Sécurité dans les TCL : un bilan positif qui n’efface pas les inquiétudes

Sécurité dans les TCL : un bilan positif qui n’efface pas les inquiétudes
Photo d'illustration - LyonMag

“On m’a craché dessus", "j’évite les transports en robe ou en jupe", " je me dis qu’il faut s’habituer" : ces témoignages édifiants illustrent l’inquiétude des usagers, en particulier les femmes, face à la sécurité dans les transports en commun lyonnais. En septembre, le ministère de l'Intérieur a pourtant publié des chiffres montrant une baisse des violences en 2023. Mais Lyon reste la deuxième zone la plus touchée de France et la double casquette de Bruno Bernard, président de la Métropole et du Sytral continue d’alimenter les débats sur l’efficacité des mesures prises.

Les chiffres publiés en septembre dernier par le ministère de l’Intérieur sont clairs : les violences dans les transports en commun lyonnais (TCL) ont diminué en 2023. Une nouvelle qui a immédiatement fait réagir Bruno Bernard, président de la Métropole de Lyon et du SYTRAL (l'autorité organisatrice des mobilités). "Ce sont les meilleurs chiffres depuis 5 ans", s’est félicité l’élu écologiste. En effet, le rapport indique une baisse de 26 %, à la fois des atteintes aux voyageurs et des vols, ainsi qu’une diminution de 16 % des agressions envers les agents. Malgré ces données encourageantes, les usagers restent sceptiques face à une insécurité toujours palpable. 

Le rapport du ministère révèle que 8 435 usagers ont signalé avoir été victimes d’un délit en 2023, soit 5,8 victimes pour 1 000 habitants. Ce chiffre, en baisse de 18 % par rapport à l’année précédente, reste néanmoins 17 % supérieur à celui de 2016. La préfecture, tout en se réjouissant de cette baisse, reconnaît que "les chiffres sont toujours trop hauts", mais qualifie cette diminution de "structurelle" depuis la période post-Covid. 

Par ailleurs, Bruno Bernard s’est félicité pour l’engagement du Sytral sur cette question avec un budget de 29 millions d’euros consacré à la sécurité en 2023. "Nous avons aussi renforcé les moyens humains avec le déploiement de nouveaux agents de sécurité privée sur le réseau TCL". Une satisfaction qui a vivement fait réagir Gilles Gascon, maire de Saint-Priest, accusant le président du Sytral de minimiser la situation : "La situation se dégrade dans notre territoire où la sécurité n’est pas une priorité pour Brono Bernard." En effet, ces 29 millions d’euros ne représentent en réalité que 1,5 % du budget total du Sytral.  

L'autorité organisatrice des mobilités, pour sa part, défend ces résultats en mettant en avant l’ampleur du réseau lyonnais. "Le réseau TCL est soumis à des faits de délinquance et d’incivilités qui restent toutefois contenus au regard des 1,9 million de voyages/jour. Ces derniers doivent être mesurés au regard du nombre de voyages quotidiens et non au nombre d’habitants", précise-t-il. Il est vrai qu’à titre de comparaison, le nombre de voyages dans la métropole lyonnaise est 2,5 fois supérieur à celui de la métropole Aix-Marseille-Provence. 

20 victimes par jour 

Toutefois, cette méthodologie de calcul, qui met en avant les incidents par million de voyages plutôt que par habitant, est contestée. Pour Gilles Gascon, cette manière de présenter les statistiques ne reflète pas la réalité du quotidien des usagers. "Les chiffres de la délinquance dans les transports en commun de la Métropole sont préoccupants : 8 435 passagers victimes d’un vol ou de violences en 2023, soit 20/jour", a-t-il dénoncé sur ses réseaux sociaux. 

Au-delà des chiffres, la question de la sécurité reste une préoccupation majeure pour les usagers, notamment pour les femmes. Interrogés sur leur ressenti dans les transports, les témoignages recueillis sont sans équivoque. Jade, utilisatrice régulière des bus, raconte : "Moi, une fois, on m’a craché dessus, je ne sais même pas pourquoi." Camille, victime de violences sexuelles, confie : "Généralement, j’évite de prendre les transports quand je suis en robe ou en jupe, j’essaye d’avoir mon téléphone à portée de main au cas où." Estelle, quant à elle, évoque un sentiment resignation face aux agressions : "Comme je sais que ça arrive à la majorité des femmes, j’ai un petit peu banalisé le truc, je me dis qu’il faut s’habituer." 

Conscient de cette réalité, le SYTRAL lance tous les ans une campagne "Sur le réseau TCL, le harcèlement n'a pas sa place" pour sensibiliser les usagers et les inciter à signaler tout comportement déplacé. Une page web dédiée aux signalements des incivilités et des violences, dont les atteintes sexuelles, disponible sur le site sur l’application TCL a aussi été créée.  

Cependant, si des bornes d’alerte et des affiches sont déployées dans l’ensemble des transports lyonnais, ces mesures restent avant tout préventives et ne résolvent pas le problème à la source. Pour lutter contre ces incivilités, le Sytral mobilise près de 250 agents de contrôle et d’intervention ainsi qu’une centaine d’agents de sécurité privée chaque jour sur le réseau. Par ailleurs, près de 1 000 opérations communes avec les forces de l’ordre et les polices municipales sont menées chaque année.

Mais la question demeure : ces efforts seront-ils suffisants pour apaiser un climat d’insécurité ressenti par de nombreux usagers ? D’autant plus qu’une mauvaise nouvelle vient de tomber pour l’élu EELV. Ce dernier déplore le non-renouvèlement par l’État du dispositif de caméras portatives pour les agents TCL. "Le gouvernement n’a pas pérennisé le dispositif ! Résultat : nous n’avons plus le droit de recourir à ces caméras au 1er octobre 2024 !" Il souligne que leur utilisation avait permis de réduire de 32 % les arrêts de travail. Grâce à ce dispositif, les agents se sentaient davantage en sécurité et parvenaient à désamorcer plus facilement les situations tendues. 

La préfecture envisage de son côté un nouveau plan d’action pour les mois à venir. L’idée d’une police dédiée aux transports est évoquée, mais reste pour l’heure au stade de réflexion. Car si les chiffres s’améliorent, la perception des usagers, elle, reste inchangée : se déplacer dans les transports en commun lyonnais continue d’être, pour beaucoup, une source d’appréhension. Le défi de la sécurité sur le réseau TCL est donc loin d’être totalement relevé. 

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François 1er le 24/11/2024 à 16:52
PSB 1846 a écrit le 24/11/2024 à 16h30

Il ne faut pas exagérer quand même, Lyon n'est pas encore Joannesbourg...

il y a un "H" à Johannesbourg me semble t'il .

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ah les chiffres le 24/11/2024 à 16:49

l'extrême droite son les meilleurs en mathématiques ils font des chiffres comme ça les arrange avec des médias d'extrême droite on veut terroriser la population vous prenez le transport en commun où vous roulez avec votre voiture l'incivilité et dans les gênes des Français

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eurpbo le 24/11/2024 à 16:35

c’est mort

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PSB 1846 le 24/11/2024 à 16:30

Il ne faut pas exagérer quand même, Lyon n'est pas encore Joannesbourg...

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j aime Lyon le 24/11/2024 à 15:54

Inulile de porter plainte .. la police ne fait plus rien …. réponse. . ils ne peuvent pas courir après tous les téléphones ou bijoux volés ..

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Gold number le 24/11/2024 à 15:45

A mettre en corrélation avec les taux de pannes TCL avant de conclure quoi que ce soit.

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"les chiffres s améliorent" le 24/11/2024 à 15:34

Normal on ne porte plus plainte. On est résigné. On a compris que le ver est dans la pomme.

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