire encore voler ta pâte de fruit , car cela te rends imbuvable et médisant .

alors ce mec est médisant parce qu'il décrit un état de fait ?

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Poisson le 13/10/2024 à 12:14

Bonjour
On en discutait justement hier soir avec ma fille qui a son logement étudiant tout près et traverser cet endroit est le passage obligatoire vers son université
Elle me disait que les hommes urinaient sur la voie publique sans discrétion à la limite de l’exhibition..Messieurs les responsables locaux (mairie métropole préfecture) merci d’intervenir au plus tôt pour améliorer l’endroit avant …

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Vive Vladimir ! le 13/10/2024 à 12:11

« ouvrez les frontières », radotent les bobos gauchards de la bande au Doucet. Mais si une frontière est ouverte, il faut bien qu’elle puisse aussi se fermer. Sinon il faut avoir le courage de supprimer purement et simplement l’idée même de frontière. Ça tombe bien, Poutine est pour.

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martine le 13/10/2024 à 12:07

Cette présence est là depuis plusieurs années

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et des deux cotes de la doua ,dorenavant ! le 13/10/2024 à 12:05
également a écrit le 13/10/2024 à 11h59

le long de La Doua ,zone en devenir

c est le mythe de sisyphe :quand c est nettoyé d un cote ,bin y en a d autres qui s installent...et des bien cradingues...

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également le 13/10/2024 à 11:59
général Salan a écrit le 13/10/2024 à 11h26

Et pour information, sur la rue Lortet depuis que de nombreuses places de stationnement sont libres, on peut constater l'implantation " d'une caravane ", si il n'y a pas de réaction immédiate de la part des services communaux ou de la Métropole je crains bien beaucoup l'arrivée et l'implantation de nouvelles caravanes. Il faut prendre ce problème à la racine, car l'agacement de certains riverains peut faire tourner la situation au vinaigre.

le long de La Doua ,zone en devenir

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Bianca le 13/10/2024 à 11:52

Il faut arrêter ! Ce ne sont pas des hommes isolés , ils ont certainement une compagne dans leur bled et ils n'attendent que la régularisation pour la faire venir et se marier et ainsi devenir Français de papier ...la grande générosité de l'État. Oubliez pas par contre de payer vos impôts car pour vous il n'y aura aucune tolérance.

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chasseur français le 13/10/2024 à 11:51

c'est le spectacle auquel j'assiste tous les jours en me rendant à la boulangerie. A décharge ces personnes n'ont pas une attitude agressive mais bon il est vrai que je profite de la présence en laisse de mon Malinois.

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Cmoi le 13/10/2024 à 11:51
Le serpent qui se mord la tète a écrit le 13/10/2024 à 11h19

Mais où veut-on qu'ils aillent? C'est pas plutot le mythomane qui loge à l'Elysée qu'il faudrait mettre dehors?

Ce qu'on veut,c'est qu'ils aillent chez eux,dans leur pays,ou chez vous ,puisque vous avez l"air de les défendre!

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Ton aide soignante. le 13/10/2024 à 11:44
général Salan a écrit le 13/10/2024 à 11h26

Et pour information, sur la rue Lortet depuis que de nombreuses places de stationnement sont libres, on peut constater l'implantation " d'une caravane ", si il n'y a pas de réaction immédiate de la part des services communaux ou de la Métropole je crains bien beaucoup l'arrivée et l'implantation de nouvelles caravanes. Il faut prendre ce problème à la racine, car l'agacement de certains riverains peut faire tourner la situation au vinaigre.

Au fait , à midi , ont mange quoi dans Ton EPHAD ? Attention de pas te faire encore voler ta pâte de fruit , car cela te rends imbuvable et médisant .

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Grup le 13/10/2024 à 11:44

Bien glauque, l'endroit.

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A BIENTOT le 13/10/2024 à 11:43

Pourquoi ont-ils quittés leurs pays pour vivre une mauvaise vie dans notre cité? c'est inhumain bien sûr mais que faire nous ne pouvons pas acceuillir tout le monde.

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Frey le 13/10/2024 à 11:41

« Dans son plan d’action "Lyon ville hospitalière" 2022-2026 » 😱
Alors la on serait plutôt dans un plan d’action « Lyon ville poubelle, dangereuse et congestionnée !
C’est un échec total ce plan d’action, qui le conduit ?
C’est une blague…

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général Salan le 13/10/2024 à 11:26

Et pour information, sur la rue Lortet depuis que de nombreuses places de stationnement sont libres, on peut constater l'implantation " d'une caravane ", si il n'y a pas de réaction immédiate de la part des services communaux ou de la Métropole je crains bien beaucoup l'arrivée et l'implantation de nouvelles caravanes. Il faut prendre ce problème à la racine, car l'agacement de certains riverains peut faire tourner la situation au vinaigre.

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esclavage humain = capitaliste doucet le 13/10/2024 à 11:22

La maire du 7eme arrondissement doit répondre de ces accusations derrière les barreaux, le maire de Lyon aussi. Il faut sévir et les arrêter car ce qu'ils ont fait est complétement illégal dans ce dossier. Il faut les punir avec la plus grande severité possible

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Le serpent qui se mord la tète le 13/10/2024 à 11:19

Mais où veut-on qu'ils aillent? C'est pas plutot le mythomane qui loge à l'Elysée qu'il faudrait mettre dehors?

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Voilà ou mènent les pensées politiques tant "compréhensives" pour la misère du monde le 13/10/2024 à 11:17

En clair : on se retrouve à être soi-même un pays de misère...

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un le 13/10/2024 à 11:16

hiver bien rude et la messe sera dites pour certains.

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Et bien le 13/10/2024 à 11:12

jusqu'au jour où il y aura un départ de feu accidentel avec des conséquences et alors peut-être les différentes administrations prendront le problème à bras le corps. A titre d'information on constate l'intervention d'associations musulmanes qui distribuent de temps à autres des boissons et des aliments, la nature à horreur du vide. A souhaiter un hiver clément car la majorité de ces migrants sont d'origine subsaharienne. Quant à l'implantation de tentes elle s'est aussi mise en place sous les autres voûtes ( côté fleuve), bientôt cette partie du quartier va,être enkiste et le sentiment d'insécurité en hausse.

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vouala le 13/10/2024 à 11:11

Une seule solution s'impose ! Tous dans un bateau et retour dans leurs pays...Marre de croiser ces traines savates en allant au boulot .
Si tous ces gugus sont soutenus par des assos, il faut immédiatement couper les subventions .

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je bosse, ils profitent! le 13/10/2024 à 11:06

Avec tout ce que le gouvernement viens de nous taxer, ils vont pouvoir être logés, nourris, soignés GRATOS👀

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Ex Précisions le 13/10/2024 à 11:05

En gros c'est cafouillage, tout le monde veut bien s'en occuper mais pas payer. Nos politiciens sont très forts (ou abrutis) là-dessus.
En attendant Quechua et autres ont dû voir leurs ventes de tentes exploser ces dernières années !
Et ça ne fait que commencer pas qu'avec les migrants, avec tout le pognon que le gouvernement s'apprête à ponctionner beaucoup de monde va se retrouver à la rue. Étant donné qu'ils ne veulent finalement pas faire payer les riches (ou pas beaucoup...) c'est encore et toujours la classe moyenne qui va trinquer pour devenir pauvre.

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