Le 26 juillet 2012 à Bozel, Jordan Lénisa, 23 ans, tue ses deux frères Benjamin, 17 ans, d’une balle dans la tête, puis Victor, à la veille de ses 8 ans. Il attend ensuite son père, Florent, 49 ans, pour l’abattre à son tour avant de tenter d’étrangler sa mère. Ce triple meurtre relèverait d’une double quête : celle de la cupidité et d’une vengeance nourrie envers un père exigeant. Une tragédie familiale qui glace d'effroi, un crime dont l'atrocité suscite une haine unanime.
C’est pourtant dans cette arène d’hostilité que Florence Vincent a choisi de plaider. "J’avais l’impression d’être vraiment seule contre tout le monde," confie-t-elle. Pénaliste depuis plus de 30 ans, maître Vincent n’est pas du genre à fuir le combat.
Mais là, aucun soutien. "Ce que j’avais trouvé intéressant, c’est que, généralement, on a un contact avec des proches de l’accusé. Là, il n’avait personne. J’étais la seule interface entre lui et les autres." Une solitude qui aiguise sa détermination : "On se sent encore plus utile avec une personne seule."
L’enjeu ? Humaniser l’inhumain. "Moi, ce que j’aime dans mon métier, c’est d’essayer d’humaniser au maximum les personnes que je défends, surtout dans un crime comme celui-là, où tout le monde disait : 'c’est un monstre'." Face à un jury déjà convaincu de la monstruosité de son client, elle s’attache à décrypter l’invisible : "J’ai senti un moment de bascule aux assises, quand certains témoins ont rapporté que le père ne lui parlait pas toujours bien, qu’il était un peu humilié en public. Je me disais : voilà, ils le regardent un peu moins durement."
Une condamnation inéluctable
Maître Vincent voit la cour d’assises comme le théâtre du respect des principes. "On est là pour défendre, pas pour juger. On fait notre boulot pour que ce qui soit respecté au-dessus de tout, soit la loi."
La pénaliste rappelle que : "Chacun a droit à une défense et il faut évidemment défendre inlassablement tous les êtres humains." Ce dossier, loin d’être une simple affaire judiciaire, a été un véritable affrontement. "Tout le monde me disait : 'c’est un combat perdu d’avance, pourquoi t'embêter ?' Mais je n’avais pas peur. Je m’étais dit : là, tu auras un vrai rôle."
Un rôle crucial, même si la condamnation était inéluctable. Le parquet réclamait 30 ans de réclusion criminelle, dont 20 de sureté. Florence Vincent obtient 20 ans, dont 13 de sureté.
Dans ce genre de dossier, ce n’est pas uniquement la victoire judiciaire qui motive Florence Vincent, mais le combat pour l’humanité. "Je préfère être au pied du mur et essayer d’extraire d’un comportement monstrueux des éléments de fragilité, pour dire : attention, vous n’êtes pas en train de juger un monstre. C’est quelqu’un comme vous et moi au départ."
Son approche est claire : "On n'est pas là pour juger la morale, mais pour décortiquer les éléments qui ont conduit à l’irréparable". Une conviction ancrée dans des affaires où l’humain flirte avec le monstrueux.
Humaniser l’inhumain, tiens un sujet sur lequel science po et la NUPES pourrait dérouler tout un tas d’arguments.
Signaler Répondrevous défendez votre client comme vous dites ; mais si dans 10 ou 15 ans il tue a nouveau ; vous sentirez vous concerné par le fait que vous lui avez fait échapper a perpette ?
Signaler Répondrepour 3 morts et une tentative de meurtre 13 ans de sûreté il sortira dans pas longtemps
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