Le panneau indiquant le permis de démolir ne figure plus sur la devanture de La Friche, côté avenue Lacassagne. « On nous l’a posé là un matin, sans préavis. On a été très surpris. Rien sur ce panneau n’indiquait la surface qui allait être détruit. Pire encore, les autorités locales ne nous ont rien communiqué au préalable » explique Omar, l’un des porte-parole des artistes. Il s’agit d’un cas parmi tant d’autres, certes, mais il illustre de façon éloquente les manières du zélé sénateur-maire de Lyon : décider en fonction de la volonté des riverains et des promoteurs immobiliers. Quant aux autres, en l’occurrence les artistes de La Friche, ils n’ont qu’à assister passivement à leur mort programmée.
Un pan entier du patrimoine industriel, artistique et culturel menacé
Logé dans l’ancienne usine Renault véhicules industriels (RVI), cet établissement autogéré abrite 5 collectifs, tels que Karybd, Nomad, Reservoir, Réso, Vaca Loca, et accueille chaque jour près de 500 artistes évoluant dans divers domaines (théâtre, danse, peinture, graff, arts plastiques couture, sculpture, etc.). Une boîte noire du patrimoine industriel, historique et culturel de l’agglomération. Pour les artistes qui n’ont pas les moyens de se payer un local, c’est un véritable coin de paradis qu’ils entretiennent au quotidien. Les déloger reviendrait, pour la majorité d’entre eux, à mettre fin à leur activité. Installés en 2002 sans l’emprise des collectivités, des artistes ont créé l’association Collectif Friche autogérée RVI. La même année, le Grand Lyon rachète le site. En 2004, la Ville de Lyon reconnaît la présence des artistes et signe avec le collectif une convention de dix ans dite « précaire » puisqu’elle est renouvelable tous les ans de manière tacite.
Lors des débats des élus, Patrick Huguet, à l’époque maire UMP du 3ème arrondissement, déclarait : « je crois qu’au-delà de la nécessité de régulariser cette occupation, c’est surtout, mais vous le savez, monsieur le Maire, l’attente très forte des habitants sur le devenir de cette friche à laquelle il nous faut répondre. Nombreuses sont les demandes, que ce soit en matière d’équipements sportifs, d’espaces verts, faites par les habitants. Nous espérons, bien sûr, que nous n’irons pas au delà du délai de dix ans de reconduction de la convention, mais que nous pourrons bien avant récupérer ce site et en faire bénéficier les habitants de ce quartier. Réponse de Gérard Collomb : « Je le pense ! »
Une arme imparable : la modification du PLU
Depuis, l’idée a germé dans l’esprit du sénateur-maire qui a endossé son habit de président du Grand Lyon pour agir. Pour plaire aux riverains, alors qu’aucune concertation n’a été engagée en conseil de quartier, et aux promoteurs, Gérard Collomb a usé d’une arme imparable : la modification du Plan local d’urbanisme (PLU). Parmi les projets en cours : développer l'extension du centre de formation de la Société d'Enseignement Professionnel du Rhône (SEPR) et celui de la Fédération compagnonnique du bâtiment, de même que programmes de logements, une résidence étudiante et une bibliothèque et un jardin public.
Selon le Grand Lyon, « les artistes sont bien informés de cela et ont été prévenus », ce que ces derniers réfutent formellement. Ils n’auraient reçu, courant janvier, qu’un simple e-mail d’un chargé de mission de la Ville de Lyon rattaché à la coopération culturelle stipulant que la convention prendra fin en juin 2010. Le maire impose, les artistes doivent disposer.
« On ne nous a pas demandé notre avis. Nous ne sommes pas dans la contestation bête et méchante. Nous souhaitons que les autorités locales abordent différemment cette problématique à commencer par une phase de dialogue entre les différentes parties. On ne peut pas virer des centaines d’artistes du jour au lendemain sans tenir compte de leur avis ! » tempête Omar, qui découvre les affres de la liberté d’expression à la lyonnaise.
Le Collectif Friche RVI a adressé à Gérard Collomb une demande de recours gracieux. A ce jour, aucun retour du premier magistrat de la ville et président d’agglomération. Le Collectif réfléchit à saisir un avocat. Affaire à suivre.
Abdelwahid Djaballah
Je suis musicien et répète régulièrement à la Friche depuis un an et demi. Contrairement aux locaux de répétitions que j'ai fréquenté précédemment, j'ai constaté que la Friche est un lieux de travail mais aussi un lieu de rencontres artistiques, deux données nécessaires et indispensable à la création. Il est navrant de constater que, dans une simple logique électoraliste, la municipalité vive (une fois de plus !) la présence d'artistes travaillant hors des réseaux institutionnalisés comme un véritable agression !! Si Lyon veut obtenir le titre de capitale européenne (et donc forcément culturelle) , il est grand temps que les instances dirigeantes réalisent que la scène artistique alternative (toutes disciplines confondues) en est un élément centrale. Et pour cela il suffit de regarder chez nos proches voisins : on trouve dans toutes les villes allemandes de taille moyenne (et Suisse?) des lieux comme la Friche qui fonctionnent en autogestion, qui sont bien plus actifs et qui permettent aux artistes locaux de développer leurs activités et leurs réseaux. Nous sommes le gouffre culturel français, étouffé entre le business de l'art et la création institutionnalisée. Détruire ce lieu sans reloger les 500 artistes concernés, c'est aussi tuer dans l'?uf un grande partie de la création locale?
Signaler RépondreJe suis musicien et répète régulièrement à la Friche depuis un an et demi. Contrairement aux locaux de répétitions que j'ai fréquenté précédemment, j'ai constaté que la Friche est un lieux de travail mais aussi un lieu de rencontres artistiques, deux données nécessaires et indispensable à la création. Il est navrant de constater que, dans une simple logique électoraliste, la municipalité vive (une fois de plus !) la présence d'artistes travaillant hors des réseaux institutionnalisés comme un véritable agression !! Si Lyon veut obtenir le titre de capitale européenne (et donc forcément culturelle) , il est grand temps que les instances dirigeantes réalisent que la scène artistique alternative (toutes disciplines confondues) en est un élément centrale. Et pour cela il suffit de regarder chez nos proches voisins : on trouve dans toutes les villes allemandes de taille moyenne (et Suisse?) des lieux comme la Friche qui fonctionnent en autogestion, qui sont bien plus actifs et qui permettent aux artistes locaux de développer leurs activités et leurs réseaux. Nous sommes le gouffre culturel français, étouffé entre le business de l'art et la création institutionnalisée. Détruire ce lieu sans reloger les 500 artistes concernés, c'est aussi tuer dans l'?uf un grande partie de la création locale?
Signaler Répondreles institutionels ne sont venu que ,3h au total ,depuis ces 7 dernieres annees pour visiter ,comprendre ,et ainsi essayer de voir ce qu'il dans ce lieux .. merci a eux ..
Signaler Répondreils ce moquent de nous ,mais aussi de vous aux Armes...
Signaler RépondreLyon est la ville de la culture...officielle. Pas de place pour les jeunes pousses et les alternatifs non inscrits dans les institutions dument estampillées. Lyon n'est pas Marseille, pas Berlin, pas Londres pas Madrid. A force d'écouter les bonnes gens, Lyon perd doucement sa lumière. Même le foot s'y met. Une équipe jadis exceptionnelle devient une piètre actrice de second rôle. Du Grand Lyon quoi.
Signaler RépondreDiffusez largement cet article, rien qu'en ne se taisant pas, on peut, faute de faire avancer les choses, éviter qu'elle ne reculent... Certains s'activent concrètement pour ne pas laisser les choses s'enliser et venir gâcher une dynamique peu commune, porter leur voix, c'est les aider. Mais comme parler ne suffit que rarement, les bonnes énergies ne sont jamais de trop, il y a toujours besoin de monde dans l'action!
Signaler RépondreCest honteux de vouloir razer un lieu comme celui ci !!
Signaler Répondrec'est vrai ça, où iront les 500 artistes qui se sont appropriés les lieux ? En visitant la friche, j'ai été très impressionné par les capacités d'autogestion, d'auto-construction dont ont fait preuve les artistes, leur véritable investissement, humain et financier. Pourquoi ne pas envisager qu'il se passe quelque chose de réellement positif dans ces locaux ? pourquoi la mairie ne souhaite pas aider et bénéficier ainsi d'une richesse artistiques et culturelles incroyable ? Pourquoi ne pas inventer une mixité entre habitants, espaces verts, locaux d'éducation, et lieux de création artistique non-institutionnalisé, comme il y en a en Allemagne et ailleurs ? Tout cela me fait réagir quand on sait que Lyon a postulé comme capitale européenne de la culture.
Signaler RépondreJ'ai découvert il y a peu cet endroit incroyable, melting pot créatif, terreau organique fécond mais quasi inconnu car fermé au public (officiellement, bien sûr, mais il suffit d'insister un peu). Vraiment dommage que cette forme de culture spontanée n'aie pas réellement droit de cité dans cette ville frileuse où la culture se décrète ou n'existe pas. Dommage, vraiment dommage.
Signaler RépondreJe travail au sein d'une association logée à la Friche. En effet cet endroit a un réel potentiel. Tous les jours j'y découvre de nouveaux artistes, de nouvelles personnes. Mais l'inquiétude règne et pèse sur la friche. Ou allons nous attérir? Ou se reloger? Ou travailler? Combien de temps seront nous "a la rue"?
Signaler RépondreJe ne suis pas en marge du système institutionel. Je suis musicien intervenant diplômé du C.F.M.I de lyon et étudiant à l'ENM de Villeurbanne. Pourtant mes efforts pour obtenir une salle de travail auprès des institutions ont toujours été un echec. La friche m'a ouvert ses portes il y a plus de 2 ans. J'ai trouvé un lieu pour travailler mais surtout une multitudes d'artistes talentueux et d'univers très variés. Je pense que c'est ce que cherchent à obtenir les institutions culturelles en s'estampillant de noms pompeux comme "pole", "pluridisciplinaire", "d'experimentation", "novatrice",etc...sans y parvenir. Depuis un an, je travaille l'improvisation dirigée avec 15 artistes issus de tout bords. "SPANG!" est aujourd-hui une compagnie en devenir qui est née de cet espace. Les tentatives de spectacles et de concerts ouverts au public sont innombrables. En refusant d'effectuer les travaux de mise aux normes, la ville de lyon a condamné la vocation publique de la friche, alors qu'elle représente une dynamique unique sur l'agglomération. Ils ont tué dans l'?uf ce qui aurait pu devenir un modèle de dynamisme culturel urbain et citoyen. Certains ont fait autrement ( C.F. la belle de Mai a Marseille http://www.lafriche.org ou Metalkova à ljubjiana http://www.artfactories.net/Metelkova-Ljubljana.html )
Signaler RépondreJe travaille à la friche depuis deux ans, et j' y ai fait beaucoup de rencontres très enrichissantes. J' ai bien conscience que c' est un privilège d' avoir cet espace à disposition, et j' en suis reconnaissante, mais la situation actuelle est très inconfortable, car très flou ! On nous dit qu' on devra partir en Décembre, puis en Mars, puis en Juin,..; on nous dit qu' on va nous reloger, mais on ne sais toujours pas où ni comment, ni quand, tout ça n' est pas très clair ! Ce que j' aimerais c' est qu' il y est un peu plus de dialogue et de ce fait de respect des gens qui travaille là et qui doivent organiser leur temps entre "production", communication, vente ou représentations,... tout ce qu' il n'est pas facile à mettre en place quand on ne sais pas où on sera dans quelques mois ! Si c' est la fin, que ce soit la fin, mais que ce soit clair ! Merci !!
Signaler Répondre84, avenue lacassagne ; 69003 Lyon site web : friche-rvi.org e-mail : cfa.rvi@free.fr Tel : 09 50 68 12 39
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