Tanzanie, Union européenne, cancer : Thierry Philip provisoirement de retour à Lyon

Tanzanie, Union européenne, cancer : Thierry Philip provisoirement de retour à Lyon
Thierry Philip - LyonMag

Il n’est pas très fort pour faire des bilans de fin d’exercice.

Les re-débuts ne sont jamais loin des fins programmées. Sur le cancer c’est évident.

Certes Thierry Philip n’arpente plus les couloirs des hôpitaux un stéthoscope autour du cou pour soigner les patients. C’est paradoxalement la seule activité à laquelle il a vraiment renoncé quand il a été nommé à l’institut Curie en 2014.

Mais ce pédiatre oncologue de formation qui a aussi soigné des adultes suit avec une fierté tranquille le parcours de son fils Charles-André qui vient d’obtenir son habilitation à diriger les recherches (HDR) en gynécologie, sésame nécessaire pour faire se rejoindre l’excellence médicale et la recherche fondamentale, obtenue 10 ans après sa thèse.

La relève médicale étant assurée par la descendance, Thierry Philip qui semblait avoir un peu levé le pied en quittant la présidence du directoire de l’institut Curie à Paris Ve en mai dernier, a immédiatement fondé une entreprise dont il est le seul salarié et qui parcourt la France, l’Europe et le monde pour conseiller les centre anticancers dans leurs stratégies de développement de lutte contre la maladie. Il revient de Tanzanie, de Moldavie ou d’Avignon comme les Lyonnais normaux rentrent du travail en TCL.

Il est directeur ou ancien directeur d’une série d’institutions qui visent à trouver le meilleur moyen de soigner le cancer : partir de l’hôpital et des soins pour remonter jusqu’à la recherche et la développer (comme il l’a fait à Léon Bérard), ou au contraire partir de la recherche pour développer les soins aux patients, comme il l’a géré à l’Institut Curie.

Dans tous les cas il promeut la logique de la certification des unités de soin cancer : "Vous avez une série de critères, qualités des soins, qualités de la prise en charge, qualité de la recherche. Vous prenez l’hôpital de Chisinau (la capitale de la Moldavie) ils ont des signaux au vert presque partout, c’est dans la partie recherche qu’il reste à progresser". Quand, en France, les instituts cancers refusent de se lancer dans le processus d’accréditation : "c’est souvent qu’il y a une logique de personnes qui fait obstacle".

Il a fait sa thèse sur le lymphome de Burkitt – le cancer le plus agressif au monde souvent lié au virus d’Epstein-Barr – que l’on retrouve surtout en Afrique équatoriale. Aujourd’hui Thierry Philip travaille avec la Tanzanie pour aider à la mise en place d’une politique de traitement précoce des cancers, et le développement d’une offre en appareil de radiothérapie, l’ensemble du pays en possédant moins que la Métropole de Lyon (il fait le compte des appareils locaux à haute voix). C’est pire au Gabon (où il ne travaille pas) : des millions d’habitants et deux appareils en tout et pour tout.

C’est de la politique tout ça, de la politique de santé. Il peste contre le fonctionnement de l’Europe : "Pour récupérer 200 000 euros, il faut remplir une somme de documents (il mime avec sa main la hauteur de la pile des documents en question), on y passe des semaines, et au final il manque une virgule à un moment et on doit tout recommencer".

Et loue le travail de sa collègue Véronique Trillet-Lenoir – oncologue, parfaite directrice du Clara avant d’être élue au Parlement européen, décédée d’un cancer à la fin de l’été 2023 : "Elle nous manque, elle avait réussi à faire travailler le Parlement autour de la question du cancer".

Lui peine à convaincre les instances de l’Union Européenne de l’importance de promouvoir une Europe d’un grand projet : réduire "les inégalités phénoménales entre l’Est et l’Ouest" en matière de lutte contre le cancer. Il réfléchit tout haut : "ça vaudrait le coup quand même comme projet européen d’ampleur".

Thierry Philip élu européen, Gérard Collomb a essayé, mais s’est heurté au refus de Martine Aubry alors première secrétaire du PS qui l’a empêché de figurer sur les listes aux européennes de 2009.

De la politique au sens d’élection par le peuple, il est possible en effet qu’il n’en soit plus question dans la vie de Thierry Philip. Gérard Collomb lui avait promis de lui céder sa place aux élections sénatoriales de 2012 mais l’a finalement gardée pour lui-même.

Mais pour les municipales de 2026 il a dit oui pour être sur la liste PS dans le 3e arrondissement. Une modeste dernière place comparée à celle du maire qu’il fut de 2008 à 2014 après avoir été vice-président de la Région Rhône-Alpes. Comme il a appris la gestion à l’Institut Français du même nom il considère que la politique est un métier – au final, après toutes ces batailles contre le cancer, la politique ne sera pas devenue son métier.

Mais son mantra est bien politique. C’est la phrase de Jean Jaurès qui lui va bien. Il l’avait prononcée à l’enterrement de Gérard Collomb, elle l’accompagnait avant : "Il ne faut avoir aucun regret pour le passé, aucun remords pour le présent, et une confiance inébranlable pour l’avenir".

@lemediapol

X
3 commentaires
Laisser un commentaire
avatar
Patu le 09/01/2025 à 18:00

Un trés grand monsieur

Signaler Répondre

avatar
2 tests et 2 avis plutôt qu'un le 09/01/2025 à 16:17

Un médecin qui s'investit en politique chelou...Pas la même envergure de caboche.

Signaler Répondre

avatar
Ex Précisions le 09/01/2025 à 09:31

Il est politique ou médecin au final ce pélo ?
De toute façon c'est un soc, donc on ne s'en préoccupe pas plus que çà.
Qu'il reste bien centré sur la médecine c'est bein plus important en ce moment !

Signaler Répondre

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.
Les champs requis sont identifiés par une étoile *
Si vous avez un compte Lyon Mag, connectez-vous.
Nous ne vous enverrons pas d'email sans votre autorisation.

Le compte Lyon Mag est gratuit et facultatif. Il vous permet notamment de réserver votre pseudonyme pour les commentaires, afin que personne ne puisse utiliser le pseudo que vous avez enregistré.
Vous pouvez créer un compte gratuitement en cliquant ici.