Lyon Mag : Pouvez-vous me dire ce qui est fait à Lyon Corbas pour lutter contre les comportements suicidaires ?
Emmauel Chambaud : Nous avons mis en place un quartier «arrivants». C’est une structure spécifique, ou tous les détenus qui sont nouvellement intégrés à l’établissement passent un certain temps. En fonction de leur profil, ils sont pris en charge et rencontrent les différents intervenants du monde carcéral.
Qui sont ces différents intervenants ?
Ils rencontrent les personnels et responsables gradés de l’entité, qui les prennent en entretien individuel. Ils rencontrent également les différents intervenants de la prison, des personnels infirmiers jusqu’aux personnels psychiatriques.
Ceux chez qui on décèle des tendances suicidaires ont-ils un traitement particulier ?
Non. Il y a un signalement qui est fait sur ces personnes qui sont des fragilisés de circonstance ou des pathologiques. Par rapport à leur fragilité, ils sont inscrits sur des listes spéciales. Les surveillants peuvent ainsi faire des rondes plus rapprochées pour une vigilance améliorée.
La ministre de la justice veux mettre en place des kits pour prévenir le suicide, avec entre autre des vêtements indéchirables. Qu’en est-il à a prison de Corbas ?
Les kits ont été annoncés officiellement en 2009 suite au grand nombre de suicides recensés dans les prisons. Ces seuls kits ne suffiront pas malheureusement à éviter les suicides. Une personne qui est décidée à mettre fin à ses jours nous laisse impuissants. Nous avons les moyens de minimiser cela, mais ce sont avant tout des moyens humains, que l’on a pas forcément sur Corbas. Le contact nous permet de déceler des comportements changeants sur des personnes incarcérées.
Qu’entendez-vous exactement pas «contact» ?
Un surveillant d’étage va, au quotidien, gérer une population carcérale. Cette population, il la voit régulièrement, il la connait. Il y a un contact quotidien avec les personnes incarcérées. Quand vous discutez avec les détenus, vous nouez des liens, et vous pouvez vous apercevoir si les gens changent dans leur comportement au quotidien. Quelqu’un d’humeur joyeuse pendant quinze jours et qui du jour au lendemain change totalement d’attitude, cela va interpeller le personnel. Il y aura des signalements qui seront faits à ce moment là.
Pourtant, la vidéosurveillance mise en place à Corbas devait être efficace...
Le problème vient de la déshumanisation de la détention. C’est à dire que la caméra ne remplacera jamais l’être humain. On fait des économies de fonctionnaires en mettant des caméras à la place. Sauf que le contact humain, particulièrement dans ce type de comportements suicidaires, est primordial. Il n’est pas anodin d’arriver à cette situation d’échec.
Suicide en prison : "Le problème vient de la déshumanisation et de la détention"
La prison de Corbas, pourtant à l'avant-garde de la technologie, a déploré son troisième suicide depuis son ouverture. Cette recurrence funeste pose la question du lien social dans les prisons. Une nécessité dont la technologie, via la vidéosurveillance, et les initiatives du ministre de la justice, à travers la mise en place de "kits anti-suicides", ne sont que d'inefficaces pis-aller. Le principe de claustration, châtiment du prisonnier, se double dorénavant d'une déshumanisation tout aussi cruelle et dangereuse. Pour Emmanuel Chambaud, délégué UNSA de la prison de Corbas, il manque essentiellement des personnels, seuls à même de tisser des liens avec le prisonnier, de favoriser sa confession. Car prévenir un suicide, c'est avant tout déceler les signes de faiblesse psychologique. Interview.
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Il parait qu'ils utilisent des boitiers pour brouiller les portables qui ont des effets "secondaires"...
Signaler RépondreLes pauvres petits délinquants... Les pauvres voyous... Et si on parlait des victimes ?
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